Twin Star Exorcists
5.2
Twin Star Exorcists

Anime (mangas) TV Tokyo (2016)

Adaptation animée déplorable d'un manga et d'une histoire à haut potentiel

J'ai lu plusieurs tomes du manga Twin Star Exorcists que j'ai trouvé très bon, avec une histoire vraiment intéressante et fouillée. Je ne sais plus si j'ai lu trois ou huit tomes, mais l'animé me court-circuite un peu, car entre le dixième et le vingtième épisode il y a un mélange que je perçois entre de l'inédit et des choses que j'ai lues dans le manga. Ceci dit, je perçois aussi des différences radicales dans la progression de l'intrigue et il y a aussi un truc qui m'a choqué. On a un triangle amoureux dans le manga et dans l'animé, mais dans le manga on a le héros qui ne peut pas s'empêcher d'être fier de sa maison de luxe et d'y ramener ses amis, et comme il habite avec une des deux rivales, on nous prépare à une confrontation où une amoureuse va découvrir que celui pour qui elle soupire vit justement sous le même toit que sa rivale, comme un vrai couple. Là, dans l'animé, ce truc fantasmatique est complètement évacué. J'ai trouvé ça hallucinant de ne pas reproduire un aspect narratif qui contribue forcément au charme du manga. En revanche, à partir de la vingtaine d'épisodes environ, il devient certain que je ne peux plus faire de comparaison avec les tomes que j'ai lus, mais en gros après vingt épisodes qui passaient bien malgré le rendu approximatif de la trame du manga on a une ellipse de deux ans dont d'ailleurs on ne voit pas l'intérêt, du moins rien de bien nécessaire, et on se retrouve avec l'introduction d'une gamine, Sae. Pour l'instant, je n'en suis qu'au 25ème épisode la moitié donc de la série, je ne risque pas de vous spoiler grand-chose. Mais, en gros, cette gamine, on entrevoit qu'elle est l'enfant que les deux enfants dits des étoiles jumelles doivent faire.
En effet, les deux personnages principaux sont au départ de très jeunes ados de 14 ans qui, à cause de leurs spécificités, sont voués à faire un enfant ensemble. Le concept est intéressant. En effet, d'un côté, ses enfants sont impliqués dans des combats, de l'autre on a des entraîneurs qui débarquent chez eux pour les entraîner non pas à se battre, mais à rapidement avoir un enfant, et donc ils veulent les entraîner à progresser au plan amoureux. A leur grand dam, ce n'est pas l'un de ces deux ados qui sauvera le monde, mais leur enfant. Ils ne doivent pas devenir forts et se battre, mais au contraire vivre en paix et fonder une famille, ce qui ne leur plaît pas du tout. En plus, ils sont timides comme pas permis, et cette timidité ne passe, même une fois qu'ils s'entendent bien. On pourrait croire que l'ellipse des deux ans a servi, ben non pas du tout. On leur a accordé deux ans pour faire leurs preuves au combat et après il faudra faire un enfant, sauf qu'après deux ans la catastrophe est là et il est trop tard pour réparer cette erreur du délai qu'on leur a accordé. Mais, bref, dans le scénario, on peut effacer ces deux ans, l'histoire de leur entraînement, puisqu'objectivement tout cela revient au même. Leur amour n'est qu'au début, leur enfant n'est pas lancé et la situation s'aggrave. Rien ne justifie cette ellipse de deux. A la limite, ce qui serait justifié, c'est plusieurs ellipses de quelques années pour qu'ils arrivent à l'âge légal pour faire un enfant. Mais c'est là que la série part en sucette. Peu après le vingtième épisode, donc après l'ellipse de deux ans, nos deux héros découvrent une fille dans le monde des monstres qu'ils combattent, et sans trop se poser de questions, ni se méfier, il l'adopte. Moi, j'ai d'instinct pressenti que cette fille était un monstre, mais quatre épisodes plus tard, force est d'admettre que non : elle se met clairement en place en tant que fille adoptive du couple, et donc en tant que fille qui sauvera le monde en tant qu'enfant des étoiles jumelles. Bref, c'est de la merde au plan du scénario. Tout l'intérêt du couple qui doit s'unir pour faire un enfant est foutu en l'air. Un enfant magique leur tombe dans les pattes, et cet enfant représente une des choses dont j'ai le plus maximalement horreur dans les animés japonais. C'est la fille gaga qui gazouille comme un bébé gentil et qui pose des questions niaises, mais qui a une intelligence phénoménale pour apprendre à parler rapidement, à lire les choses les plus pointues, à apprendre à coudre à la perfection en dix minutes, et j'en passe et des meilleures. Depuis quatre épisodes, je suis là à prier pour que cette enfant meure dans les cinq minutes, à la fin de l'épisode, sinon au milieu du suivant, mais je sais que ça n'arrivera pas, et je vis désormais le visionnage de cette série comme une torture, où pour me défiler il ne me reste qu'à faire un arrêt sur image et à taper du pied vers l'écran plusieurs fois dans la direction du visage poupin insupportable de cette fille. Pour couronner le tout, on a l'épisode du monstre qui est un lion et qui veut voir de belles choses et qui sympathise avec la fille. Le monstre est purifié par des personnages secondaires, on le pleure, et la petite fille continue ses risettes d'enfant gâtée. Quel cauchemar ! Comment je vais faire pour regarder l'autre moitié de la série ? 25 épisodes avec cette horreur que je déteste de toute mon âme ! Ce n'est pas les mignardises que je déteste, encore que !, c'est vraiment leur utilisation avec un personnage qui a en même temps une maturité anormale, une lucidité, des connaissances encyclopédiques, etc., etc. C'est l'enfant et l'adulte à la fois, c'est à vomir, c'est tellement contraire à la vie. On n'admire pas un adulte formé qui fait le bébé. J'ai horreur de ce genre de conneries, mais horreur. Enfin, bref ! La série ne vaut que pour ses 20 premiers épisodes sauf qu'il ne lance que l'histoire à venir, et donc il va falloir lire plutôt le manga en espérant que cette Sae n'y figure pas de la sorte.
Les 20 premiers épisodes sont tout à fait prenants. On apprend progressivement pourquoi le garçon ne veut plus être un héros tueur de monstres, il y a des révélations qui se superposent et qui font aussi un peu plusieurs virages à 180°, un peu trop rapides et sous-exploités, mais c'est bien fait quand même. On a d'autres bonnes révélations sur les autres personnages, les deux rivales amoureuses ou les autres guerriers chasseurs de monstres dits impurs. Même s'il y a des ingrédients classiques, le tout est lié de manière originale, il y a une vraie histoire et une histoire bien articulée avec le développement psychologique des personnages. On n'a pas de la psychologie fine, mais on a tout de même une histoire en phase avec les réactions des personnages, et le mystère de l'intrigue va de pair avec les mystères des personnages. Le frère de Benio Adashino a peut-être quelque chose de moins convaincant dans l'invention scénaristique, mais j'évite de vous le présenter et donc de spoiler. Il y a quelques scènes dures émotionnellement, il y a des morts, même si cela ne concerne pas trop le présent des personnages principaux et secondaires jusqu'à présent. Il y a en tout cas des drames du passé et des anonymes qui meurent dans le présent. L'animation n'est pas toujours remarquable et j'ai du mal avec les mouvements de lignes obliques, les apparitions d'étoiles sur les ennemis et leurs explosions-disparitions soudaines, cela fait mauvais jeu vidéo. Les couleurs sont choisies lors des combats dans le monde parallèle dans des teintes rouges. Cela crée une identité, mais cela a un prix aussi. Les images sont moins belles à voir. Sans que les dessins des monstres soient toujours soignés, il y a un bon imaginaire, on a des créatures expressives, des scènes qui captent l'attention, des décors qui ont une esthétique particulière. Les têtes des personnages sont plus passe-partout et sommaires, encore que Benio Adashino a un excellent visage qu'elle soit à quatorze ans ou six ans plus jeune. On a un personnage avec des cernes en permanence, ce qui est pas mal non plus comme idée significative, et le héros a les mêmes dents pointues que le héros de Fire Force. La femme habillée à la mode de l'entre-deux-guerre est introduite de manière intéressante avec les fleurs sur le canapé, puis son entraînement est très bien conçu dans sa nature comique.
Si j'avais fait cette critique avant le vingtième épisode, j'aurais dit que j'allais regarder cette série jusqu'au bout ne pouvant lire tout le manga. Or, là, je suis très inquiet. Je vais essayer de regarder la suite de la série, mais je pense que ça va partir en vrille, que cela doit s'éloigner franchement du manga et que seule la lecture du manga me réconciliera avec le scénario, car vraiment j'attends beaucoup de cette histoire, mais j'ai compris que ce serait sous la forme du manga, l'animé c'est cuit. Je mets quatre étoiles, mais c'est une note en partie pour ne pas couler le manga, sinon je mettrais deux étoiles. Pas plus.

davidson
4
Écrit par

Créée

le 8 juin 2020

Critique lue 548 fois

davidson

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