True Detective
8.2
True Detective

Série HBO (2014)

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Alors que la première saison faisait son petit effet, grâce à ses portraits d'hommes en perdition sur fond de climat poisseux de Louisiane, la seconde s’attache inexplicablement à compliquer une intrigue sans réel intérêt et laisse ainsi sur le carreau ses nombreux protagonistes qui se transforment en poupées désincarnées aux répliques souvent à la limite du ridicule.


Pourtant le décor est présent. Les chemins marécageux sillonnés par McConaughey et Harrelson sont plutôt avantageusement remplacés par le ton plus industriel de la ville corrompue de Vinci et ses alentours aux routes sombres et tortueuses. Une certaine poésie aurait ainsi pu se dégager de toutes ses images aériennes d’autoroutes et d’intersections mais multiplier des plans ultra-léchés à l’envie sans réel désir de créativité ne suffit pas à installer un climat de tension propice aux intrigues policières. Sans doute la faute à la mise en scène qui passe cette fois-ci par plusieurs réalisateurs (contrairement à la première saison) et perd ainsi en cohérence.


Et l’intrigue alors ? Convenue, décousue, complexe à cause de ses innombrables personnages (le format feuilleton n’aide pas ici et il n’est pas rare d’oublier complètement qui était qui d’une semaine à l’autre), elle sombre progressivement dans le Grand-Guignol lorsque le complot se désagrège et que les « méchants » tombent l’un après l’autre dans des scènes dignes d’un « sous-sous-sous » James Ellroy (qui déteste la série d’ailleurs, alors que cette dernière semble constamment essayer de lui rendre hommage à sa façon).


Peut-être trouverons-nous alors quelque salut dans le quatuor d’acteurs principaux ? Que nenni ! Tous plombés par un pathos lourdingue : le flic écorché vif à la femme violée, la femme flic garçon manqué parce qu’enfance traumatisante, le jeune policier tiraillé par ses pulsions, l’homme d’affaire sans scrupule mais quand même sympa parce qu’entouré par pire que lui ; tous se transforment au fil des épisodes en caricature d’eux-mêmes et annihilent ainsi toute émotion qu’on aurait pu ressentir pour leur sort.


Mention spéciale au dernier épisode (un des pires que j’ai pu voir toutes séries confondues), d’une longueur insupportable, qui voit la plupart de ses acteurs se mettre soudain à parler, parler, parler sans fin de leur vie, de leur passé puis disparaître dans des scènes à la symbolique épuisante.


Quelques fulgurances cependant viennent sauver la série du ratage complet : l’avant-dernier épisode, toujours en mouvement, tendu, émouvant (enfin !) ; une scène plutôt réussie d’orgie et de violence ; une fusillade efficace dans les rues de la ville ; le générique captivant…


Mais ceci est malheureusement bien faible face à tout le reste. Trop faible pour nous faire aimer cette saison qui prend la forme d'un accident de parcours.

HenriQuatre
5
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le 14 août 2015

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HenriQuatre

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