D'abord il faut se rappeler que The Honourable Woman est intégralement écrite et réalisée par Hugo Blick qui avait précédemment créé The Shadow Line, tortueux labyrinthe où un meurtre se transformait en allégorie du crime et de la violence humaine.

Quel meilleur environnement réel que le conflit israélo-palestinien pour donner vie à cette tragédie où Hugo Blick reprend son travail sur The Shadow Line (créé la suspension par l'ellipse) pour lui faire atteindre un sommet virtuose. Je ne parlerai pas ici de la narration de la série qui mérite d'être tue jusqu'à être vue. En revanche, il faut absolument parler des interprétations magistrales de Maggie Gyllenhaal et de Lubna Azabal (sans compter Stephen Rea qui avait déjà un rôle cousu main dans The Shadow Line). Non seulement leurs rôles leur collent à la peau mais l'alchimie vénéneuse et terriblement humaine entre elles est parfois à la limite de la grâce.

Cette série n'est pas tant une série de suspense qu'une série d'affects et d'émotions. Sous des oripeaux savants et terriblement maîtrisés (la mise en scène et l'écriture sont d'une maestria rare) ce sont les acteurs qui donnent vie et bouleverse dans un monde qui est à la fois une fenêtre sur le réel mais aussi une cage étouffante pour le spectateur. C'est une série où les sentis mentent car à chaque action, souvent extrêmement violente, c'est une pièce de l'échiquier humain qui se dévoile. En évitant habilement tout jugement ou même prise de position, The Honourable Woman crée un personnage exemplaire, Nessa Stein (Maggie Gyllenhaal) qu'on pourrait même appeler au-dessus de tout soupçon. Par ce fait c'est dans les ombres que se meuvent la grande majorité des autres personnages et c'est dans ses ombres que réside l'immense intérêt de la série.

En décrivant un monde-échiquier, Hugo Blick produit de l'émotion à foison car il s'attache toujours à respecter ses personnages, aussi indéfendables soient-ils. C'est d'ailleurs là que réside la perle de la série : dans les moments de révélation, où les ombres se retrouvent soudainement exposées au soleil du Proche Orient. Plus de double alors, seulement des combats férocement humains pour des êtres ou des causes.
Meo
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le 26 sept. 2014

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