Ce jeudi 16 mai 2019, l'ultime épisode de la série The Big Bang Theory a été diffusé. Cet événement est presque passé inaperçu (sauf pour les fans, évidemment) tant le monde est rivé sur Game of Thrones dont la dernière saison fait couler beaucoup de pétitions... euh, d'encre, pardon. Pourtant, The Big Bang Theory, c'est tout de même 12 ans de succès ininterrompu. Depuis son arrivée sur la chaîne CBS en septembre 2007, la série de Chuck Lorre et Bill Prady est restée au top des audiences. Avec une moyenne proche des 16 millions de téléspectateurs américains sur l'ensemble de ses 12 saisons, cette série a imposé sa dominance à la fois face aux autres chaînes et programmes concurrents, mais aussi dans le monde des sitcoms, écrasant par exemple les scores qu'avait pu atteindre How I Met Your Mother, une autre série à succès du même genre qui doit se contenter d'une moyenne de "seulement" 9 millions de téléspectateurs sur ses 9 saisons.
De base, la formule de The Big Bang Theory est très simple et même presque clichée tant elle est commune dans le monde des sitcoms. On suit un groupe d'amis qui traînent ensemble presque tous les jours, dans des lieux récurrents au fil des saisons. Avec le temps, ce groupe d'amis s’agrandira un peu mais après la saison 4, le groupe restera le même jusqu'à la fin. La petite particularité de cette bande d'amis contrairement aux autres sitcoms, c'est qu'elle est composée principalement de "geeks" ou "nerds". Lorsque la série a été créée, ces mots étaient encore peu usagés mais depuis ils sont entrés dans le langage courant et ont un peu perdu de leur sens. Ironiquement, c'est justement grâce à des œuvres comme cette série que ces termes et ces "styles" de personnes se sont popularisés. En gros, ce sont des fans de sciences (surtout physiques) et de tout ce qui attrait à la fantaisie et la science-fiction au cinéma et dans les comics. C'est une définition un peu légère mais c'est là-dessus que sera basé la grande majorité de l'humour de cette série.
Globalement, The Big Bang Theory a su se montrer drôle du début à la fin. Elle a su jouer avec les clichés sur les geeks ou nerds justement pour se créer un style unique. La majorité des blagues fonctionne et les 20 minutes de chaque épisode sont assez plaisantes à suivre pour un petit moment détente. Cependant, cette série a aussi eu beaucoup de mal à se renouveler. Car même si le show aura réussi à faire rire pendant 12 ans, on ne peut nier que ces blagues se sont également trop souvent répétées. Avec le temps, une forme de lassitude est née à force de toujours chercher à faire rire sur les mêmes gags (ignorance de Penny, romantisme et richesse de Rajesh, personnalité de Sheldon, maladie de Stuart, petite taille et petite voix de Bernadette, insécurité et peurs de Leonard, niveau d'étude de Howard, etc.). La liste est longue mais ce que l'on constate, c'est qu'au lieu de chercher de nouvelles situations ou de nouveaux sujets de conversations, les scénaristes se sont reposés sur les rires faciles et des blagues récurrentes. Pendant 12 ans, des blagues similaires se sont répétées avec quelques légers niveau de variation.
Et cette critique ne s'applique pas uniquement à l'humour mais également à l'histoire développée au cours des saisons. Là aussi on constate comme une forme de stagnation sur ce qui fonctionne pour ne surtout pas en bougé. Par conséquent, au bout d'un moment, la série aura quasiment arrêté d'évoluer. Une fois les couples formés, ils ne bougeront plus et les personnages en eux-même ainsi que leur situation ne changeront pas non plus. Rares seront les scènes, pas forcément réussies d'ailleurs, où la série essaiera de créer des moments d'émotion ou de tension au lieu de faire rire Les épisodes se suivront alors et se ressembleront. C'est un défaut, évidemment, et pourtant cela a également renforcé la bulle de confort et de rire qu'est cette série.
En effet, The Big Bang Theory, malgré son côté scientifique avec ses personnages qui font joujou dans des laboratoires, n'est en réalité pas une série particulièrement intelligente. Comme une grande partie des sitcoms, elle se regarde donc surtout quand on a un peu de temps libre et qu'on veut regarder quelque chose de sympa, court et pas trop exigeant sur les neurones. Donc finalement, le côté répétitif des blagues et des situations, avec les personnages qui ne semblent pas évoluer et l'impression que rien n'est véritablement développé, devient presque la force de la série. Quand on commence un épisode, on sait pertinemment ce qu'on va y trouver et on sait que l'humour sera facile, mais on se lance précisément pour ça. Pour ces 20 petites minutes insouciantes, ou le monde est drôle et gentil, où on ne sera jamais surpris. Bref, The Big Bang Theory devient une zone de confort où on y retrouve des personnages qu'on connait, avec leur humour qui se répète, et qu'on en vient presque à considérer comme des amis avec qui on passe un petit moment tranquille.
Au final, l'immense succès aura été dommageable pour cette série qui se sera beaucoup trop reposée sur ses acquis. On retiendra tout de même de nombreux caméos franchement amusants, le plus souvent par des personnalité ou acteurs interprétant leur propre rôle à l'écran, parfois avec une bonne dose d'auto-dérision.