24h frénétiques à travers Chang'an le jour de la fête des lanternes

Avant l'aube, le prisonnier enchainé est trainé dans le bâtiment du maintien de la paix: un corps a été découvert, l'enquête ne s'arrêtera que lorsque tout aura été révélé.
Commence alors une longue et mouvementée course-poursuite à travers la ville de Chang'an en plein festival des lanternes sous la dynastie Tang. Des rues colorées grouillant d'une foule en liesse, spectacles de rue, pyramides de lanternes, aux quartiers des prostituées et des voleurs où règne en maitre un ancien esclave noir(Djimon Hounsou), parmi les boutiques et les ateliers d'artisans, les temples à l'abandon jusqu'à un monastère chrétien, sur les toits des palais et dans les tunnels souterrains à patauger dans la boue, tout Chang'an est le théâtre animé, le centre et le héros de l'aventure. Plus qu'une ville, c'est un symbole à la gloire de la dynastie Tang, la puissance de son empereur et la prospérité de son peuple, mais pour d'autre elle incarne la trahison, les complots et la corruption qui étrangle le peuple.
En ce jour où débute le festival des lanternes marquant le premier jour du printemps, le roi a préparé un spectacle monumental sans précédent à son peuple et à sa propre gloire.
La reconstitution historique est somptueuse, tout a été recréé sur le modèle d'objets et de peintures d'époque avec un souci minutieux du détail, les costumes, l'architecture, les repas, les techniques d'artisanat et les spectacles jusqu'aux odeurs qui sont un élément important tout au long de la série. Mais loin d'être un décor inanimé, c'est à travers son fonctionnement complexe que nous découvrons la ville, les différents corps de garde s'opposant les uns aux autres, les nombreux ministères où chaque fonctionnaire érudit accomplit sa tâche laborieuse, le quotidien des habitants tout aussi important que les luttes de pouvoir au sein du gouvernement, l'information maintenue en permanence par les communications entre les tours de guets, les messagers emplumés courant à travers les rues et les espions furtifs implantés partout. Au-dessus de tout cela plane le pouvoir du vieux roi, invisible et cependant étouffant par son omniprésence.
24 heures(un peu plus en réalité), ce qui rappelle la série 24h chrono. La journée s'écoule en continu, pas de générique de début aux épisodes, seulement le temps qui se distend pour suivre les trajectoires simultanées de nombreux personnages et parfois s'arrête pour évoquer d'anciens souvenirs de Chang'an et de ses habitants. Le battement du tambour ça et là vient nous rappeler que les heures défilent impitoyablement et l'urgence de la situation.
Comme Jack Baueur, l'inspecteur Zhang Xiaojing est une force de la nature et increvable, mais là s'arrête la comparaison, l'intrigue est autrement complexe et implique de nombreux personnages. Il n'y a pas de bons et de méchants, il y a des choix qui diffèrent, des personnalités et des volontés qui adoptent une voie divergente. L'antagoniste est d'un charisme brillant, fascinant dans son obstination non moins acharnée que celle de Zhang.
J'ai beaucoup aimé la plupart des personnages rencontrés, le temps d'une conversation qui révèle leur histoire personnelle leurs échecs, leurs rêves, leur foi en Chang'an et leur déception car on en revient toujours à la cité et ce qu'elle incarne, qu'on doit sauver ou détruire pour la changer.
Les 48 épisodes défilent à toute vitesse, pas besoin de cliffhanger à la fin, l'action continue ne faiblit jamais que ce soit au cours de l'enquête méticuleuse qui passionne que des événements et révélations. L'action est bien dosée, jamais trop pour lasser, et chaque minute compte, chaque phrase est importante, chaque scène.
Le jour le plus long à Chang'an se révèle comme un parfait équilibre:
Richesse des informations historiques sur la culture de la dynastie Tang(presque un documentaire, on découvre et on apprend tout du long),
Une enquête complexe pleine de mystère qui passionne jusqu'à la toute fin où seulement la vérité complète sera révélée,
Un récit prenant qui maintient la tension et le suspense(très éprouvant par moment), une intrigue palpitante où les événements se succèdent à un rythme frénétique,
Une aventure humaine, la ville est la cristallisation des espoirs et des rancunes du peuple de Tang,
Et une splendide réalisation, féérie des rues où la foule costumée acclame ses idoles parmi les pyramides de lanternes, bas-fonds tortueux aux visages inquiétants, superbes combats et scènes d'action éblouissantes(au sens propre), beauté des éclairages de la reconstitution monumentale des palais étincelants à la délicatesse des variations de lumières tout le long du jour et la nuit dans les divers bâtiments.
A travers ces 48 épisodes sans aucune baisse de qualité, on peut sentir l'amour du réalisateur pour sa ville, sa culture et son histoire. Trop rares sont les productions qui bénéficient d'un tel soin et d'autant d'inspiration. C'est une belle œuvre, très complète et riche dont je conseille la découverte.