Westworld
7.6
Westworld

Série HBO (2016)

Cette année, la chaîne américaine HBO a dû se lancer dans un pari risqué mais indispensable à sa survie : trouver un successeur digne de ce nom à Game of thrones, puisqu'il ne reste plus que 2 saisons à la série la plus génératrice de hype de tous les temps. Pari perdu d'avance ? Peut-être pas.
HBO a donc fait confiance à Jonathan Nolan (frère de Christopher Nolan qu'on ne présente plus) et à sa femme, Lisa Joy pour l'adaptation d'un film de 1973.
Je me suis donc lancée dans le visionnage de cette série sans savoir où je mettais les pieds. Le pitch de départ ressemble à une mauvaise blague. Tenez-vous bien, nous allons mélanger science-fiction et western ! Un mélange a priori détonnant qui m'a fait immédiatement penser que d'autres s'y sont déjà essayé : Cowboys et envahisseurs pour ne pas le citer (on a les références qu'on peut).
Pourtant, le générique seul suffit à me scotcher. Voilà des mois que je me demande quel serait mon générique de série préféré, ou en tout cas celui qui mériterait le prix du Meilleur générique de série, et le voilà. Son esthétisme est superbe. La fabrication fine et précise des êtres, humains et cheval, est merveilleuse. La référence au western est subtile et ne casse pas le thème. La musique accompagne parfaitement le déroulement des images. Et, comme je l'apprendrai plus tard en regardant la série, la métaphore est parfaite pour accompagner le propos, en particulier grâce à ce piano automatique.
Et dès le début de la série, c'est également l'esthétisme qui m'impressionne, que ce soit dans la partie western ou science-fiction. Le far west, très joliment recréé, nous offre une vision assez "propre" d'un western. Les décors sont grandioses et très lumineux. Les personnages, conçus uniquement pour servir la narration, sont simples et facilement compréhensible.
Côté laboratoires, l'ambiance est toute autre. Construits sous terre et éclairés à la lumière blafarde des néons, l'atmosphère rend facilement claustrophobe. Les pièces au design sobre et minimaliste renforcent le côté ultra clinique. Chaque employé devra garder la tête froide et ne pas oublier qu'il travaille avec des objets, non des êtres humains, pour ne pas tomber dans la folie face à la nudité de leurs interlocuteurs ou aux cadavres qui s'entassent.
La dualité des mondes passe aussi par les personnages, beaucoup plus profonds, complexes et humains sous terre que dans le far west. Tous interprétés avec talents, en particulier avec la présence au casting d'Anthony Hopkins et Ed Harris.
Si la série gagne en profondeur et en force au fur et à mesure de son avancement, cela veut également dire que les premiers épisodes traînent un peu la patte et ne m'auront pas totalement accrochés. Le "couple" Dolores-Teddy est bien mignon, mais leur côté lisse ennuie rapidement. La liaison secrète de Bernard est bien sympa, mais en quoi est-ce qu'elle nous intéresse ? Et à quoi joue cet idiot d'employé qui joue à réparer un oiseau au risque de perdre son job ? Il faudra prendre patience et attendre les premiers retournements de situation pour comprendre, petit à petit, que la série a beaucoup plus à nous proposer.
Et quels retournements de situation ! Si, comme moi, vous vous laissez simplement porter par la série (et restez à l'écart d'Internet, où tous les mystères ont été résolus très vites), vous irez de surprises en surprises. J'ai pour ma part presque regretté ma passivité quand on m'a enfin révélé ce qui était caché sous mes yeux depuis le début, telle une peinture qui révélerait une deuxième image cachée.
La série se bonifie petit à petit, les personnages deviennent de plus en plus attachants, et l'on découvre les faces cachés et les ressources insoupçonnées de chacun... jusqu'au fabuleux final où chaque personnage a enfin révélé sa véritable nature.
La série aura réussi, l'air de rien, à nous faire réfléchir à des sujets philosophiques, comme l'identité, la conscience, la liberté... Et pas seulement du côté des hôtes.
Je vous conseille donc grandement cette série si vous ne l'avez pas encore vue, mais en restant bien à l'écart des sites explicatifs ou de théories, histoire de ne pas vous gâcher le plaisir. D'ailleurs, qu'est-ce que vous faites encore là ! Fermez-moi tout de suite ce navigateur Internet avant de vous faire spoiler !

Skara_B
8
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le 18 déc. 2016

Critique lue 276 fois

1 j'aime

Skara_B

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