Wingman
6.6
Wingman

Anime (mangas) TV Asahi (1984)

Rigolo. Pour l'animation, c'est malgré soi, mais on revit l'époque où les animés étaient des animés.

On sait que les animés ont mal tourné question scénarios avec des histoires qui se prennent au sérieux, alors qu'elles n'ont à offrir que des power ups ou une orgie de déchaînement violent.
Même si Wingman et Dragon Ball étaient parodiques dans les années 80, il y avait de toute façon une conception décalée du récit. On savait qu'on racontait un truc délirant pour faire fantasmer les enfants et que cela autorisait aussi de montrer l'envers du héros, ses ridicules, etc. Or, l'invention scénaristique était volontiers au rendez-vous au plan du parodique et c'est la bonne surprise que j'ai eue avec Wingman. Premier épisode, premières secondes même, le héros court dans les couloirs d'une école avec un sac et cherche à se cacher pour se transformer en héros de la justice. On se dit que ce début est beaucoup trop abrupt, mais, enfermé dans les toilettes, le héros tourne d'emblée au ridicule, il met une tenue pouilleuse et on comprend qu'il n'est pas ou pas encore le héros annoncé par le titre de la série. La magie scénaristique se met en place ensuite. Le héros fait une entrée improbable dans sa classe dont il a fugué pour punir en tant que forces du Mal un élève qui dort en classe et qui était passé sous les radars du professeur, qui même a l'air indifférent au problème. C'est du scénario complètement absurde à l'ancienne. Qui va spontanément imaginer un élève qui s'est éclipsé on ne sait trop comment au milieu du cours (salle fermée, prof qui donne un cours, il faut franchir la porte...), un élève qui pour dénoncer un "camarade" qui dort en classe va aller se déguiser en super héros, etc. ? Mais, de ce non-sens sort quelque chose qui marche. Une fille est indignée par l'intervention du prétendu héros justicier qui perturbe le cours et explique qu'au moins l'élève qui dort ne gêne personne. Et la subtilité ne s'arrête pas là, puisque parmi les autres élèves plusieurs prennent le parti du super héros contre le dormeur, et la fille studieuse réplique qu'ils sont hypocrites et ne défendent le justicier que parce que ça leur donne un prétexte pour ne pas avoir cours. On a ainsi une superbe façon de portrait du héros : il est dans sa bulle, il n'a pas une mauvaise volonté, mais il est LE problème, et s'il se croit un héros il est un idiot inadapté à la vie en société. Tout le décor est planté, et on va voir que sa détermination sincère va croiser le signe du destin qui lui permet d'être un héros, mais toujours dans une sphère l'isolant de la vie en société telle qu'elle est et les actes héroïques (soit maladresse de sa part soit incapacité des autres à comprendre qu'il y a réellement des dangers de l'au-delà) vont contribuer, par des situations gags, à l'enfoncer encore plus auprès des autres.
Le dispositif est très bon. Wingman fait d'ailleurs partie des oeuvres dont l'incroyablement surestimé Death Note a profité, puisque, après le gag de l'intervention en habit de fortune notre héros rencontre une fille qui tombe du ciel avec un livre qui, quand on écrit dessus, réalise les rêves, et pendant qu'elle est évanouie il commence à dessiner un Wingman en costume amélioré, et tout au long de la série il pourra enrichir les possibilités en effectuant des dessins sur le livre ou en formulant les atouts qu'il se souhaite comme courir à 500 km/h.
Le manga s'adonne aussi au fan service coquin. On a sans arrêt des situations équivoques et on a quelques jeux sur les corps dénudés, mais dans un registre encore soft puisque nous sommes au milieu des années 80. Les scènes sont comiques dans les premiers épisodes, une des spécificités des mangas ou des séries de japanimation des années 80, c'est que l'érotisme torride est porté par des personnages ingénus. C'est largement cette formule qui rendait cela acceptable dans des émissions pour les enfants ou diffusées à des heures de grande écoute, et c'est aussi ce rapport à l'ingénuité qui fait finalement le plaisir du fan service coquin, alors que quand c'est crûment érotique, ça retient tout de suite beaucoup moins l'intérêt spontané des gens, ou en tout cas il n'y a plus qu'une partie du public qui suit.
L'intérêt enfin de la série, c'est qu'Elise, la fille au journal des rêves, vient d'un autre monde et est trop heureuse des dispositions de notre garçon, David Duchemin en VF au point de flatter son désir de devenir héros, mais pour le faire s'accomplir dans un monde parallèle.
Il y a bien sûr l'idée d'un animé parodique des séries de super héros japonaises antérieures, mais il y a aussi un truc assez efficace. Car le héros devient réellement un héros, mais dans un univers de refuge des rêves. Conceptuellement, c'est pas mal du tout, et évidemment il n'est psychologiquement un vrai héros qu'à demi, car s'il a des moments de courage il a aussi des moments de lâcheté, il a ensuite un niveau crasse d'idiotie qui lui colle à la peau. Mais, bref, c'est monsieur tout le monde qui a son jardin secret.
Tout cela est prétexte à quantité de facéties.
Malheureusement, il y a des flottements dans le scénario. Le rapport aux filles est trop envahissant. On a des scènes très comiques, c'est bien, mais elles sont ensuite désamorcées. L'exemple flagrant du début, c'est qu'Elise est arrivée en tenue bien légère, elle est dans la chambre du héros qui l'a transportée jusque-là, et elle lui saute dessus au moment où la mère frappe à la porte accompagnée de l'amoureuse qui a ramené le cartable oublié par le héros. On a une scène facile, mais qui marche très bien grâce au caractère soudain de l'arrivée à la fois de la mère et de l'amoureuse. Le héros enlace une inconnue : la mère fait un malaise et l'amoureuse s'enfuit blessée. L'amoureuse avait été bien introduite, donc la scène fait mouche. Bon, il y a un comique de répétition qui est moins bien amené, puisqu'elle oublie son cartable, revient voir le héros qui est à nouveau dans une situation embarrassante, mais le problème vient après : la fille Elise efface la mémoire de la mère et celle de la camarade de classe. J'ai trouvé que le scénario abusait de son caractère what the fuck pour corriger les dégâts, pour éviter que le développement des personnages ne soit incontrôlable, et ça ça m'a gêné. Il y a ensuite plusieurs flottements qu'on peut constater, on voit trop que le scénario se réarme constamment pour ne pas partir en vrille. Quand je dis "se réarme", c'est qu'il change son fusil d'épaule dès qu'il le faut, c'est aussi qu'il change de direction sans arrêt au gré du gag qu'il a envie de développer. Cela reste un bon divertissement comique, mais on sent trop que ce qu'on regarde est artificiel et gagne-petit. Puis, l'humour parodique pour ce qui est des combats est assez limité, alors qu'au départ j'avais vraiment apprécié l'idée des obus et du fait de courir à 500 km /h au milieu de la circulation.


Enfin, il y a l'animation qui est assez calamiteuse. C'était sans doute encore une animation assez standard dans les années 80, mais ce n'est pas un dessin animé dont on s'émerveille pour sa technique du tout. Ceci dit, cette animation sommaire a son charme et va bien de pair avec les situations cocasses qui poussent à rire. L'animation est un peu à l'image de la connerie des personnages, et ce n'est pas une mauvaise chose en soi.
En gros, la série s'essouffle vite, c'est surtout les trois, quatre premiers épisodes qui sont bien.

davidson
4
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2020

Critique lue 314 fois

davidson

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