La série a de quoi dérouter, et pourtant on reste captivé alors même que le doute s’installe en nous. Spirituel sur la forme et sur le fond The OA commence en douceur, en prenant bien le temps d’installer son personnage. C’est d’ailleurs les premiers épisodes qui marquent plus par leur mystère, que la suite qui devient redondante.
Prairie nous narre donc son récit, en commençant par le début, Brit Marling incarnant avec justesse la fragilité et la ténacité de ce petit bout de femme.
D’ailleurs on apprécie que la série garde un mystère sans pour autant le garder précieusement jusqu’au bout. Enfin, un des mystères, car si l’expérience de mort imminente reste un socle, The OA aborde de nombreux thèmes, et saura taire de nombreuses interrogations pour mieux narrer les prochaines saisons. Les créateurs de la série ont d’ailleurs annoncés que pour la suite ils allaient s’entourer de scénaristes, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soit afin de mieux coordonner leur réel ambition pour The OA.
On sent donc une fragilité du côté du scénario, quelques épisodes n’apportent d’ailleurs pas grand-chose au déroulement de l’histoire ; si bien qu’on avait l’impression de ne pas avoir avancé.
Autre sujet à discussion, les fameux mouvements ; déstabilisants au début, ils parviennent néanmoins à s’intégrer dans la narration. Ils ne m’ont pas dérangé car j’y retrouvais une expérience similaire au film Rosas Danst Rosas, un essai sur la danse en corrélation avec l’art du montage cinématographique et la répétition d’un mouvement.
La vie après la mort est un domaine vaste mais à prendre avec des pincettes, la série explore les EMI sans trop les parasiter avec une multitude d’images subliminales. L’accent est plutôt mis sur l’expérience des individus enfermés dans les cages plutôt que prisonnier dans la mort.
Pourtant la dimension spirituelle de la série est un peu surfaite ; loin de la profondeur d’un Leftovers avec une approche plus universelle, The OA se pare de beaux atouts mais manque de justesse pour l’adhésion totale du public. La fin nous échappe donc un peu plus, même si l’on veut connaître le fin mot de l’histoire de Prairie. On devient moins intrigué à force d’accepter des choses illusoires.
L’une des hypothèses finales est d’ailleurs trop vite balayée pour qu’on prenne le parti du subterfuge, l’art de la narration ayant pris le dessus sans laisser plus planer le doute au fil des épisodes. Du coup, elle arrive comme un cheveu sur la soupe et aurait demandé plus d’instillation au fil de l’histoire, de manière plus explicite et pas seulement par le point de vue des parents.
Néanmoins les créateurs sont parvenus à donner une teinte de pureté par leur personnage dans cette quête effrénée de liberté. Et The OA interroge, accapare, gêne et ne laisse donc pas indifférent, ce qui, après tout, est un bon début pour une série.