The Sinner
7.2
The Sinner

Série USA Network (2017)

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Après n'avoir vu que 2 épisodes , je suis pris d'une irrésistible envie de commenter. J'étofferai peut être cette critique au fur et à mesure.
Pour commencer, me voilà encore à mater une série américaine. Je me rends compte que les États-Unis m'obsèdent, en relisant mes propres critiques.
Pourquoi cette obsession ? Pas compliqué : bien que dorénavant contestée, la toute puissance américaine reste phénoménale, économiquement, culturellement. Militairement, c'est vertigineux.


The Sinner, dans sa mise en scène non linéaire, dans ses thèmes abordés (violence, drogue, sexe, religion) n'est pas foncièrement originale. Elle est de bonne facture, c'est à dire bien interprétée, bien réalisée, une bonne photo, techniquement du moins. Mais bon, elle répond, avec un petit plus sans doute, aux standards auxquels nous sommes désormais habitués.


Ce qui m'intéresse, dans cette série, c'est l'image qu'elle projette du pays, de sa culture.


Cette image, c'est celle ci : les États-Unis sont une machine à produire des détraqués, des siphonés du bulbe, des frustrés, des serial killers, des mafieux, des drogués, des Trump, bref des psychopathes. A lire ces lignes, on peut se demander si leur auteur (moi) n'est pas lui même un peu tout ça. Ptet pas faux, à quelques exceptions près.


Mais les États-Unis sont aussi le pays du jazz, du rock, du rap, d'une identité culturelle d'une pluralité sans égal (hormis son little big frère le Canada), d'un Lynch ou d'un Jarmusch, d'un Warhol, d'un James Ellroy ou d'un Edgar Allan Poe. Autres matières à intérêt, à tout le moins.


Violence meurtrière, drogue, sexe et religion, voilà un cocktail, qui, bien que peu original est efficace en termes d'audience donc de blouzouf. Ce blouzouf qui au final, régit le monde, encore plus depuis que l'Amérique le domine (oui oui, obsédé).
D'autres vieux démons (ou poncifs c'est selon) composent cette série, apparemment : culpabilité et redemption autant chez Cora, chez sa mère, que chez Harry. Absurdité et extrémisme du Catholicisme au pays d'un protestantisme pragmatique et déterministe qui rend Dieu et sa destinée toute tracée responsable de toutes les errances, dédouanant d'autant le calviniste.


Ce dernier concept étant simultanément le premier postulat d'une ambiguïté, d'un paradoxe ou la libre entreprise, la force des actes personnels engendrant responsabilité devant ses juges séculiers (plaider coupable, peine de mort) seraient les deuxièmes.


Ce paradoxe, cette contradiction, est au cœur, selon moi des frustrations, de l'injustice ressentie plus ou moins confusément par l'habitant de l'Amérique du Nord.
Pourquoi The Sinner plus qu'une autre série m'a donné envie de coucher ces réflexions par écrit ? Je sais pas, mais c'est le cas. Il va falloir que je regarde cette série plus avant pour me faire une idée de la lucidité de ses auteurs. Les américains en sont parfois capables, auquel cas ils sont décapants, même si l'audimat, ou l'autocensure, les empêche souvent de conclure ou juste de critiquer trop ouvertement l'"American way of life".
J'en citerai pour exemple "Breaking bad". L'inexistence d'une assurance sociale, d'un état providence pourrait être une conclusion, en tous cas un aspect, un des thèmes, des causes du chemin qu'a élu Walter White. Ce n'est pas arrivé, et d'un point de vue dramaturgique, tant mieux. L'exploration de la psychologie des personnages est sans conteste bien plus intéressante. J'ai beau critiquer à tout va l'omniprésence américaine, son auto célébration, je suis sûr que si tel sujet avait été traité à la française (je m'inclus), le couplet social democrate bien pensant aurait alourdi l'ensemble, considérablement.


Quoiqu'il en soit, "Breaking bad" est aussi un exemple frappant de la fabrique à psychopathes qu'est l'amerique.
Le plus amusant étant que la réalité n'est peut être pas aussi extrême. Elle l'est plus, si ça se trouve et si on a envie de citer l'adage "la réalité dépasse la fiction". Difficile à dire, je n'y suis allé qu'une fois, il y a bien longtemps, ce qui m'empêche de juger sur pièces, et puis les informations dont on dispose ne sont pas toujours fiables.
En tous cas, l'amerique projette d'elle même une image bien curieuse, d'une violence inouïe. Quitte à paraître dingo moi même (je suis plus à ça près de toutes façons) je me demande si on ne pourrait pas y voir un arsenal de dissuasion plus efficace que le nucléaire.


Cher journal, me voici à la fin du 3ème épisode. Et mon idée est la suivante : ce sont les parents de Cora qui ont engagé un pusher tortionnaire pour lui faire subir les sévices qui, croient-ils dans leur extrémisme catholique, pourront racheter ses péchés et sauver sa sœur. A voir...


Cher carnet, me voici à la fin du 5ème épisode. Jessica Biel reprend le rôle de Cora jeune adulte, aux prises avec sa sœur Phoebe. On comprend bien que le temps a passé, mais Phoebe semble n'avoir guère vieilli tandis que Cora fait bien trop vieille, en tous cas pas assez rajeunie par rapport à la Cora contemporaine. Pas grave, mais j'ai tiqué. Jessica Biel étant co-productrice, a-t-elle joué de son influence pour s'arroger un plus grand rôle ?


Autre détail qui m'a paru un peu incohérent : l'employée qui s'est fait virer du club Beverwick raconte comment elle s'est retrouvée nue dans sa voiture au lendemain d'une soirée ou elle a manifestement été droguée et abusée par des membres du club. Si ceux ci voulaient masquer leur agissements, pourquoi ne l'auraient-ils pas rhabillée ? En la laissant nue, ils n'ont fait qu'accentuer ses soupcons, non ? La virer eut certainement le même effet. Peut-être ont ils paniqué, ou tout simplement les épisodes suivants apporteront réponse.


Bien sûr, la série est volontiers dérangeante. Le fait qu'Harry se punisse en jouant à des jeux masochistes y contribue sûrement, et cela donne de l'épaisseur à son personnage. Je ressent un malaise, plus que de raison. Pourtant c'est gentillet par rapport à du Lars van Trier, par exemple. Je me l'explique peu, le seul élément qui me vient étant une surdose d'acharnement sur Cora, personnalisé par la capitaine sans vergogne qui chapeaute l'enquête depuis ce 5ème épisode. J'y vais un peu à reculons maintenant...

Kinovor-Cinefaj
7
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le 5 juil. 2020

Critique lue 594 fois

Kinovor-Cinefaj

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