Westworld est réellement, sans ironie, une très belle série. Tout y est formellement très réussi, à la fois l'image, la bande-son, les décors, les personnages ou même le concept qui est plutôt intéressant. En effet, la série est directement très ambitieuse : d'abord parce qu'elle attend beaucoup du spectateur qui la regarde, demandant patience (l'action commence réellement à partir de la saison 2) et une attention particulière tant l'intrigue est compliquée à suivre. En échange de ces deux qualités, la série est très généreuse avec son spectateur, lui offrant des jeux de piste par l'intermédiaire d’œufs de Pâques, un univers riche et une série dense, qui prend son temps, qui approfondit les choses sans trop être racoleuse. Elle s'attaque à des sujets complexes et profonds : d'abord évidemment celui de la conscience, celui aussi de l'histoire américaine ou encore de la religion par de nombreuses références mystiques. Cependant, malgré des qualités esthétiques véritables, une bande-son à couper de souffle toute faites de reprises originales et de signatures inimitables puis des personnages intéressants, je dois reconnaître m'être profondément ennuyé. Je ne sais pas si cela est dû à une trame trop complexe, farfelue et légèrement surfaite, ou alors à un style parfois pompeux et répétitif, voire saoulant, mais la vérité est là : il est possible de ne pas aimer une bonne série, une belle série, parce que l'histoire nous en chasse, et nous emmerde tout simplement un peu. Parfois même, c'est ces effets spéciaux à répétition, ce futurisme ambiant qui donne des migraines. Pire encore, certaines scènes d'action, notamment dans lesquelles les humains sont tués à la vitesse de la lumière par centaine, sont très peu crédibles et sacrifient le réalisme au spectacle.
L'aspect le plus dérangeant de Westworld est peut-être l'idéologie qu'elle défend sans le vouloir, qui est une pensée fondamentalement religieuse, et également platonicienne. Non seulement, la conscience est traitée de manière très détachée de la matière, comme quelque chose qui pourrait s'acquérir de manière quasiment divine, par une forme de chemin intérieur, ce qui est scientifiquement impossible. La question est évidemment intéressante, puisque la question de la liberté est sous-entendue ici : l'être humain est-il totalement libre ou est-il le pantin d'une force supérieure (Dieu, un code, ...) ? L'Homme est-il le fruit de ses propres déterminismes ou de déterminismes qui lui sont étrangers ? Westworld semble malgré tout toutefois épouser les thèses platoniciennes, selon lesquelles l'âme se détache du corps, et dans lesquelles les idées sont maîtres, et les corps n'en sont que des reflets imparfaits. Croire qu'il n'y aurait aucun parti-pris dans une série de science fiction est une bêtise, et sous ses airs de série centrée sur le futur, elle se révèle dans son anti-matérialisme plutôt ancrée dans le passé.