J'avoue que le premier épisode m'a laissé perplexe. Lent, prétentieux, pas spécialement bien filmé et difficilement compréhensible... il aura fallu lutter pour trouver le courage de regarder la suite, et surtout suivre la "hype" (ô combien méritée) qui a entouré l'épisode central de cette série-monstre. Un épisode qui emporte toute cette saison avec une force centripète, dévoilant l’importance de ses enjeux narratifs de manière absolue et nous amenant exactement là où Lindelof voulait nous mener avec une finesse rare.
Quand on l'observe, cette série semble être l’objet le plus courageux qui ait été fait pour la télévision depuis longtemps. Courageux déjà par sa conception (faire une suite à un monument littéraire, continuer une histoire qui se voulait finie plutôt que de jouer sur le doudou mémoriel…), dans son geste (Créer une parité homme / femme dans l'équipe de réalisateurs, confier à un réalisateur black la mise en scène d’un épisode central sur la haine raciale) et bien entendu dans son propos, en prenant un massacre raciste oublié de l'histoire des USA et en le replaçant au centre du récit, pour forcer les spectateurs américains à regarder leur histoire dans les yeux.
Cette saison n'est certes pas exempte de défauts : il faut se coltiner les envies parfois lourdingues de faire du mystère avec un rien de Lindelof et quelques délires un peu obscurs, mais malgré tout, la liberté prise par la série de ne rien résoudre avec facilité, la qualité de son écriture qui envoie chier tous les clichés du genre (des poncifs du style: "Je suis ta descendance, tu es donc obligé de m'aimer et de m'aider" passent à la trappe) et surtout son inventivité, sa liberté, qui laissera peut être certains de côté procure un plaisir immense et un sentiment de liberté en s’émancipant de toutes les règles et de beaucoup de normes.
Bref, une des plus belles série de la décennie, où un des héros regarde le spectateur dans les yeux pour lui dire :
« - I had 8 years to kill, I needed a valuable opponent.
- Was I ?
- No. »