Voisin, voisine
4.3
Voisin, voisine

Série La Cinq (1988)

Durant les troubles adolescents, tout est bon pour aplanir, même temporairement, son équilibre psychique et oublier l'angoissant tic-tac de l'insomnie.
La thérapie commence par le Menuet de Boccherini sur fond de générique apaisé où défile un beau Paris d'illuminations nocturnes, partant de la Concorde pour finir sur la cage d'escalier d'un immeuble Hausmannien.
La paix s'installe déjà, et prend le contre-pied total de toutes ces productions dont le seul mot d'ordre est d'insuffler de l'angoisse par paquets de douze.


Comme Les filles d'à-côté, Voisin Voisine offre le cadre rassurant de huis-clos en appartements, à l'abri de la violence du monde extérieur. Mais le ton y est encore plus feutré, plus rassurant, indéniablement plus mature que l'autre série cousine.


Et on se sent bien avec ces acteurs qui ne crient presque jamais. Les voisins n'appelleront pas la police pour tapage nocturne.


Les histoires sont toutes simplettes, jamais graves, totalement inscrites dans la banalité du quotidien, presque du Houellebecq avant l'heure, sans le constat de la médiocrité humaine.
Pas besoin de pop-corn ou de barres chocolatées, ici tout s'observe avec la sérénité du chat allongé sur son plaid, et qui sait d'avance qu'il ne sursautera jamais.
Jamais série ne sera autant raccord avec sa plage horaire de diffusion, exclusivement adressée aux authentiques hiboux.


Cette atmosphère relâchée, ses histoires transposables dans notre vie réelle, facilitent une identification totale aux personnages (qui pourraient être nos propres voisins) et rendent le tout bizarrement hypnotisant.


Car je me souviens que la plus grande joie éprouvée à la fin de chaque épisode... était d'en voir démarrer un nouveau. Encore 52 minutes dans une bulle d'humble bonheur, de personnages familiers qui deviennent très facilement nos amis.


C'était avant Internet, le Bataclan, les crispations identitaires, le cynisme décomplexé, et le sentiment de schizophrénie générale.
C'était Voisin Voisine, et c'était un havre de paix, désormais disparu.

franckwalden
8
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le 12 déc. 2016

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Franck Walden

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