Wayward Pines
6.4
Wayward Pines

Série FOX (2015)

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Une série envoûtante aux inspirations multiples

Réalité ou fiction ?


Wayward Pines, Idaho : un homme se réveille en pleine forêt, un gros plan sur ses yeux injectés de sang donne le ton de l’épisode qui sera froid, intense et effrayant. Cet homme, c’est Ethan Burke, special agent parti à la recherche de deux de ses collègues disparus. Il se réveille dans un hôpital étrangement silencieux, complètement vide si ce n’est la présence dérangeante d’une vieille infirmière au sourire trop appuyé pour être sincère, interprétée avec conviction par l’actrice Melissa Leo. Il fuit l’hôpital, erre dans la petite ville en apparence tranquille, rencontre Beverly (Juliette Lewis) qui va l’aider dans sa quête, lui filant l’adresse d’une maison bien flippante où il trouvera le cadavre décomposé d’un des agents recherché.
Le showrunner Chat Hodge s’amuse alors à complexifier l’intrigue : pourquoi Bervely retorque t-elle « I’ve always believed you » à Ethan alors qu’elle le connaît depuis cinq minutes ? Pourquoi des cassettes sont-elles cachées dans les fourrés pour reproduire le bruit des criquets ? Quelque chose ne va pas dans cette ville trop calme, trop normale : on pense immédiatement au Truman Show et à ses maisons en toc, ses habitants fictifs et son quotidien effroyable de banalité.


D’autres références viennent en tête, en premier lieu desquelles Twin Peaks (ne serait-ce que pour le panneau d’entrée). Wayward Pines tend à créer une atmosphère d’étrangeté similaire à la mythique série de Lynch et Frost : sans en avoir la force esthétique, la tension nous tient bel et bien aux tripes. On pense aussi à Lost, bien sûr, pour le côté hermétique du scénario mais aussi aux romans de Stephen King. Wayward Pines est un savant mélange de références diverses qui puisent principalement dans les genres de l’horreur-fantastique et du polar.
Et puis les événements incompréhensibles s’enchaînent : l’impossibilité de joindre l’extérieur, de prévenir sa femme et son fils qu’il est bel et bien en vie, la disparition soudaine de Beverly alors qu’il tentait de la retrouver… Puis, dès la moitié de l’épisode, la supercherie est plus ou moins révélée au spectateur. A contrario de Lost, où les réponses ne viennent jamais assez vite, les showrunners ont ici tablé sur un rythme narratif frénétique où pleuvent régulièrement des révélations-chocs : on apprend alors qu’on désigne Ethan par un numéro, « 101628 is not doing well », étrange façon que de numéroter les gens comme du bétail.


Dans nos têtes de spectateur, ça travaille dur : s’agit-il d’une expérimentation grandeur nature ? Les autres habitants sont-ils au courant de l’imposture ? Ethan croise la route de Kate, l’agent disparu. Il la connaît bien puisqu’ils ont été amants : on s’imagine donc qu’il va enfin avoir des réponses sur ce qu’il se passe vraiment. Kate n’est plus la même : mariée, elle a troqué ses cheveux courts d’agent secret pour une permanente de parfaite housewive. En fait, elle semble surtout terrorisée à l’idée d’être surveillée « They’rs watching us… They’re listening » lui dit-elle. Elle affirme vivre à Wayward Pines depuis douze ans maintenant alors qu’Ethan est persuadé d’avoir été avec elle à peine cinq semaines auparavant… Impossible de savoir qui dit vrai, de distinguer la réalité de la fiction.


Un show qui essaie d’en faire trop ?


La saison 1 de Wayward Pines ne comptera que 10 épisodes, un format compressé qui permet aux créateurs de nous offrir des épisodes haletants sans trop étaler l’intrigue comme pouvait le faire la mythique Lost. Cependant, le défaut de ce show réside justement dans cette peur constante d’ennuyer le spectateur, un défaut qui mine nombre de séries américaines et qu’on ne retrouve pas par exemple dans l’excellente Bloodline. Wayward Pines ne prend pas le temps d’installer les bases. Dès la fin du pilote, on sent que la série va tourner à la Under The Dome. Ethan tente de fuir en voiture, sort de la ville mais y retourne aussitôt. Il grimpe sur les sommets et se retrouve nez à nez avec une gigantesque muraille de chine électrifiée qui emprisonne les habitants. La série développe alors sa première et directe référence au Prisonnier, série britannique des années 60.


L’épisode pilote a été réalisé par M. Night Shyamalan lui-même. Après ses récents échecs cinématographiques, on se dit qu’il a bien fait de passer au petit écran : pour l’instant, Wayward Pines est une série prometteuse, intrigante, addictive qui profite d’un casting assez exceptionnel (Melissa Leo, Juliette Lewis mais aussi Terrence Howard de la série Empire). La diffusion de la série a débuté le 14 mai dernier sur la chaîne FOX.


Plus de critiques sur Once Upon A Show

Claire_Marchal
7
Écrit par

Créée

le 16 mai 2015

Critique lue 2.1K fois

10 j'aime

Claire Marchal

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