Tokyo Ghoul
6.5
Tokyo Ghoul

Anime (mangas) Tokyo MX (2014)

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Une série qui a si bien commencé...

Comparaison animé et manga Tokyo Ghoul


J'ai envie de dire beaucoup de choses, mais là c'est trop long rien que sur deux épisodes. Je vais me construire un tableau complet sur l'ordre des chapitres traités dans les épisodes, puis je ferai une synthèse, et quand ce sera écrit, je remplacerai ce qui est ici en-dessous. Mais, je pense que c'est intéressant et que je peux le laisser provisoirement.


Premier épisode : adaptation des chapitres 1 à 5, environ la moitié du premier tome qui contient neuf chapitres.
Deuxième épisode : adaptation des chapitres 6 à 9, seconde moitié du premier tome, et première page du dixième chapitre au début du second tome.
La fidélité au manga n’est pas complète, en partie parce qu’il faut condenser la matière d’un volume en deux épisodes, mais sans doute aussi parce que l’impact d’un animé est pensé différemment et en fonction d’un public élargi.
Les changements dans les deux premiers épisodes :
1. La scène d’introduction avant le générique est superbe pour les images, les symboliques et la tension d’histoire d’épouvante, toutes choses qui n’appartiennent pas au manga qui s’ouvre sur une unique page de scène de nuit avec une goule et un humain victime. Là, il y a un court propos général sur les goules. Dans l’animé, on a une grande scène d’orgie avec Lize et plusieurs cadavres. On a aussi l’introduction très précoce de la goule « Jason » pour donner une raison à la chute des poutrelles et à la mort de Lize dans la suite du premier épisode, alors que cela restera un mystère plusieurs tomes durant dans le manga. Même dans le manga, Jason ne sera pas directement impliqué dans cet acte criminel, mais peu importe. Ce premier changement est nettement à l’avantage de l’animé, question poésie et création d’une atmosphère, même si le choix du manga a un sens, faire une introduction plus feutrée et peu riche en informations autres que ce que rapportera le journal télévisé.
2. L’échange entre Hideyoshi Nagachika et Ken Kaneki assis à une table du bar « L’Antique », juste après le générique, a un contenu différent. Dans le manga, on a le lien d’une émission télé avec le mort de la première page, une intervention du docteur Ogura qui se veut un spécialiste des goules, la remarque d’Hide que l’événement a eu lieu « à deux pas d’ici » et surtout nous avons Hide qui, en blaguant, identifie Ken à une victime idéale de goule, puis le soupçonne d’en être une à cause de ses lectures. Tout cet aspect disparaît de l’animé qui ne garde que la discussion sur les rendez-vous avec une fille et les moqueries d’Hide qui s’ensuivent. On perd toute une introduction du héros bien centrée sur le thème du récit à venir et peut-être aussi un lien, bien que non-dit dans le manga, avec la dérobade affolée de la serveuse Toka. Hide la drague, elle s’enfuit mal à l’aise et Ken s’inquiète d’être viré de l’endroit, on dirait plutôt qu’il a peur de s’y faire une réputation gênante. Cela ne sera jamais dit, mais quand on apprend qui est Toka, on peut comprendre qu’elle ait fui la drague de Hide qui est un humain et qui, du moins dans le manga, parlait justement de goules, deux secondes auparavant. Il faut évidemment relire le manga pour apprécier rétrospectivement la scène. Pour la suite du récit, le traitement d’Hide est problématique dans l’animé. Rien de grave n’est encore arrivé, ce qui pourtant sera le cas par la suite, mais dans le manga on a un moment de gloire et de joie pour Hide dans les deux premiers épisodes, car il va être perdu de vue ensuite, alors qu’il a un rôle souterrain important. On apprendra plusieurs choses dans le manga qu’on n’aura pas dans l’animé, mais donc on a aussi dès le début du manga un Hide prédisposé à s’intéresser aux goules. N’oublions pas que, même si ni le manga ni l’animé ne l’ont dit, on a des indices que Hide a su que Ken était une goule lors du combat contre Nishiki. Dans le manga, il se protège même avec la main, Nishiki constatant qu’il n’est pas inconscient. Dans l’animé, il se retourne dans son lit quand Ken vient le voir, et comme la discussion avec le patron se poursuit, pleine de révélations, on peut bien supposer que Hide a d’abord vu, entendu et compris des choses lors de l’agression de Nishiki, mais qu’il a encore entendu, au moins dans l’animé, mais c’est possible aussi dans le manga, la discussion entre le patron de l’Antique et Ken. Il n’a eu alors qu’à recouper cela avec le fait que Ken ne mangeait plus à sa sortie de l’hôpital. Dès ce moment-là, Hide sait la vérité sur Ken.
3. Les références littéraires disparaissent. Dans l’animé, un roman de Sen Takatsuki rapproche Ken de Lize, mais dans le manga on apprend qu’il s’agit de romans d’horreur, Lize va décrire son attaque contre Ken comme le souvenir d’un passage favori du roman. Le sujet du roman « L’œuf de la chèvre noire » est précisé dans le manga et ça fait lien avec l’histoire de Ken Kaneki : le fils unique d’une meurtrière impitoyable d’abord dégoûté devient lui-même l’esclave de pulsions brutales. Lize est la mère de Ken dans sa transformation en goule. Il y a d’autres références littéraires dans les différents volumes de Tokyo Ghoul : Jung, Nietzsche, Osamu Dazai (chapitre 1), etc. Le premier livre de Takatsuki dont parle Lize est un recueil de nouvelles intitulé Cher Kafka et le héros va comparer sa transformation à un récit de Kafka où un jeune homme se transforme en énorme insecte avec des goûts alimentaires modifiés, il n’aime pas les produits frais mais le fromage périmé (se reporter à deux passages à quelques pages de distance dans le second chapitre, lorsque Ken quitte l’hôpital et n’arrive plus à manger). Á la fin du chapitre 8, lors du combat pour sauver Hide, Ken exploite pour la première fois son appendice de goule. Nous avons droit à une autre citation littéraire : « L’oiseau cherche à se dégager de l’œuf. L’œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire un monde. » Sen Takatsuki reformulera une idée similaire dans Tokyo Ghoul :re, mais ce n’est pas une citation du roman L’Œuf de la chèvre noire : le renvoi est fait à Demian de Herman Hesse.
4. Dans le manga, Ken rencontre plusieurs fois Toka dans la rue, et ce n’est pas très adroit, surtout la première fois car ça crée une coïncidence peu naturelle. Ken se demande comment manger et comme par hasard un homme qui veut se taper Toka dont il a repéré les cuisses est en train de l’agresser. Ken se révélant être une goule, Toka n’hésite pas à tuer son agresseur. Un mérite tout de même, un premier moment où Ken confond l’amitié ou l’amour avec le désir de manger, puisqu’il bave devant les cuisses de Toka à son tour, comme plus tard il justifiera dans son délire de pouvoir manger Hide parce que c’est son meilleur ami. On peut même noter que à moitié humain Ken trouve appétissante une goule, ce qui n’est pas logique dans l’esprit de la série. Seule l’odeur humaine est appétissante pour une goule. Si la coïncidence de cette première rencontre passe mal, en revanche, la série de rencontres permet d’orchestrer de manière plus convaincante le double conflit psychologique qui oppose Ken et Toka. Toka propose naturellement un bras détaché du cadavre à Ken avant de réaliser qui il est, et Ken s’enfuit, horrifié. Toka est mal à l’aise, mais elle refoule cela en disant : « Ce type… il m’énerve. » Cette scène permet de rendre naturelle l’errance de Ken au milieu de la foule quand il identifie tout le monde à de la nourriture. Pour la deuxième rencontre, Ken va voir Toka directement en la suppliant, mais son mépris pour les goules déclenche la colère de Toka jusqu’à l’intervention du patron du bar « L’Antique ». C’est là qu’elle sort les superbes répliques : « Quel goût ont les gâteaux ? », « ça veut dire que pour toi… ma vie est une horreur depuis ma naissance ?! » Enfin, pour leur troisième rencontre, quand Toka sauve Ken de Nishiki, elle veille déjà sur lui et cela se déroule après la prise sous son aile de Ken par le patron de l’Antique. Dans l’animé, les trois rencontres sont transformées en une seule, tous les éléments sont mis bout à bout et donc ont lieu juste avant la rencontre du patron de « L’Antique ». Cela accélère considérablement le rythme avec lequel Ken accepte son état de goule, mais pas tant que ça non plus, puisque tout y est, même si c’est condensé. C’est pour moi le manga lui-même qui aura le tort de ne pas creuser cet aspect génial du récit dans les tomes suivants. Il y a juste un côté moins naturel des dialogues avec Toka dans l’animé.
5. Pour la découverte du plaisir à boire du café et la rencontre avec Nishiki, les données du manga sont un peu différentes. Ken a découvert tout seul qu’il pouvait boire du café avant de rencontrer le patron du bar, et il rencontre Nishiki dans une supérette où il achète quantité de bocaux pour faire du café, sauf qu’il ne s’y passe rien. Dans l’animé, notons que nous avons un ajout par rapport au manga. Hide parle de la sortie de l’hôpital de Ken à Nishiki, sauf que ce personnage nous ne savons encore rien sur lui, c’est un insert propre à l’animé. Deux différences sont à observer quand une goule, Nishiki et Ken, puis Toka, se retrouvent dans une ruelle face à un cadavre humain. La goule est agressive dans le manga envers Ken, mais sympathique dans l’animé. Nishiki arrive et tue cette goule, puis veut tuer Ken. La goule sympathique est une mauvaise idée de l’animé. Elle annonce trop tôt le côté sympathique des goules, mais surtout puisqu’elle était sympathique cela noircit énormément le personnage de Nishiki qui est une des plus mauvaises créations de Tokyo Ghoul avec le gourmet, Kishio Arima et Juzo Suzuya. Le personnage est odieux, il tue une goule, il veut en tuer une deuxième, et il veut même tuer Toka, encore une autre goule. Il prétend que les humains ne sont que du bétail, dans le manga comme dans l’animé, ce qui fait que manga et animé sont lamentables au plan de l’introduction du personnage de Nishiki, puisque nous apprendrons que Nishiki fréquente une humaine, qu’il en est même amoureux, puisque Nishiki va devenir une gentille goule dans la suite du récit. Là, il est abject, et on dirait que l’auteur Sui Ishida a écrit cette histoire sans avoir pris encore pleinement le parti de faire de Nishiki un allié de Ken, une goule surtout qui, plus que Toka avec son amie Yoriko, a un lien très fort, carrément amoureux, avec une humaine. Dans le manga, à la limite la goule anonyme (Kazuo Yoshida, identité délivrée dans un gag de bonus) témoigne de la concurrence sans pitié entre goules, puisqu’elle est agressive, et on comprend que Nishiki n’y regarde pas de plus près au sujet de Ken et Toka. Dans l’animé, vu que la goule anonyme est partageuse et sociable, la cruauté de Nishiki, déjà inexplicable et infondée au plan du scénario à venir, devient encore plus aberrante, elle est encore plus violemment contradictoire avec l’ensemble de la série. En fait, Nishiki est au départ un double de Lize. Ken s’est fait avoir par Lize, Hide est sur le point de se faire avoir par Nishiki. Lize a éclaté Ken, mais des poutrelles en chutant l’ont sauvé in extremis. Nishiki éclate Ken tant qu’il ne sort pas son kagune, mais le kagune de Lize apparaissant sur Ken va être la mauvaise surprise, l’équivalent de la chute des poutrelles pour Nishiki. Et Nishiki sort le même discours que Lize : quel plaisir de bouffer un humain dont on a endormi la confiance. Même si on comprend que, quand il agresse Hide et Ken en même temps il veut se venger de sa mésaventure face à Toka, il est l’équivalent de Lize au plan moral, il sert à montrer l’évolution physique de Ken (humain au corps encore mou, mais un kagune de folie), mais il est un être mauvais. On voit une opération girouette dans la suite du manga, puisque Sui Ishida a complètement réécrit le personnage, au mépris des neuf premiers chapitres, contradiction d’autant plus flagrante que Nishiki est déjà en couple avec une humaine, nous l’avons même déjà vue.
6. Une grosse incohérence est à observer au plan des combats. L’incohérence dont je parle ne peut se constater que rétrospectivement. En principe, même si les goules écailleuses de type Lize et Ken sont les plus puissantes, selon une logique de pierre-feuilles-ciseaux, il y a quatre types de goules et chaque type a un type contre lequel le combat est plus difficile. Toka est une goule de type ailé, on saura que ce n’est pas un type si adapté que ça pour le combat, sauf si celui-ci est très court. Elle triomphe aisément de Nishiki qui sera pourtant considéré dans la série comme l’une des goules parmi quelques dizaines de plus dangereuses et plus puissantes. Ken est une goule avec un kagune écailleux : son premier combat, la première apparition de son kagune, cela arrive contre Nishiki, une goule dont le kagune est assimilé à une queue, puisqu’il sort du bas du dos. Or, ces goules ne sont pas considérées comme puissantes, mais comme sans point faible trop prononcé. Pourtant, selon la logique pierre-feuille-ciseaux, c’est le type de goule qui donne du mal à la goule écailleuse, ce qui n’est pas pertinent du tout puisque rien ne justifie la soudaine faiblesse du type écailleux en réalité, mais puisqu’il y a cette théorie, on constate que Ken qui a encore un corps humain mou que vient d’éclater Nishiki, que Ken qui est affamé et qui n’a donc pas bien régénéré son kagune, explose sans problème le type de goules contre lequel il est censé avoir du mal. La suite de la série montrera largement que l’auteur Sui Ishida ne tient jamais compte de la logique de rapports de forces entre les quatre types de goules, il y aura donc une explication gratuite à ce sujet dans un volume ultérieur du manga.
7. Une petite incohérence du manga disparaît dans l’animé. Au chapitre 7 intitulé « Tromperie », Ken découvre que la goule jalouse de son territoire est un étudiant devenu un copain de Hide. Cette goule fait d’ailleurs l’amour avec une femme humaine, et à ce moment-là on peut se dire qu’il profite de cette femme, mais qu’il compte la tuer, ce qui aurait été beaucoup plus logique et beaucoup mieux pour la suite de la série. Hide débarque sans prévenir et surprend Nishiki en train de faire l’amour. Ken réalise alors que c’est une goule, mais ne dit rien. Il décide d’accompagner Hide et Nishiki pour protéger Hide, sauf que Nishiki leur tend un piège et les amène dans une impasse où il assomme Hide par surprise. Nishiki continue d’affirmer son mépris des humains considérés comme du bétail avec lequel on ne sympathise pas, ce qui était censé n’annoncer rien de bon pour la fille qu’il baisait au sein de la fac. Nishiki pense que Ken voulait manger son ami, cette logique semble se confirmer. Mais le combat se poursuit dans le chapitre 8 intitulé « Kagune ». D’autres anomalies apparaissent. Bien qu’il soit une goule cultivée qui fait des études, liées à la biologie qui plus est, Nishiki ignore le problème des goules qui n’ont qu’un œil de goule parce qu’en partie humaine, ce qui est déjà étonnant. Il identifie l’odeur d’une goule femelle sur Ken, mais ne s’arrête pas à cette anomalie, ce qui peut se concevoir. Mais, du coup, puisqu’il ignore que Ken est un humain devenu une goule à cause d’une greffe, même si Ken lui dit : « Je n’ai rien d’une goule », comment se fait-il qu’à propos du cache-œil Nishiki dise : « Ton bandeau indique… que tu ne contrôles pas tes yeux ? Ce n’est qu’une question de temps, avant… que ta vraie nature soit dévoilée… » Il se pose une question de lecteur qui sait que la transformation est récente, alors qu’il devrait plutôt se demander depuis quand cet œil pose problème et si cet œil a toujours été un problème, comment cette goule a fait pour survivre au milieu des humains en allant malgré tout à l’université.
Rendus esthétiques :
Pour l’animé, je ne vais pas parler des scènes supplémentaires qui lui sont propres, je pourrais à la limite insister sur la discussion entre humains inspecteurs qui assimilent les goules à des déchets. Mon propos sera sur les mérites artistiques d’une série pourtant décriée.
Les deux premiers épisodes de l’animé sont superbes au plan esthétique. Je ne reviens pas sur la première scène avant le générique, sinon pour dire que les images superposées des poissons dans un aquarium sont assez typiques non des mangas ou animés japonais, mais du cinéma japonais. Je songe au film de l’autrichien von Sternberg, réalisateur de l’adaptation en film du roman L’Ange bleu avec Marlene Dietrich, de Shanghai gesture en 41 avec la très belle actrice Gene Tierney, mais aussi d’un film réalisé au Japon avec des acteurs japonais en 52 Fièvre sur Anatahan. Les aquariums sont très présents aussi pour représenter un trouble psychologique du passé qui continue de déranger dans les films de Shohei Imamura, par exemple dans Le Pornographe, puis L’Anguille. Je ne vais pas vous expliquer le symbole dans l’animé, mais il faut savoir que ce n’est pas gratuit. Il y a beaucoup de scènes avec de beaux décors dans ces deux premiers épisodes, ce qui correspond à une tendance de Sui Ishida dans son manga où il insère des dessins adaptés de photos avec un soin particulier pour les formes qui reluisent, les reflets, les sources de lumière. Appréciez les décors avec les foyers étroits pour la lumière, avec les effets de flou, etc., etc., rien que dans les deux premiers épisodes de l’animé. Pour la scène de l’agression par Lize, la lumière nocturne du ciél éclairé par la ville donne une magnifique teinte dans l’animé, on a aussi une poésie de vagues mouchetées de petites billes rouges de sang avant même que Lize ne morde Ken, voire une apparition du kagune en contradiction avec les images suivantes, symbole d’un basculement à venir pour Ken, et nous avons le cliché un peu facile du bruit du tram qui passe au moment où Ken réalise qu’il se fait croquer par une goule. En tout cas, le basculement tragique est bien mis en scène. La greffe est poétiquement traitée dans le manga, mais plus sommairement. L’animé développe une superbe poésie avec le rouge couleur chaude du sang qui devient un signe de vie réconfortant. Le manga offre une unique image symbole de Lize dans le dos de Ken, mais son visage est marqué d’un rire sadique. Le manga est plus réaliste et opte pour un vécu du moment comme une tragédie, alors que l’animé opte pour le contrepoint d’une renaissance agréable. Lize a une étreinte sensuelle avec Ken dans ce rêve. L’animé va reconduire à quelques reprises l’image fantôme de Lize, ce qui n’est pas le cas du manga, et ce sera l’occasion de se rattraper pour souligner et développer les réactions de répugnance de Ken face à son sort. Les ajouts d’une Lize fantôme érotique et inquiétante de désir sont superbes dans l’animé, ce qui fait que finalement on ne regrette pas l’adaptation différente. Dans l’animé, la scène où Ken essaie de manger un hamburger dans sa chambre est remarquable. Le bord du hamburger qui s’ouvre selon les pressions et tremblements de la main de Ken crée une bouche dans une sorte de vis-à-vis avec Ken, ce qui crée une inversion : cet hamburger est sur le point de manger Ken qui est horrifié en quelque sorte. Enfin, dans le second épisode, nous avons droit à une scène d’animé de très grande facture. Ken vient de mettre hors d’état de nuire Nishiki, mais le développement soudain de son kagune a aggravé son état de famine, il est prêt à manger son ami Hide. Dans le manga, vers la fin du chapitre 9 et du premier tome, on a une image volontairement pâle. Ce qui doit être en noir, cheveux et manches du pull de Kaneki, veste sans manche du patron de l’Antique, tout cela est en gris pâle, les deux personnages se détachant sur un fond blanc sans décor. Le patron dit alors « tu es un être unique, qui a sa place… dans les deux mondes. » Ken est stupéfait, et donc ce jeu sur l’encrage est lié à l’effet irréel que produit cette idée. Un peu plus tôt, dans le manga toujours, Ken veut sauver Hide. On a droit à des pages un peu poétiques avec des bordures de cases encrées en noir, et une surimposition entre des cases évoquant des souvenirs du passé et quatre silhouettes blanches de Ken dans le présent au sol qui pense ces cases mais essaie de se relever pour justement sauver Hide. Puis, quand il a mis Nishiki hors d’état de nuire et que son appétit est devenu plus fort, on a une image d’Hide allongé à terre dans une assiette, avec une fourchette et un couteau dans les mains de Ken. L’animé a été moins grossier et plus poétique. La scène où le kagune apparaît est superbe. Le sang de Nishiki gicle magnifiquement, c’est très expressif, et on a une excellente alternance entre les lignes de sang qui gicle et la couleur rouge des tentacules du kagune de Ken. Puis, lorsqu’il veut manger Hide, on a l’apparition du fantôme de Lize. C’est d’ailleurs une grande force de tout un traitement spécifique à l’animé de voir Lize apparaître et conseiller à Ken de manger des humains, on voit vraiment le parallèle avec Ken proie. Ken prédateur est aussi une proie des goules, et la tragédie se poursuit de l’agression de Lize qui, après avoir voulu le manger, veut détruire ses dernières résistances d’humain. La sensation d’irréel est alors créée, avec sans aucun doute des références cinématographiques à l’arrière. Pour créer la plongée dans l’irréel, on a des teintes jaunes qui sont privilégiées, un jaune uni pour dessiner le mur qui fait le pourtour d’une arcade, et des traits gris qui donnent au camion ensanglanté en décor de fond un air d’esquisse, de dessin sans véritable couleur, si ce n’est les parties grisées. Ken et Lize ont pour lignes de contour des formes non noires, mais d’un rouge clair un peu irisé, ils ont aussi des couleurs ternes mais lumineuses irréelles proches du dessin que je commentais de fin de chapitre 9. Repris de dessins du manga, on a le grossissement de la mâchoire de Ken avec la forme marquée des molaires, un renforcement du caractère d’esquisse du décor des arcades et de la camionnette, une apparition spectrale type de Lize sur le dos de Ken, je veux dire il n’y a rien puis d’un coup elle est là puis elle disparaît, on voit du sang sur les arcades qui coule comme un ruisseau, et puis ce magnifique gros plan sur le visage en délire de Ken où s’imprime le fond du décor, puis ce jeu entre l’œil droit (à gauche) de Ken et l’œil gauche (à droite) de Lize, véritable apothéose avant un brusque retour à la réalité avec la réplique de Toka et le plan sur ses chaussures scolaires de mauvais goût. On peut cracher sur cet animé, mais il ne faut pas ignorer qu’il y a une scène artistique pareille de très haute facture. Je sais bien qu’on va dire que le studio qui a fait l’animé semble mal faire beaucoup de séries, qu’effectivement la série animée a plein de défauts, et dans la transposition scénaristique, et dans l’animation et le rythme, mais comment expliquer qu’il y ait pourtant de tels instants de chef-d’œuvre ? Ce que nous venons de dire, personne ne peut aller contre, c’est évident que nous pointons du doigt quelque chose de génial, d’éblouissant, d’artistique…

davidson
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le 29 nov. 2018

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davidson

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