Bien des années après qu’un milliardaire misanthrope ait adopté sept enfants nées le même jour dans de mystérieuses circonstances. Le vieille homme meurt, et cinq personnes dotées de pouvoir hors-norme se réunissent pour les funérailles. La réunion de famille prend une autre tournure lorsqu’un des membres de la fratrie, disparus depuis l'enfance, revient du futur : la fin du monde est dans huit jours
La construction du récit se base sur la réunion de cette communauté, aux vies et choix très différent qui va laisser une belle distance entre les personnages les premiers épisodes de la série. Et c'est dans cette ambiance que chaque profil prend place en nous situant les personnages dans le récit. Le pitch principal est qu'aucun des possesseurs de pouvoir ne semble capable d'empêcher cette fin du monde, tout naturellement l'attention du spectateur se porte alors sur la petite dernière, Vanya (Ellen Page) paria de la portée. Mais si l'histoire reste relativement convenue dans sa forme, un véritable effort de fond est fait pour donner du corps à ses personnages. Le chef de famille Luther, un peu perdu dans son rôle, Diego l'éternel second, en quête de justice un peu effrénée, le junkie qui parle au mort... Bref, si le bestiaire est très classique, l'interaction de ses personnages entre eux va les rendre très plaisants à essayer de déjouer cette fin du monde.
La série se heurte principalement à des défauts qui sont inhérents à sa narration, et peut-être même au monde de l'adaptation des comics en général. Comme expliqué dans le trailer, l'histoire se base sur l'existence et l'emploi (très fréquent) de voyage temporel. Processus faisant partie du top-tier des Deux Ex-Machina, qui mal maîtrisé, font perdre beaucoup d'intérêt au récit. La série arrive à bien en jouer, sans trop botter en touche. Une inconnue dans l'équation scénaristique qui, certes, passe bien. Mais qui amoindris certainement l'immersion très terre-à-terre qu'on peut tisser avec les personnages. Inclure un élément relativisant le récit et ses personnages éloigne le spectateur du monde dans lequel il se projette.
Dans sa présentation, The Umbrella Academy reste propre et distingué. À part quelques écarts de mise en scène probablement provoqué par l'interruption en conférence de scénarisation par un ancien auteur cocaïnomane, la série à un ton relativement neutre et aéré (ceux qui l'ont vue comprendront). Le monde qu'ils essaient de sauver existe, et on le voit à l'écran. Les acteurs sont bien dans leur rôle et le vivent pleinement. Petit regret pour Ellen Page, qui ne joue décidément que des jeunes femmes en pleine crise existentielle ou des psychopathes en puissance.
Mais que retient-on de cette série alors ? Sauver le monde est ici suffisamment magnifié par un esprit de camaraderie qui la rend très appréciable à suivre. Il y'a aussi de la romance mais clairement pas aussi présent que les scénaristes le pensent. La quête de reconnaissance, de soi et du sens de la famille prévaut sur la thématique des super-héros et du côté Watchmen, tout en en gardant l'épique. Et même si le final est un odieux Cliffhanger (j'adore et je déteste ça) que l'on voit arriver de très loin, on valide les dix épisodes d'une heure. En attendant la prochaine fournée.