Marvel et DC en version honnête

C'est un oiseau ? C'est un avion ? C'est Superman ?... Non, c'est Le Protecteur... Fuyez. Ou comment passer du rêve de gosse au cauchemar réaliste pour adultes. Car le postulat de The Boys est que, dans notre société régie par l'appât du gain et les apparences, il n'y a (presque) aucune chance que les super-héros ne soient pas de (super) pourritures : vicieux pervers (qui reluquent les filles dans les toilettes), assassins (Le Protecteur qui élimine ceux qui s'interposent à son succès public), drogués timbrés (A-Train dont l'ego surpasse la vitesse) et même zoophiles (Deep qui a des relations avec tout ce qui nage). Clairement, on s'éclate à voir ce Club de Vilains adulés, les giclées de sang et les parties de jambes en l'air débridées... Marvel et DC Comics n'ont qu'à bien se tenir, la critique est sévère. De même que la société actuelle avec les faux-semblants des médias et réseaux sociaux, les adulations irraisonnées des stars, le business poussé à l'extrême (tout est très lucide). Parfois la série sombre dans la parodie assumée, avec la surdose de sang (assez mal fait) qui tâche tous les murs, le voyeurisme dans les relations sexuelles (la tête "explosée", les "autosatisfactions avec la main"...), mais en contrepartie on trouve des scènes brillantes comme la chute de l'avion (on en garde encore des envies de meurtre), l'idylle entre Hughie et Starlight (la seule personne morale perdue dans ce gang) ou encore les musiques rock très fun. On s'offre aussi des caméos de choix : Simon Pegg est impeccable en papa inquiet, Seth Rogen (producteur de la série) en réalisateur, Haley Joel Osment en enfant-star à la jeunesse volée (un écho à sa propre jeunesse passée sur les plateaux de cinéma...), l'autodérision est agréable. On regrette seulement le manque d'un générique (qui aurait pu encore enfoncer le clou du talent), le manque de charisme de l'acteur Karl Urban (on attend encore qu'il enlève son poker-face, toujours la même tête blasée), ou encore les séquences "faciles" : le fait de

...Ou encore

alors qu'on avait le temps de le localiser... Dommage, ces détails dans une série très intelligente sur tous les autres points. La saison 2 sera bien plus attentive à ce genre de détails scénaristiques. Mention à l'humour (très) noir, entendre Rock The Casbah lors d'une tuerie de terroristes est un pur bonheur ironique. Très lucide et intelligente, The Boys met la raclée aux super-héros gentillets.