Tout amateur du travail de David Simon et de The Wire en particulier, retrouvera vite ses marques dans The Deuce. On retrouve ici le même soucis de reconstitution au niveau des décors et ambiance de l'époque (Time Square des années 70, bien loin du centre commercial tout public géant et inoffensif qu'il est devenu), mais surtout cette envie de brosser un tableau le plus complet des différentes strates sociales, et des interactions/répercutions que peuvent avoir chacune de leurs actions. Avec un fil économiques les dirigeant toutes : le pognon.
On vit ici l'apogée de la prostitution de rues, avec ses proxénètes à l'ancienne, qui voient débarquer une nouvelle concurrence (même si elle est encore loin d'être frontale) avec les maisons closes et l'essor du film pornographique, sous l’œil bienveillant d'investisseurs bien au chaud dans le Downtown. Putes, flics, macs, mafieux, clients, hommes d'affaires, employés, vous les verrez tous prendre part à cette danse principalement nocturne.
Comme d'habitude on retrouve un casting brillant, un mélange parfait entre les anciens de The Wire, et des noms/visages plus connus. James Franco était un choix évident pour le rôle du cabotin de service, on peut saluer les efforts réalisés pour son double rôle (il joue aussi son frère jumeau), même si je ne vois pas trop ce que ça apporte, toute l'histoire aurait très bien marché aussi avec un frère non jumeau. Maggie Gyllenhaal est la vraie surprise, largement meilleure dans son rôle de prostituée indépendante et éclairée que dans son rôle de Rachel Dawes, un rôle pourtant pas évident à endosser.
Tout le reste de la distribution est au niveau, encore une fois comme dans The Wire, les personnages sont innombrables, mais on prend le temps de tous bien les connaitre, les voir évoluer, pour mieux ensuite goûter tous les destins croisés, les affrontements, les alliances, la vie de chacun.
A chaque fois qu'on a l'impression que la série avec son parti pris de réalisme à tout prix, ronronne un peu en se contentant de suivre des vies pas faciles, elle nous envoie tout en finesse des scènes jamais vues ailleurs, des dialogues et situations toujours renouvelées, qui font que chaque épisode de presque une heure, pourrait durer le triple qu'on s'en rendrait même pas compte tant on est plongé dans ce qu'il se passe à l'écran.
Je ne doute pas que comme l'a fait The Wire, la série saura se renouveler de saisons en saisons pour aborder d'autres angles, en tout cas c'est tout que je lui et nous souhaite.