Valhalla lala...

Quid de cette série TV canado-irlandaise au buget plutôt confortable, narrant les aventures et conquêtes de cette peuplade scandinave en tentant d'y apporter une dimension historique et formelle disons réaliste ?

C'est plutôt bien fait, la reconstitution historique est plutôt réussie, tournée dans des décors naturels splendides (en Irlande notamment), cette série TV présente quelques développements intéressants au fil des saisons. Néanmoins ce que l'on gagne en réalisme, avec force et fracas, on le perd en qualité narrative. Les producteurs, a trop vouloir en montrer, tombent souvent dans le pathos, et l'écriture est sacrifiée sur l'autel de la démonstration.

Oui, les scènes de bataille sont plutôt réussies, très réalistes dans leurs approches, on frappe, ça saigne, c'est assez radical démonstrativement parlant, mais voilà, la trame en prend souvent une sacrée claque. Ça manque de saveur. Les personnages sont certes montrés dans toutes leurs caractéristiques, on a compris ce sont de grands guerriers, ils savent manier la lame, ils sont sévèrement burnés, mais voilà ce qu'ils gagnent en outillage, ils le perdent en crédibilité.

Les interprètes ne sont pas du meilleur acabit, même si l'acteur principal, l'australien Travis Fimmel (prochainement dans l'adaptation cinématographique du jeu vidéo Warcraft) est taillé dans la pierre runique viking, comme un rock, buriné et tout, son jeu mono-expressif a tendance parfois a lui faire perdre en crédibilité ce qu'il gagne en présence. Mais le sommet est atteint avec le personnage du constructeur de drakkars, Floki, interprété par le suédois Gustaf Skarsgard qui en fait tellement dans le cabotinage et l'excès de mimiques, qu'il en devient insupportable. La jolie Katherine Winnick, interprétant quant à elle la guerrière sexy Lagherta, est plutôt intéressantes formellement (sic!) sans mauvais jeu de mots, mais est souvent effacée et distante. Reste quelques seconds couteaux au faciès bien appropriés qui ne dépareillent pas dans la démonstration barbare.

Quant à la mise en scène, elle reste plutôt maîtrisée, offrant quelques batailles d'un bel acabit, mais sacrifiant un réalisme très souvent mis en avant au profit de quelques effets démonstratifs extrêmement voyants et au jeu limité des interprètes. Malgré une approche plutôt viscérale quand il s'agit de filmer les combats, brutaux et très près des corps, au cœur de la castagne, immersif, les réalisateurs oublient parfois la maîtrise de leur cadre, c'est filmé de trop près, le grand angle bordel !!! que les réalisateurs d'aujourd'hui revoient les classiques des vieux maîtres, les Kurosawa et autres John Ford, leur façon de magnifier le cadre quand il s'agit de filmer une bataille.

Au-delà de ces considérations, cette série possède des qualités indéniables, un vrai souci de montrer l'évolution de cette peuplade, avec ces us et coutumes, en les filmant au plus près et en développant leurs manières et pratiques avec un vrai souci de réalisme, des décors naturels absolument splendides et une vraie volonté d'accroche historique narrative.

Une vraie et bonne série B avec une volonté de montrer, et un permanent souci de réalisme, qui malheureusement ne parvient jamais, à cause de ces excès trop voyants et son interprétation limitée, à accéder au niveau supérieur. Ce qu'une production historique comme Rome par exemple avait parfaitement réussie, subtil dosage entre approche réaliste et mise en scène au cordeau. Le Vikings de Michael Hirst (créateur des séries Les Tudors et Camelot) n'y parvient que très rarement.