J'ai beaucoup de mal à faire une critique négative sur cette série, et c'est pourtant une mauvaise impression qu'elle m'a laissé. En effet, le propos qu'elle soutient est selon moi intéressant et important. C'est une dystopie très réaliste qui nous aide à imaginer les dérives de notre système, montrant à quel point préserver ses droits est primordial. Cependant, ce propos est celui d'un roman et il a fallu l'adapter. C'est à ce moment que les choses se sont corsées.


La première chose que j'ai à reprocher à cette série est son choix de réalisation, à la fois dans le montage et dans l'écriture du scénario.
Concernant le montage, j'ai parfois trouvé qu'on était dans l'esthétisme à outrance. Les flous, les ralentis, les gros plans et vues aériennes, sont trop nombreux et se succèdent trop rapidement. Ajoutons à cela une certaine tendance à la symétrie et figures géométriques, ainsi qu'un environnement aux couleurs minutieusement étudiées (seul point réussi dans ces choix visuels), cela donne l'impression de voir perpétuellement un clip. Or, une série n'est pas un clip. On ne doit pas avoir besoin de faire dire au spectateur "Oh c'est beau" toutes les deux minutes alors que le propos est sombre, voire gore.
J'en viens donc à l'écriture. Ici, nous avons deux problèmes. Le premier est celui de la voix off de June qui nous raconte tout ce qu'elle vit et pense. C'est lourd, le spectateur n'est pas stupide, il voit ce qu'elle dit, il comprend que sa situation est difficile, il n'a pas besoin de cette injonction empathique. En effet, si certaines de ses précisions sont utiles, d'autres sont justes là pour attiser le côté dramatique. Le second point est celui des flashbacks. Quand une série suit une intrigue principale, les flashbacks ne doivent pas l'empiéter, ils doivent la compléter avec parcimonie. Ici, ils prennent environ un tiers de la première saison. C'est beaucoup trop, il n'est pas utile de s'attarder aussi longuement sur le passé de chaque personnage! Le spectateur attend de voir l'intrigue principale avancer, lui infliger un épisode entier de flashback c'est risquer de perdre son attention.


Ensuite, j'en viens aux personnages et acteurs. Je suis partagée sur ce point car il y a du bon et du très mauvais.
Commençons par le personnage principal, June. Elle a beau nous parler tout le temps avec sa voix off, elle n'a aucune profondeur. La première fois où j'ai entrevu une véritable émotion de sa part, c'était dans le dernier épisode, autant dire qu'il était temps. Je ne sais pas si c'est Elizabeth Moss qui manque de charisme ou d'expressions, ou si c'est qu'elle n'a pas su comment approfondir le personnage. En effet, June est censée être dévastée, elle vit dans un univers absolument horrible, se fait violer au quotidien et vit dans la crainte du châtiment. Mais elle ne semble guère effrayée, elle vit plus ou moins comme si de rien n'était la plupart du temps. Enfin, le dernier épisode redore un peu son blason, elle n'est pas détestable.
Ensuite, viennent des personnages secondaires totalement insipides. Je pense au mari de June, qu'on tente vainement de nous rendre sympathique avec ses flashbacks. Ou Nick, qui finalement est un love interest tristement utilisé. Mais celui qui remporte la palme est le Commander, jamais une expression, personnage imbuvable et creux qui aurait dû avoir un minimum de charisme pour remplir son rôle.
Heureusement, deux personnages remontent le niveau! Serena, bien que détestable sur le fond, m'a touchée. Yvonne Strahovski campe une femme que l'on a détruite elle aussi, mais d'une manière différente des Handmaids, j'ai trouvé très intéressant de pouvoir avoir son point de vue de temps à autre! L'autre personnage auquel je me suis attachée était Ofglen, celui d'Alexis Bledel. Très touchante, bien jouée, avec une véritable évolution! J'ai été très déçue qu'on ne la revoit plus à partir du cinquième épisode.


Je fais un rapide point sur le reste et je m'arrêterai là parce que ma critique est déjà très longue! La musique est plutôt efficace, bien que les reprises de chansons à succès ne soient pas vraiment un choix judicieux. L'histoire en elle-même est très lente, il ne faut pas regarder cette série en s'attendant à des rebondissements, il n'y en a pratiquement jamais. Après, ce n'est pas forcément un problème, une série lente peut être une série réussie, mais les éléments ci-dessus noircissent le tableau et je me suis parfois ennuyée. Ensuite, avis aux âmes sensibles, certaines scènes de violence sont très explicites et visuelles, cela peut devenir difficilement soutenable!


Finalement, malgré son propos fort, je suis plutôt déçue de cette série que j'avais attendue avec impatience, j'y réfléchirai à deux fois avant de regarder la suite.

Blue-Lilies
4
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le 2 juil. 2017

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Blue-Lilies

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