The mandalorian

Dans l’univers de Star Wars, les Mandaloriens ont leur propre mythologie. Toujours revêtus d’une armure dont ils ne se séparent jamais (il est interdit pour eux de montrer leur visage), ils ont formé un peuple très puissant avant d’être pourchassés et d’errer aux quatre coins de la galaxie. Boba Fett, le premier Mandalorien aperçu dans Star Wars, était un chasseur de primes qui a fait prisonnier Han Solo pour le livrer à l’Empire dans « l’empire contre attaque ».

L’histoire se déroule après la destruction de l’étoile Noire dans « le retour du Jedi ». A ce moment, c’est la nouvelle République qui impose sa loi. Dans ce contexte, le chasseur de primes Din Djarin surnommé Mando (un Mandalorien d’adoption recueilli par cette caste à la suite de la mort de ses parents tués par des droïdes) accepte comme mission d’aller chercher un enfant et de le livrer à l’Empire qui essaie de se reconstruire péniblement. Une fois sa tâche effectuée, Mando se ravise et renie ses engagements en décidant de récupérer et de protéger l’enfant qui s’avère être de la même espèce que ne l’était maître Yoda. Il devra donc fuir…

Très rapidement, on retrouve tous les codes de l’univers de Star Wars. Des mondes familiers comme celui de Tatooïne seront à nouveau à l’honneur et des créatures connues telles que les hommes de sable et les Jawas prendront une place plus conséquente dans la narration. On y retrouve d’ailleurs une partie du bestiaire qui fait le charme de cette saga et c’est très agréable. Bien entendu, d’autres planètes s’offriront à nous et l’ensemble de la série regorge de trouvailles visuelles plutôt intéressantes. C’est d’ailleurs ce qui fait la force de cette production. Les effets spéciaux sont superbes et la qualité de l’image est impressionnante. Pas à dire, ça en met plein la vue.

Mais on se dit aussi qu’avec les moyens mis en œuvre, il y avait de quoi créer des atmosphères plus originales ou oniriques que ce qui nous est dépeint ici. Mais pour cela, il aurait fallu s’éloigner de l’univers maintes et maintes fois transposé à l’écran de la saga originelle. Cela arrive parfois comme lors d’un épisode assez étrange dans une prison qui mise sur un jeu de cache-cache dans des couloirs déserts illuminés aux néons. On est aussi confronté à une charmante myriade d’araignées géantes assez anxiogènes ou encore à une forêt lugubre aux arbres décatis baignés dans la brume. Pour le reste, on est vraiment dans le déjà-vu.

La construction narrative est quant à elle répétée d’épisodes en épisodes. Mando veut des informations ou de l’aide mais pour cela, il doit donner en retour un coup de main aux personnes à qui il s’adresse. Il effectue donc une aventure puis enchaîne une autre sans que cela ne fasse avancer le récit. C’est un peu moins vrai lors de la saison 2 mais cela reste très convenu. Et si ces aventures ne sont pas déplaisantes, elles manquent tout de même de relief. Il y a une mission, il faut la remplir et tuer les méchants. Point. Et ce ne sont pas les dialogues, neutres et sans humour, qui viendront démentir cette impression de facilité, voire de paresse. On pourrait alors arguer que le final est une bonne trouvaille scénaristique. Certes, c’est plutôt bien vu. Mais il montre aussi l’incapacité des auteurs à se sortir du carcan dans lequel la série est inscrite. Ce serait une qualité si elle était affublée d’une trame narrative ou d’une ambiance inventives mais ce n’est pas le cas. Aucun risque n’est pris pour sortir le spectateur de sa zone de confort.

Il pourrait aussi y avoir des événements tragiques qui nous permettraient de trembler pour des héros que l’on apprécie et auxquels on tient. Mais il n’y a aucun prémisse de drame propre à nous faire vibrer. Et même si c’était le cas, encore faudrait-il que l’on se sente liés aux différents protagonistes de l’histoire. Pour cela, il aurait sans doute fallu qu’ils soient sujets au doute, qu’ils éprouvent des dilemmes moraux et que l’on souffre avec eux. Mais non… Alors, ils nous sont plutôt étrangers émotionnellement. Seul le mini-Yoda nous touche et nous amuse parfois avec sa petite bouille rigolote. Mando pourrait aussi être attachant… s’il pouvait enlever son masque et nous faire part de ses émotions. Ou si son noir passé était un peu mieux exploité. Mais à part son aversion logique pour les droïdes, cet aspect narratif est rapidement mis au placard.

On peut alors se poser la question de savoir à qui la série est adressée ? Aux aficionados de Star Wars qui ne veulent pas voir leur univers dénaturé ? Peut-être mais cela ne compense pas les faiblesses narratives. Aux enfants ? Peut-être encore, mais le manque d’humour ne permet pas une adhésion totale. De plus, l’action ne fait pas tout et eux aussi ont besoin de vibrer pour leurs héros.

Dès lors, si vous souhaitez passer de bons moments partagés en famille, penchez-vous plutôt vers la série « perdus dans l’espace » qui procure une implication affective envers les personnages bien plus importante. Et si vous recherchez de l’humour et de la fantaisie, orientez-vous sans hésiter vers « les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire » qui possèdent une richesse visuelle et un ton beaucoup plus créatifs. Car dans le cas de « The Mandalorian », certes, on ne s’ennuie pas et c’est beau. Mais c’est bien tout. Et c’est tout de même trop peu...

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