The IT Crowd
7.6
The IT Crowd

Série Channel 4 (2006)

Ci-gît au sous-sol de Reynholm Industries un monde étrange et sombre : le service informatique. Ils sont quatre à vivoter là dedans et deux ne savent pas pourquoi ils sont là. Tant mieux pour Roy (Chris O’Dowd) et Moss (Richard Ayoade), originaux, fiers de leur excentricité et passionnés par l’informatique, les jeux vidéos ou les jeux de rôles. Appelé à réparer les ordinateurs de l’immeuble, Roy se résout à bouger si une jolie fille en fait la demande. Quand à Moss lorsqu’il n’embrouille pas les clients incultes invente des objets inutiles. Malgré un savoir-faire certain, sa compréhension des problèmes courants est relative. Point de liaison avec l’extérieur et le monde dit « normal », Jen Barber (Katherine Parkinson) passe le plus clair de son temps dans le bureau du boss ou prendre rdv avec un charmant collègue. Richmond (Noel Fielding) mystérieux employé, gothique ignoré de tous et ignorant ses fonctions passe sa journée dans la pièce d’à côté, sans fenêtre et sans visite. A la tête de la compagnie Denholm Reynholm (Christopher Morris) énergique et autoritaire patron. On ne sait pas grand chose de ses qualités mais il a l’air doué. Jusqu’au jour où une sombre affaire de caisse de retraite le contraint au suicide. Son fils Douglas (Matt Berry), obsédé, abruti et incompétent prend les rênes.


Bienvenue dans le monde merveilleux de la sitcom réussie. S’il fallait encore une preuve que l’humour est exigeant et qu’une série à prétention humoristique ne peut fonctionner sans personnages solides, The IT crowd est là pour ça. Loin d’être une mise en scène de deux geek ridicules, c’est le monde « normal » qui apparait comme absurde : les soirées viriles, les rdv de Jen, les amours de Douglas… Heureusement il ne s’agit pas d’une bête opposition entre sociaux et asociaux. Le sujet est plus vaste qu’il n’y parait, épousant les défauts et qualités des personnages. Moss, doué et passionné est resté un enfant. Sa relation avec le monde qui l’entoure est problématique et ses réactions quelque peu irrationnelles. La grande force de ce personnage est d’assumer clairement son mode de vie et de pensée. Il est unique, le proclame et en est fier. C’est un postulat intéressant et récurrent de la série. Elle ne veut pas uniformiser ou moquer ceux qui refuse de se plier à une quelconque mode, faisant de ce geek plus qu’un homme bizarre, un être attachant, étonnant et drôle. Son compère Roy aime aussi s’éloigner de ce que le concept de virilité a dicté comme règle de conduite à l’homme. Hyper-sensible, il s’émeut facilement et tente désespérément de trouver la femme de sa vie et voir un film sans se spoiler la fin. Jen a toutes les raisons d’être une femme équilibrée et épanouie, curieusement son entourage refuse d’y participer. Patron lourdingue, boulot de rêve façon cadeau empoisonné et mensonges rythment son quotidien. Le patron, Douglas pour les 3 dernières saisons, est la définition parfaite du macho, imbu de lui-même et irresponsable. Et ce pauvre Richmond devenu gothique grâce au groupe Cradle of filth, rangé aux oubliettes de la compagnie aime embarquer ses collègues dans des histoires aux accents mélodramatiques (pose de narrateur inspiré comprise).


The IT crowd est un concentré de moments cultes. L’épisode 1 de la saison 2 c’est 20 minutes de pur bonheur. C’est parfois une question de prononciation, de bon timming et d’absurde. Sans oublier la puissance comique de ses interprètes. Sans vulgarité et sans lourdeur les acteurs sont les parfaites incarnations de leurs personnages. J’ai un gros coup de coeur pour Matt Berry. Comédien, humoriste et créateur (Toast of London) il manie avec excellence sa voix, tour à tour tonitruante ou chevrotante, il insuffle à Douglas une dose de théâtralité à la manière de son personnage faussement tragique (je me lasserai jamais de son : « Victoriiiiiia ! But I thought you were deaaaaaaaaaad » ou l’énormissime « Goddam these electric sex pants« ). Richard Ayoade et Chris O’Dowd habitent physiquement leurs rôles, raide comme un piquet et le phrasé quasi-mécanique pour le premier et avachi avec des montées vers les aigus pour le second. Que dire de Katherine Parkinson en apparence si douce et si posée, peut se transformer en groupie ou en maître de l’enfer. L’écriture est brillante mais sans des interprètes à la hauteur The IT crowd n’aurait pas pu développer un univers si fort mais pas improbable.


L’oeuvre de Graham Linehan use des clichés avec intelligence, célébrant le geek dans toute sa splendeur et son humanité. Garantie sans baisse de rythme et avec répliques cultes à chaque épisode !


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AmMy
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le 1 mai 2016

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