Southern Cross
6.5
Southern Cross

Anime (mangas) MBS (1984)

Je n'ai pas encore vu Orguss ni Mospeada, mais si vous demandez mon avis, je vous dirais que j'ai préféré Southern Cross à Macross. Ce-dernier possède une plus grande originalité, mais traîne trop en longueur pour vraiment être apprécié ; franchement, je me suis souvent ennuyé en le regardant, ce qui est moins le cas pour Southern Cross.
Du strict point de vue de la narration, cet anime s'avère beaucoup mieux bâti : chaque épisode alterne correctement les phases d'action, la vie quotidienne des personnages principaux, et l'avancée du scénario. Ainsi, aucun ne peut être considéré comme inutile, car ils participent tous à la mise en place de l'histoire, et celle-ci révèle au fur et à mesure quelques excellentes idées, basées sur des thèmes intéressants dont je ne vous dirais rien afin d'éviter de divulguer quoi que ce soit. La découverte des tenants et aboutissement du conflit entre Gloire et Zor constitue, au début de la série, une accroche passionnante.
C'est peut-être une chance que le nombre d'épisodes ait été revu à la baisse lors de la production, car finalement le scénario est plus compact et se disperse moins, nous permettant de nous focaliser sur les événements.
Le traitement des personnages, dont la vie quotidienne finit par prendre le dessus sur la guerre, permet de les rendre attachants même s'ils ont tous une personnalité plus au moins caricaturale : Jeanne est une tête brûlée au grand cœur, Charles un Don Juan d'opérette, André le type sur lequel on peut compter, Louis un petit génie, et Bowie un grand romantique qui n'était pas fait pour l'armée. Malgré tout, ils forment une équipe soudée dont le comportement ne peut que les rendre sympathiques.
Mais si le scénario avait été sans défaut, cela aurait été trop beau.
Ce qui saute aux yeux très vite – en particulier lors du 3ème épisode – c'est que Jeanne et ses principaux subordonnés sont totalement invincibles, et bénis d'une chance insolente : ils se retrouvent toujours au bon moment au bon endroit pour mener une action d'éclat, et se sortent de situations périlleuses sans raison apparente. Là où leurs camarades tombent dès le premier coup de laser, eux peuvent en supporter des dizaines avant de mettre un genou à terre. Ils sont d'autant plus improbables que l'existence même de leur unité n'a aucune logique : qui donc dans l'armée laisserait faire ce que bon lui semble à une équipe considérée comme catastrophique et menée par des abrutis à peine sevrés ?
Pour ne rien arranger, la diminution du nombre d'épisode se ressent terriblement sur la fin : les combats – jusque-là passionnants et très bien réalisés, un des atouts de la série – deviennent furtifs et bordéliques, et surtout les scénaristes donnent l'impression de mettre en place des situations au gré de leurs envies pour les laisser de côté aussi sec : un problème insurmontable dans un épisode devient un détail insignifiant dans celui d'après. Cela peut ne pas gêner, il suffit de ne pas trop porter attention aux détails.
Heureusement, Southern Cross possède suffisamment de qualités en parallèle pour rester plaisant à suivre malgré tout. Comme indiqué plus haut, elle développe quelques très bonnes idées qui donnent tout son charme au scénario, et le choix de privilégier Jeanne et ses hommes au combat comme dans la vie de tous les jours s'avère payant ; cela permet même d'apporter à la fois de l'humour et un côté dramatique plus marqué, ainsi que quelques scènes de douche qui pourront toujours faire des heureux.
Comme les deux autres « Super Dimension », Southern Cross est avant tout une série de mécha, l'occasion de faire s'affronter de gros robots. Du côté de Gloire, chaque modèle dispose de deux formes possibles : une humanoïde, et une autre adapté à l'environnement dans lequel ils évoluent ; avion pour les engins spatiaux et volants, tank pour les unités au sol dont font parti Jeanne et ses soldats. A noter que chaque appareil peut aussi prendre prendre une forme intermédiaire dont « l'humanité » se limite aux jambes. Nous sommes dans la droite lignée de Macross ; les Valkyries et consort sont plus agréables à l'œil, mais je trouve que les Spartas de Gloire possèdent quelques facultés très intéressantes : le tank, c'est quand même bien pratique, et cela s'accorde bien avec le côté bourrin de notre héroïne sur-vitaminée. Bizarrement, les tenues de combat des soldats semblent avoir demandé plus de travail que les méchas eux-mêmes ; j'ai parfois eu l'impression que, comme pour les robots, ils ont voulu faire référence à la Grèce antique, et le résultat est assez étonnant.
Vous avez dû le comprendre en lisant ces lignes : Southern Cross n'est pas parfait. Son histoire possède un grand potentiel, mais comporte plein de petits détails qui posent problème. Heureusement, l'ensemble demeure plaisant à suivre, notamment grâce à des combats bien menés, à de bonnes idées distillées dans un scénario bien écrit (du moins sur les deux premiers tiers de la série), et à des personnages sympathiques, pour peu que le spectateur ne soit pas allergique aux séries de plus de 20 ans.
Si vous ne prenez cette anime que comme une curiosité, vous pourriez être agréablement surpris.
Ninesisters
7
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le 15 mai 2012

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