Accident de la scène indépendante américaine devenu un film culte alors que son casting, à l’époque inconnu, est devenu entretemps la crème de la crème de la télévision US, Wet Hot American Summer était un délire aussi original et absurde qu’il pouvait être assommant, voir indigeste, si on ne rentrait pas dans son délire poussif. Quinze ans plus tard, Netflix propose, non pas une suite, mais un prequel en huit épisodes qui voit le retour de la quasi-totalité des interprètes du film, en plus de toute une pléiade de nouveaux venus qui feraient rougir de nombreux longs-métrages.


Ceux qui ont vu le film ne seront pas déçus. Les fans retrouveront avec plaisir l’humour satirique graveleux de leur œuvre culte, ceux par contre qui y étaient indifférents ne verront aucun réel changement de forme ou de fond. Mais il est primordial de souligner une chose : pour voir First Day of Camp, il est presque nécessaire d’avoir vu Wet Hot American Summer – les personnages sont les mêmes, les références ne sont pas de simples clins d’œil mais occupent parfois une storyline toute entière, les running gags sont au cœur même de l’écriture, et découvrir cette mini-série évènementielle sans avoir vu le film d’origine, ce serait exactement comme voir la saison 4 d’Arrested Development sans passer par les trois précédentes.
On a l’impression d’assister à un sketch du Saturday Night Live pas très drôle étiré au maximum. C’est un humour qui marche à petite dose, et il faut dire que le format série sied bien mieux à Wet Hot American Summer que celui d’un film d’une heure trente. On alterne entre un nombre incalculable de gags puérils et quelques scènes très drôles vouées à devenir cultes (le combat dans la cuisine et la course-poursuite) : il y a donc eu un semblant d’évolution. Oui, First Day of Camp surpasse le film de 2001. Plus drôle, plus rythmée, moins fauchée et plus assumée dans sa démarche : on est dans la surenchère constante, avec des dialogues absurdes, des échanges complètement débiles, des personnages stupides et des rebondissements scénaristiques capillotractés. Certains parlent parfois de nanar assumé, mais mis à part quelques effets ringards (le leitmotiv sonore à chaque fois qu’un personnage lance un objet, par exemple), ce n’est pas du tout la démarche de Wet Hot American Summer.
On est plus proche d’un esprit cartoonesque, avec des situations hautes en couleur, comme si on avait superposé les planches d’une BD humoristique. Et c’est peut-être ce qui manque vraiment à Wet Hot American Summer : la mise en scène est un pastiche amusant du cinéma eighties, mais elle se contente de le singer, ne s’essayant jamais à la caricature. Finalement, tout passe par l’écriture, et puisque la plume de David Wain évolue en dents de scie, on passe du pire au meilleur en quelques secondes. Il y a une réutilisation de certains codes, mais elle est loin d’être maligne, s'affirmant plutôt comme très tape à l’œil et pas subtile pour un sou. Certains y trouveront leur compte mais c’est une illustration parfaite du choix facile fait par la série : vulgaire, lourde, brute.


Wet Hot American Summer : First Day of Camp sera l’occasion, pour les fans de la première heure, de retrouver quatre heures durant les composantes de ce qui avait fait du film une œuvre culte il y a désormais quinze ans. Les curieux ne comprendront sans doute pas la moitié des traits d’humour, les aventureux qui n’avaient pas aimé le film de David Wain ne doivent pas, quant à eux, espérer une évolution qualitative hors du commun : au Camp Firewood, vous pouvez dire au revoir à la finesse d'esprit. Finalement, le plus gros intérêt de la série c’est de réunir tant de visages connus sous une même bannière : ils interagissent très peu, certains sont sous-exploités, mais avoir Jon Hamm en guest star, ça vaut forcement le détour.

Vivienn
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le 31 juil. 2015

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