Dans un futur indistinct, deux amis vivant dans un orphelinat prennent conscience de ce qui les attend lorsqu’ils en sortiront, à leurs 12 ans. Ils sont donnés à manger à des démons, qui gardent cet endroit diabolique encerclé d’un mur. Dès lors, une seule solution s’offre aux gamins : s’échapper, et faire échapper tous les enfants de l’établissement.
Aucun mystère à attendre, dans cette saison 1, tout est dit, montré, pensé à voix haute dès les premiers épisodes. Pas de place ici à la rêverie (du spectateur ?), à la folie ou la tristesse face à la révolution copernicienne de toutes leurs connaissances établies jusqu’à présent : le nouvel ordre du monde est assimilé immédiatement, dans ces cerveaux d’enfants n’ayant rien connu d’autre de leur existence que jouer innocemment dans l'herbe fraîche entourant ce charmant orphelinat.
Tout est lancé à la gueule des spectateurs, comme un sachet rempli de pain à la face des pigeons du centre-ville (geste passible d’une amende, cependant) : l’audience type visée par les créateurs du show avait peut-être l’âge de ses héros ?
Pas de remise en question, de moments de solitude, les personnages ne sont dessinés que par leurs conversations, leurs pensées. On parle (beaucoup), on réfléchit aux solutions qui ne traînent pas à arriver. Les pièges sont déjoués. Tout est facile, comme si ces enfants n’étaient pas vraiment humains, juste des machines intelligentes sans émotions. Jamais ils ne laisseront poindre leur humanité sous leurs couvertures, seuls dans la salle de bain ou en vagabondant dans l’air libre. Pas d' "Harry Potter moment", comme quand Harry, Ron et Hermione, assis au coin du feu de la chambre commune de Poudlard, confiaient, chacun à leur manière, leurs doutes et leurs espoirs face à la vie, aux combats qui les attendaient.
La narration ne laisse de la place à rien d’autre qu’au récit d’évasion, et aux questions qu’il sous-tend (qui s’enfuira, comment y arriveront-ils, quand cela aura-t-il lieu ?), et fonce dans un suspens relatif vers une résolution à laquelle tout le monde s’attend. C’est la grande force (ou faiblesse) de la série, la vitesse de son développement noué autour de cliffhangers et de révélations plus ou moins intéressantes.
La musique occupe l’espace sonore du show sans but, dans l’optique de faire du bruit au milieu de scènes dialoguées. Un personnage est introduit dans le récit (Sister Krone), parlant tout seule, comme tous les mauvais méchants, et bon gré mal gré apparait comme littéralement inutile à la narration globale. Il reste Mother, personnage complexe, vivant dans le refoulement, cachant ses émotions, seul monolithe mystérieux d’un récit manquant cruellement d’instants de poésie et de pauses de réflexion.