Uhtred le sous-coté

Façon moyenâgeux, je synthétise les quatre saisons pleines de la série dans un même bocal de compote. En écrasant moins de pommes, je vais éviter les grands détours. Ça tombe bien, c'est l'essentiel que je trouve réussi.

Aucune saison ne survolera les débats et pour autant aucune d'entre elle n'est moyenne. Les hostilités tiennent la route sur la durée, The Last Kingdom s'enchaîne bien à regarder. Ne vous fiez pas aux deux premiers épisodes lambda, vous connaitrez une montera en puissance qui se détachera des séries plus mitigées comme Barbares. La réalisation de Stephen Butchard arrivera à mûrir progressivement, pour trouver un point d'orgue bad boy au cœur tendre fin gourmet. C'est plus qu'une simple compote finalement ! Ruse, bourrinage, géopolitique, sentiments, forment un multi-équilibrage amusant. Les dialogues et les batailles ont du punch.

Vouuiii ! De toute évidence, The Last Kingdom souffre (ou souffle ?) de la comparaison avec Vikings. À raison et à tord. À raison, on retrouve un clivage anglais catholiques vs saxons barbares dans les deux séries... et quelques raids en bord de mer fortement similaires sous une même époque, si on reprend le IXème siècle. À tord, car elle se focalise sur l'Angleterre médiévale. Nous connaîtrons plus en profondeur les quatres royaumes et leurs influences. Notre série du jour est plus terre à terre et s'apparente comme une guerre de religion cru. Uhtred sera sans cesse tiraillé entre les deux camps. Il appartient à tout le monde et personne, sans renier ses soifs de conquête.

Ce Uhtred est un héros queutard, mais crédible. Capable de se détacher du scénario en ivrogne pour mieux retrouver le spectateur dans les moments fatidiques. Son évolution est intéressante, s'épaissit pour se rapprocher d'un paternalisme BraveHeart. En parallèle, les personnages secondaires prendront aussi de l'ampleur. Le Père Beocca est clairement l'une des grandes réussites et je n'aurais pas vu Uhtred sans lui. D'autres figures comme Aethelwold vaudront aussi leur pesant de cacahuètes. J'ai un peu moins aimé le roi Alfred, il ne vaut pas Ecbert dans Vikings. Arf, il est trop dans cette ambivalence surdosée Netflix.

Au bout du compte, il manque simplement un ou deux rois solides pour convaincre pleinement l'audimat... Ce qui ne baissera pas mon ressenti général, foncez voir The Last Kingdom qui a une âme malgré les apparences. Les yeux bleus cristallins d'Uhtred vaudront un sept tout rond.