Westworld fait partie de ces séries grand spectacle dont seul HBO a la recette. On y trouve tous les éléments d’un show bien écrit et ambitieux, capable de plaire à un public pointilleux et hétérogène. En contrepartie, ça ratisse large : avec autant de thèmes, d’intrigues et de retournements de situations, la série plonge définitivement dans le « too much » lors de la seconde partie d’une première saison qui commence pourtant avec les promesses d’une réflexion sur la nature de l’humanité et notre rapport à la machine.
Il y a autant de choses qui m’ont fasciné que déplu dans la saison 1. Forcément, difficile d’être insensible face à l’ambiance particulière dans laquelle baigne la série : le glauque futuriste d’une société qui crée des humanoïdes et bien sûr la nature même du parc Westworld. Sans garde-fou, c’est à dire sans contrainte sociale, devenant des êtres immortels, les visiteurs se rêvent la vie qu’ils n’auront jamais. Ils tuent, violent et barbarisent les robots dans des actions plus violentes les unes que les autres. Devenez vous-même qu’ils disaient !
Devant cette infâme cruauté, illustrée par d’innombrables scènes gores (le too much commence ici), les androïdes voient leur comportement changer. A force de vivre chaque jour la même boucle, à subir le pire, leur conscience se réveille. Mais cette prise de conscience finalement rapide retire peu à peu la verve méta de la série pour multiplier les scènes d’action jusqu’à l’épisode final d’une heure et demie qui assume totalement cette tendance.
Ce n’est clairement pas pour son côté western qu’on appréciera cette première saison. Un monde finalement bourré d’archétypes et de lieux communs d’un genre cinématographique anobli qui peut certes s’expliquer par la nature artificielle du parc créé de toute pièce, mais qui accentue peut-être le caractère prétentieux de la série. A l’image de ces innombrables intrigues, pas toujours intéressantes, animées de twists incessants et grandiloquents qui font souffler le spectateur bipolaire, endormi par d’interminables dialogues puis réveillé par de l’action effrénée.
Westworld, dans ses archétypes, utilise aussi pleinement ses personnages à la subtilité inexistante. Une sensation accrue par l’utilisation très Anthony Hopkins de Anthony Hopkins (le vieille homme mystérieux et impassible) ou très Ed Harris de Ed Harris (le bad guy). Les personnages les plus humains sont sacrifiés sur l'autel du sensationnel.
Cela n’en demeure pas moins une bonne série, ponctuée d’idées originales et d’une esthétique forte. La première saison se clôture de belle manière, réglant les mind-fuck distillés avec plus ou moins de succès pendant 10 épisodes. Pour autant, je ne suis pas certain de continuer l’aventure au pays de l'anti-libre arbitre. Désolé Bernard.