The Great
7.2
The Great

Série Hulu (2020)

saison 1



  1. La jeune et belle Sophie Frédérique Augusta d’Anhalt-Zerbst, fille d’un militaire prussien haut gradé, est heureuse. Elle va épouser le roi de Russie, Pierre III. Élevée dans les grandes cours d’Allemagne et sensibilisée à la culture française et aux nouvelles idées des Lumières, elle rêve de grandeur et d’amour. Arrivée à Saint-Pétersbourg, celle qui deviendra la Grande Catherine de Russie va vite déchanter. Il s’avère que son mari et son entourage ont un mode de vie et des valeurs très éloignés de la vision qu’elle se fait de l’exercice du pouvoir et de ses mœurs.Sans échappatoires, elle va alors chercher à transformer les règles et les codes moraux de la cour de Russie, quel qu’en soit le prix.


Quand on parle de séries historiques, voilà ce qu’on s’attend à voir généralement : les hommes seront cruels et les femmes seront manipulatrices, il y aura de la violence, du sexe et des complots à foison. Pourtant, ici, dès la vision de l’affiche promotionnelle de la série, on imagine que certains de ces codes risquent d’être chamboulés : Elle Fanning (Catherine II) nous regarde avec un air grave en faisant un doigt d’honneur flouté. A qui s’adresse-t-elle ainsi ? Peut-être à la réalité historique des événements racontés, largement remaniés pour les besoins du récit. Sans doute à l’ensemble des protagonistes de cette histoire, car du statut de femme n’ayant pas le droit à la parole et faisant juste figure de potiche, elle va petit-à-petit s’imposer dans un environnement pourtant sans pitié, sortant malicieusement du rôle qui lui était dévolu. Et éventuellement au genre en lui-même et de ce qu’on est en droit d’attendre d’un tel sujet.


Car s’il y a quelque chose qui est la plupart du temps absent dans les récits historiques, c’est bien l’humour. Or là, c’est le ressort principal de la série qui peut remercier la qualité du jeu de son duo d’acteurs, Elle Fanning et surtout Nicholas Hoult. La première est excellente en jeune femme ingénue qui devra mettre de côté ses bonnes manières et son romantisme et qui s’évertuera à ne pas perdre la face devant les divers affronts qu’elle aura à supporter. Le second brille en monarque immature, humiliant, imprévisible et sans aucun code moral si ce n’est celui régi par ses propres intérêts. Persuadé d’être aimé de sa cour quand elle rit à ses blagues stupides de peur de se voir disgraciée, il accumule les scènes hilarantes comme ces incroyables parties de chasse. Les personnages secondaires sont eux aussi savoureux avec une mention spéciale pour Belinda Bromilow dans le rôle d’une tante Elizabeth délurée mais pragmatique, toujours suivie de son étonnant élevage de papillons.
Ici, pas non plus de grandes reconstitutions historiques avec batailles ou scènes de foule. L’ensemble de l’action se passe dans le palais royal, concentrée sur les manigances et les complots qui s’y déroulent. C’est bien vu car cela nous montre à quel point l’intérêt du peuple est exclu de ces jeux de pouvoir. Pierre III n’a comme ambition que d’être un grand roi comme son père quitte à massacrer par principe ses soldats dans une guerre vaine contre la Suède. Et Catherine nous apparaît(en tout cas dans la première partie) comme une femme gentiment égocentrique qui cherche à redonner de la dignité et de la noblesse à cette cour dépravée si éloignée des valeurs qu’on lui a inculquées dans sa jeunesse, sans prendre en compte les particularités de son pays hôte.


Mais il ne faut pas se méprendre : « The great » est bien plus qu’une simple comédie loufoque. Le rythme enlevé de la mise en scène dépeint superbement l’ambiance bouillonnante et chaotique du palais qui contraste avec le caractère poli et sucré de sa nouvelle reine. De plus, le destin tragique de certains personnages nous rappelle que les enjeux de cette histoire sont avant tout dramatiques, que l’on n’est pas seulement dans une farce et que la cruauté est bien réelle. Cette faculté à associer la violence et la drôlerie, le kitch et la débauche, la réalité historique et le fictif fait de « The great » une série vivifiante et pleine de souffle, portée par deux comédiens formidables.


Reste maintenant à savoir quelle sera la direction prise par les auteurs d’un point de vue narratif (la fin de la saison 1 se termine de manière très bizarre, comme s’il manquait un épisode) mais aussi du ton qui sera adopté lors d’une saison 2 prometteuse. Mais en attendant, bonnes fêtes et « huzzah ! » .


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saison 2 :


On avait laissé Catherine la Grande en plein coup d’état contre son cher mari et empereur de Russie, Pierre III. En effet, devant la cruauté et l’égocentrisme de ce dernier, la jeune femme s’était petit-à-petit persuadée qu’elle n’avait d’autres choix que de le destituer par la force, quitte à sacrifier son amour. La rivalité au sein d’un couple royal drôle et magnifiquement campé par deux acteurs épatants, était une des grandes forces de cette première saison. Catherine, tout juste débarquée d’Allemagne et biberonnée aux idées des Lumières, avait tout d’abord été heurtée par le vice et la violence de la Cour de Russie. Et si les exactions de son mari envers son peuple semblaient réellement la révolter, on se demandait si la volonté de s’emparer du pouvoir ne relevait pas non plus d’un caprice de petite fille gâtée. Se découvrant tout-à-coup une passion pour un pays hôte dont elle ignorait tout, elle semblait, derrière un humanisme non-feint, vouloir imposer à une nation sa vision du monde sans prendre en compte les spécificités d’un pays aux mœurs très éloignés des siens. Quant à Pierre, confronté au travers de son épouse à des valeurs qui lui étaient étrangères, il se trouvait vite désemparé devant l’attitude incompréhensible de cette drôle de femme. Bien qu’il ait du mal à le formuler, son affection pour elle prenait sa source dans l’intelligence qu’il percevait chez elle et la singularité de ses positions. Mais si affection il y avait, elle se manifestait souvent avec la candeur bestiale et cruelle qui le caractérisait naturellement. Par ailleurs, outre ces deux personnages croustillants, l’univers clos du palais où se déroulait l’action, son humour grivois, ses dialogues anachroniques et son désir de fuir une réalité historique faisaient de « The Great » une œuvre tout à fait rafraîchissante et unique. On se demandait alors quelle direction allaient prendre les auteurs : rester sur une ligne directrice rassurante ou ouvrir son récit à de nouvelles composantes quitte à dénaturer l’esprit originel de cette histoire ?


Le premier épisode se contente de clore l’arc narratif laissé en plan à la fin de la saison 1, sans doute pour ménager le suspense. A défaut d’être brillant, l’élément scénaristique qui le conclut est assez cocasse et on attend donc la suite avec impatience. Et lors de l’épisode 2, les complots et tractations politiques vont bon train, confrontant Catherine à la difficulté de la tâche qui l’attend à réformer un pays très conservateur. Le comique de situation est mis en valeur par des dialogues percutants et soignés portés par des acteurs toujours aussi excellents. Et la violence ne semble jamais très loin. On reste dans la lignée de ce que l’on connaissait et cela nous va très bien.


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vosarno
6
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le 27 déc. 2020

Critique lue 1.1K fois

vosarno

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