The Mandalorian
7.1
The Mandalorian

Série Disney+ (2019)

Voir la série

J'étais à la fois impatient et méfiant à l'approche de cette première série live Star Wars, impatient parce-que c'est Star Wars et méfiant car elle est chapeautée par Jon Favreau, dont j'ai toujours trouvé les oeuvres assez moyennes.
Mais c'était oublier un peu vite le rôle de Dave Filoni et du Story Group, qui veillent au grain et on toujours su jusqu'à maintenant apporter à leurs productions les codes et l'esprit de cet univers, bien qu'ils aient ces dernières années marché sur des œufs avec la postlogie écrite en cadavre exquis. Bien que Favreau ait apporté le matériau narratif de base, c'est donc je pense une oeuvre aux multiples auteurs.
La première bonne surprise aura été les efforts consacrés (par Favreau pour le coup) pour garder le secret sur le personnage de "Baby Yoda", et il faut dire que le plaisir de sa découverte à la fin du premier épisode, et tout le mystère qui s'y associe, est plus que bienvenu.
Du mystère, il y en a pas mal dans cette série située 5 ans après Le Retour du Jedi, période encore très peu explorée (la faute à la postlogie), si ce n'est dans quelques romans, et encore. En plus de ce nouveau territoire temporel, l'histoire prend place dans la Bordure Extérieure, avec des personnages inédits, essentiellement des parias.
Et c'est là qu'on en vient au personnage principal, space-cowboy masqué sans nom ni visage jusqu'au dernier épisode. Le Mandalorien m'a au début, et même par la suite sur certains points, grandement fait penser au Goblin Slayer, personnage d'un anime douteux, mercenaire en armure chromée qui n'enlève jamais son masque, traumatisé par les gobelins qui ont massacré son village. Remplacez les gobelins par les droïdes de la Guerre des Clones et la similarité des backgrounds est frappante.
Mais leur ressemblance s'arrête là, le Mandalorien n'ayant rien (ou pas grand chose) d'un autiste et ne cherchant pas à éradiquer les droïdes, bien qu'il ne les tienne pas en affection.
Le personnage se dévoile au fil de la série, même si bien des choses restent obscures, notamment concernant le lore de son peuple, notoirement complexe. A cet égard, notons que même un néophyte de Star Wars pourra apprécier la série, mais bien sûr pas autant qu'un fan hardcore ou même quelqu'un qui a simplement vu les films.
On appréciera le lien qui a été fait parallèlement à la sortie de L'Ascension de Skywalker, avec les capacités de soigner par la Force.
Au passage, je dois dire que le fait que les personnages n'aient jamais ne serait-ce qu'entendu parler des Jedi ou de la Force me parait franchement gros.
D'un point de vue technique, la série est magistrale et bénéficie des moyens illimités de Disney, qui a voulu en faire le fer de lance de son nouveau service de streaming, Disney+. On y retrouve une palette de couleur similaire à celles de Rogue One ou Solo (dont l'échec au box-office aura fait muter un projet de film sur un autre Mandalorien en cette série portée par un personnage inédit), donc souvent un peu trop sombre peut-être.
Les effets pratiques ont la part belle, avec cette volonté toujours d’apposer une patte visuellement réaliste à l'univers et de rendre hommage à la trilogie originale. Si en général, au niveau des décors notamment, c'est une réussite, je ne peux m'empêcher de penser que Baby Yoda aurait gagné à être plus expressif, peut-être en n'animant en images de synthèse que son visage, je ne sais pas.
Une autre semi-déception a été pour moi le choix du modèle "série-feuilleton" (une intrigue par épisode) même si ce qualificatif est un peu exagéré. La plupart des épisodes dépendent les uns des autres, mais on a eu droit à deux épisodes de pur remplissage, qui n'ont rien apporté à l'intrigue.
Le soundtrack de Ludwig Göransson est une vraie réussite, et mêle le thème héroïque, volontairement kitsch en hommage à certaines vieilles productions western, à des élément plus modernes, parfois plus SF, mais pas encore très Star Warsiens, pour l'instant. On a en tous cas pas encore entendu le thème de la Force, ne serait-ce que discrètement, et les Impériaux non-plus n'ont pas de thème.
En parlant de ces derniers, j'ai trouvé ça dommage que les méchants soient de grands méchants pour être méchants. C'est au Moff Gideon que je pense ; on sait que les impériaux, dans l'Univers Étendu, n'étaient pas simplement des pourritures, mais aussi, pour certains, des personnages complexes qui aspiraient à une galaxie plus sûre. J'aurais préféré voir un personnage pensant agir dans l’intérêt général après une Révolution qu'il considère mortifère et porteuse de Seigneurs de Guerre sans foi ni loi, et si le personnage campé par Werner Herzog, ou celui de son assistant, pouvaient laisser penser à cette approche un peu plus subtile, Gideon débarque in fine pour tuer sur un coup de tête ses soldats - et ses officiers comme rapporté dans une séquence (assez cool je l'avoue) humoristique clairement signée Taika Waititi -, puis tout cramer sur fond de discours de grand méchant très méchant pour être méchant.
Un autre truc un peu lourd aura été de n'avoir que des planètes aux décors connus (désertique, glacée, forestière...), un peu à l'image de la postlogie, alors qu'il y a tant à explorer et à montrer (coucou la prélogie). Il faudrait vraiment qu'ils comprennent que les décors de la trilogie originale se justifiaient par la narration et le manque de moyen d'alors. Et quand bien même, planète paumée pour cause de cavale ou non, il doit bien y avoir autre chose à montrer.
Enfin bref, la série n'en est pas moins excellente, intimiste et poétique, particulièrement avec le personnage de Kuiil (la séquence où il reconstruit l'IG-11 est magique).
Un succès plus que mérité donc pour cette première série live Star Wars.

Créée

le 1 janv. 2020

Critique lue 144 fois

Nevare

Écrit par

Critique lue 144 fois

D'autres avis sur The Mandalorian

The Mandalorian
SimonLC
4

D’un vide intersidéral

Ça faisait longtemps que je n’avais pas donné mon avis sur sens critique, mais étant donné que je procrastine sur les révisions de mes partiels, je me tente à cette critique amateure. De bons (très...

le 1 déc. 2019

64 j'aime

9

The Mandalorian
RedDragon
7

Le Bon, la Brute et le Mandalorien...

J'ai toujours rêvé de connaître les aventures du mystérieux Boba Fett. Souvenez-vous de son apparition dans Star Wars Holiday special sous forme de dessin animé, juste avant l'Empire contre-attaque...

le 15 nov. 2019

61 j'aime

45

The Mandalorian
guyness
5

Le mandat, le rien.

(Ne cliquez sur aucun lien si vous ne voulez pas être spoilé façon #balancetonRancor) YouTube étant aussi friand de nous proposer des contenus riches et plaisants que de superbes exemples de vide en...

le 3 janv. 2021

52 j'aime

15

Du même critique

Les Enquêtes de Morse
Nevare
9

Raffiné, complexe, éblouissant, patient.

Pour commencer, je n'avais pas regardé Inspecteur Morse, ni sa suite Inspecteur Lewis, je ne savais même pas que ces séries existaient ; et après le visionnage de la première saison des Enquêtes de...

le 17 mai 2014

9 j'aime

Inspecteur Morse
Nevare
8

How Hopeless Under Ground Falls The Remorseful Day...

Après avoir été enchanté, éberlué, estomaqué, et plein d'autres trucs positifs par ce qui est désormais ma série préférée de tous les temps, Endeavour (Les Enquêtes de Morse en VF), j'ai décidé de...

le 5 déc. 2014

7 j'aime