The Killing (US) par Pipock
l m’est bien difficile de juger The Killing tant la série est capable du meilleur comme du pire. Avant tout, il faut savoir que je n’ai pas vu la série originale dont est tirée cette version américaine. Aussi je vais m’essayer à cette critique sans aucun élément de comparaison sur le scénario, alors que c’est ce qui plombe le plus la série.
The Killing met en scène trois enquêtes d’un duo de la police criminelle, Sarah Linden et Stephen Holder, dans un Seattle pluvieux et gris que n’aurait pas renié David Fincher période Seven. Dès la première enquête, on plonge tête la première dans ce que l’humanité a pondu de pire et ça ne va pas s’arranger par la suite.
ATTENTION, sans réellement déflorer l’intrigue, je vais révéler quelques éléments de celle-ci pour exposer les points négatifs de la série.
La première enquête, pilier de la série, se concentre sur l’affaire Rosie Larsen, une adolescente retrouvée morte dans le coffre d’une voiture. C’est le décor de la première rencontre entre les deux inspecteurs, Holder étant en quelque sorte l’élève de Linden. Et la grande force de la série, à ce stade, est de rapidement multiplier les personnages et les intrigues parallèles en se concentrant tour à tour sur la famille de la victime, son entourage scolaire et un politicien candidat à la mairie. Le tout restant bien rythmé et parfaitement compréhensible. On se rend évidemment compte que, telle une certaine Laura Palmer, Rosie Larsen n’est pas forcément l’adolescente modèle qu’on nous décrivait au début. De même le duo de flics a ses propres démons et Sarah Linden est bien placée pour recevoir le prix de la pire mère de l’histoire de la télévision.
La première saison est un modèle d’écriture. On nous balade de suspect en suspect et même si le rythme enquête/indice/suspect/cliffhanger de chaque épisode peut paraître un peu mécanique, force est de constater qu’on a du mal à lâcher, ambiance oblige. Et quelle ambiance ! Car c’est ça que je retiendrai avant tout de The Killing. La pluie, la crasse, la misère humaine, la palette de couleurs réduite... On étouffe avec les personnages et on ressent le même répit qu’eux lorsque vient percer un rayon de soleil salvateur. Certains épisodes sont visuellement magnifiques (pas de secret quand on voit les réalisateurs qui se succèdent) et la bande originale est géniale. De plus le duo Linden/Holder devient de plus en plus attachant et l’irruption de leur vie privée au cours des enquêtes ne casse jamais le rythme.
Et j’en viens donc au principal reproche qui empêche la série, à mon sens, de venir tutoyer les ténors du genre : le scénario. J’avais parlé du rythme un peu mécanique de la première saison qui se termine d’ailleurs sur un cliffhanger un peu malhonnête. Et bien sur la deuxième partie de l’enquête Larsen ça devient gênant. En effet, les ficelles commencent à devenir de plus en plus grosses, les retournements de veste finissent par devenir artificiels et on se paye même certains Deus Ex Machina embarrassants. L’histoire se perd en circonvolutions de sous-intrigues, de secrets qui ressurgissent uniquement pour pas que la musique annonçant le générique de fin ne tombe à plat. Même la résolution de l’intrigue, satisfaisante au demeurant, se voit ponctuée d’un petit cliffhanger car quand y’en a plus y’en a encore. Après, dans l’absolu, ça se tient, mais j’ai esquissé parfois quelques sourires tellement c’est trop, tout simplement.
Et c’est là où on se rend compte que tout le boulot sur l’ambiance sauve cette saison qui, sans la pluie, pourrait parfaitement être une enquête de la première série policière venue du dimanche soir sur TF1, le trash en plus. J’exagère un peu évidemment mais c’est pour souligner le décalage entre la forme et le fond ici.
Fort heureusement, la troisième saison relève largement le niveau. C’est clairement la meilleure du show et c’est un bonheur que de retrouver les enquêteurs quelques années après dans une enquête de serial killer passionnante. Le thème de l’adolescence est toujours présent (et le restera jusqu’au bout) et sert encore à amener des situations bien glauques. Ici tout fonctionne du tonnerre et la résolution ne déçoit pas. Vient donc la dernière saison. Six épisodes pour conclure une série laissée à l’abandon par AMC, faute d’audiences. Toujours aussi glauque même si on retombe un peu dans les travers de la deuxième saison. Ici c’est surtout la façon dont évolue la relation entre Linden et Holder suite au cataclysme de la fin de saison précédente qui est intéressante. On suit donc l’enquête sur le massacre de cette riche famille qui a autant à cacher que les Larsen du début de show. Pas vraiment mémorable à part les deux derniers épisodes qui viendront conclure en beauté ce The Killing.
Au final le bilan est positif, j’ai peut-être appuyé un peu fort sur les défauts d’écriture mais c’était vraiment pour souligner à quel point la forme est soignée et donc, contraste avec le fond en demi-teinte. J’ai adoré patrouiller avec Linden et Holder, fumant cigarette sur cigarette. Je pense que la série aurait énormément gagné à n’avoir que trois saisons pour notamment concentrer sa première intrigue sur treize épisodes. Ca reste évidemment à voir, le haut du panier de la série policière.