Pour une poignée de Beskar (saison 1)

S'attaquer à The Mandalorian, et donc à Star Wars, c'est assez délicat. Mais je vais tout de même essayer. Tout d'abord, la diffusion de cette série s'inscrit dans un contexte assez particulier pour la saga puisqu'elle arrive après deux films d'une nouvelle trilogie intercalés par deux spinn-off, et presque en même temps que le dernier opus de cette même trilogie, soit après 5 films. En quelques années, ça fait beaucoup de Star Wars, et beaucoup de Disney si on y ajoute tout ce que le mastodonte produit à côté.

Et ces 5 films du coup ? Les considérer comme inégaux serait un doux euphémisme. Je fais partie de ceux qui ont trouvé le travail de J. J. Abrams particulièrement fainéant et pauvre, gâchant le potentiel qu'était cette possibilité de nouveau départ, confirmé avec l'épisode 9. Quant au 8, je ne veux même pas en parler tant il accumule les problèmes. Je ne jette cependant pas la pierre aux réalisateurs (sauf peut-être à Rian Johnson, qui avait le luxe d'être aussi scénariste), car si Disney a estimé bon de programmer une trilogie sans lignes directrices tout en mettant sur le projet deux réalisateurs (trois à la base !) dont un en roues libres, on ne pouvait en arriver qu'à ce stade, qu'importe la saga. Dans la trilogie originale, les trois réalisateurs étaient différents, mais Lucas supervisait le tout, assurant une forme de cohérence. Là, même les 50 films du MCU le sont plus que ces trois Star Wars, c'est dire ... mais je m'égare.

Et puis il y a les deux spinn-off qui m'ont donné un Nouvel espoir. Solo : A Star Wars Story a certes bien des défauts, en partie dus à son tournage compliqué et à des choix discutables de la part des scénaristes. Quand bien même, la cohérence est présente. Avec l'univers, avec la saga, avec lui-même. Et enfin, Rogue One, avec ses défauts également, mais proposant enfin des idées originales de mise en scène, de cadrage, de paysages, bref : il y a et il y avait matière à faire. Peut-être qu'étant donné que l'histoire était toute tracée, Disney n'a pas pu faire n'importe quoi avec le scenario ...

Alors après moult déceptions, arrive The Mandalorian, par Jon Favreau, Yes man de Disney à l'origine du premier Iron Man. Et quel plaisir.

Déjà, le bonhomme a compris qu'à la base, La Guerre des Étoiles est une histoire politique. De fait, même si l'on souhaite mettre cela de côté, contextualiser une histoire dans cet univers sans faire n'importe quoi n'était pas compliqué. Ici, en quelques phrases, on comprend que nous sommes après l'épisode 6, que l'Empire n'est plus, et que la Nouvelle République est bien installée. Bravo, vous avez réussi à faire en moins d'une heure ce que la trilogie n'a pas été capable de faire en 9.
On suit un Mandalorien, chasseur de prime tombant sur un contrat qui chamboulera sa vie et sa carrière. Au fil des épisodes, le spectateur en apprend un peu plus sur son groupe, sur l'histoire du personnage, au fur et à mesure que le lien avec son petit protégé le rende de plus en plus humain à nos yeux (pendant que son armure l’épaissie et nous éloigne physiquement de lui). A cela s'ajoutent des personnages secondaires, tantôt réussis tantôt un peu moins, mais qui renforcent la cohérence au sein de l'univers. Parce qu'en effet, mettre en place des anciens Stormtrooper, ce n'est pas que faire du fan service (et il y en a beaucoup dans la série, je ne le nierai pas, bien que cela ne m'ait pas gêné), c'est aussi rappeler au spectateur que les évènements auxquels on a assisté il y a de nombreuses années dans les précédents volets ont bien eu lieu et ont eu des conséquences. C'est logique, et ça fait du bien.

On appréciera l'originalité de quelques paysages même si la plupart ont déjà été vu et revu au sein de l'univers. Il n'y pas spécialement de prises de risques dans la façon de filmer, cela reste assez classique mais très soigné et visuellement beau, vraiment. Les effets spéciaux sont également travaillés (tout a été tourné en studio, en utilisant des écrans plutôt que des fonts verts). Et enfin, mention spéciale à la musique de Ludwig Göransson, dont le thème principal est sublime et qui là encore, dépasse par son originalité le travail timide effectué sur les volets 7, 8 et 9.

Tout cela mit bout à bout, nous sommes devant une série de SF dans l'univers de Star Wars, à la sauce Space Western (comme le soulignent les titres de critiques comportant des jeux de mots douteux, dont le mien !). Les épisodes sont relativement courts (~35 minutes) et on se laisse facilement emporter, sans qu'on ne perde notre immersion devant trop d'incohérences.

Des défauts sont bien évidemment à noter. Des facilités scénaristiques, un rythme parfois curieux d'un épisode à l'autre, et je comprends ceux qui ont trouvé la série creuse. Et puis c'est Disney qui est derrière, donc on ne peut pas s'attendre à y voir des éléments trop "gameofthronesques". Soyons clair, dans sa structure, celle-ci est assez classique. Je pense que mon appréciation de cette dernière est principalement due au contexte de sa sortie, étant donné ma très grande déception à l'égard des productions Star Wars de ces dernière années. Peut-être aurais-je été plus sceptique autrement, mais j'ai apprécié retrouvé cet univers qui m'a tant convaincu plus jeune, et surtout, j'y ai enfin trouvé une forme de considération de la part des gens à la tête du projet. Il me fallait juste un peu de cohérence et quelques détails scénaristiques (pas trop !) un peu originaux, rien de plus. Aussi simple que cela puisse paraître, j'en attendais moins, mais en espérais plus, et j'ai été plus que satisfait. De fait, j'attends la saison 2 avec impatience, mais aussi avec méfiance.