Get in this whirlpool, or get out of it

Transparent aborde d'abord avec justesse et sensibilité le thème de la transexualité, particulièrement du coming out et de la transition sexuelle à un âge avancé. Mais Transparent va beaucoup plus loin que la question du trans parent et explore aussi d'autres thèmes fondateurs qui parlent à chaque humain, dont la compléxité des relations familiales, leur toxicité et leur force parfois, la question de l'identité sexuelle, de la recherche de l'amour. Mais avant tout, Transparent parle d'égoïsme.

Mort Pfeffermann, le héros, est un père de famille déjà à la retraite alors qu'il décide d'embrasser enfin sa vraie nature : celle d'une femme, emprisonnée dans un corps d'homme. La révélation est faite au tout début de la série, et le déroulement des épisodes nous permet d'observer l'onde de choc se propager autour de lui et des conséquences sur ses 3 enfants trentenaires, son ex-femme, et sur sa vie. Transparent balade son point de vue d'un protagoniste à l'autre, tous empêtrés dans leur quête désespérée du bonheur, du bien-être, de l'équilibre qui nous semble souvent impossible à atteindre.

Malgrè une saison 2 entâchée par un déballage sexuel inutile et des problèmes de blancs riches qui s'ennuient sur leurs collines de Los Angeles, Transparent vise très souvent juste. Parce qu'il y a toujours un personnage pour rééquilibrer les débordements d'un autre, la série sait éponger le trop plein de pathos avec des interventions poignantes, comme la magnifique réplique de Raquel, femme rabin (et clairement pour moi un des personnages indispensables à l'harmonie de la série), à Sarah, la soeur aînée des Pfeffermann, alors que celle-ci raconte la récente découverte de sa "spiritualité" : "Spirituality is not finding yourself by climbing through your belly button and out your own asshole and calling it a journey."

Transparent est capable du meilleur comme du pire, à l'instar de ses protagonistes. À son meilleur, elle pourrait presque se présenter en héritier de Six Feet Under. Au plus bas, elle n'est pas moins racoleuse et superficielle que Girls. Une série aussi pleine de défauts que d'émotion.