"Good cop and bad cop have left for the day. I'm a different kind of cop"
Regarder The Shield à l'époque, c'était comme faire acte de résistance, face à la tornade CSI Las Vegas, les gentils experts qui résolvent leur enquêtes avec le matériel hi tech dernier cri et qui arrivent toujours à choper les méchants. C'est aussi un acte de bravoure, quand The Shield a été presentée dès le début comme une série réac', limite fascisante (ah la la la...la celèbre « critique » française....). Laissons les s'amuser avec le point Godwin, pauvres âmes inconscientes....
En fait cette série diffusée sur FX dès 2002 aurait pu être écrite par James Ellroy: liens nébuleux entre toutes les composantes du pouvoir, ambition politique d'hommes véreux, flics corrompus jusqu'à la moëlle luttant (ou s'alliant, suivant les circonstances) face à la criminalité de toute sorte, des crimes sordides et une inhumanité dans les rapports humains qui sont basés uniquement sur l'argent et le sexe.
L'influence des Sopranos se ressent dans la caractérisation des personnages: Vic Mackey (immense Michael Chiklis), le boss de la Strike Team, est une véritable pourriture, pourtant on ne cesse de jouer sur son ambiguïté, notamment lorsqu'on éprouve une véritable empathie par rapport à ses problèmes familiaux. Quand à Shane, sorte de Christopher Moltisanti, il est un peu le « fils » prodigue, celui qui veut épater son mentor au travail, mais qui se retrouvera à faire les mauvais choix.
La réalisation fut également une révolution pour l'époque, Shawn Ryan s'inspirant clairement des programmes de télé réalité qui montrent les courses poursuites de bagnole filmées par hélicoptères ( remember O.J Simpson...): montage nerveux, zoom, dézoom, décadrage le tout caméra à l'épaule pour nous immerger totalement dans la Strike Team, nous plonger dans une réalité assez dérangeante.
Dès la fin du premier épisode, on sait déjà que le décompte a commencé: ce n'est qu'une question de temps avant que ces flics ripoux se fassent choper. The Shield c'est ça : des types qui passeront leur temps à tenter de réparer leurs erreurs, à tenter de se battre par tous les moyens pour y parvenir, sans comprendre qu'un jour ou l'autre, la fatalité vous rattrape. La dernière saison est d'ailleurs dramatique, brutale, venant clore parfaitement une série monstrueuse et haletante.
Le plus terrifiant dans tout ça, me direz vous? C'est de constater que 30 ans de séries policières françaises n'arrivent même pas à un doigt de pied d'un seul des 88 épisodes de la série de Shawn Ryan....
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