C'est moi ou il y a beaucoup de séries norvégiennes en ce moment ? J'ai lu sur Internet que cette série télévisée était la plus chère jamais produite en Norvège, d'après les romans d'un auteur de polars norvégien qui n'est même pas Jo Nesbo. Peut-être que l'adaptation ratée de son "Bonhomme de Neige" a découragé les producteurs du pays.
En tout cas, elle n'est pas mal cette série et se laisse regarder avec un certain plaisir. Pour ceux qui connaissent les romans originaux de Jorn Lier Horst (ce qui n'est pas mon cas), la série est construite sur ses 2 seuls romans traduits en français, mais dans l'ordre chronologique inversé. Le plus récent constitue la première partie de la première (et seule pour l'instant) saison, ce qui, parce que des agents du FBI interviennent dans cette histoire, permet d'intégrer au casting une tête d'affiche américaine (canadienne), Carrie-Anne Moss, certainement pour donner une plus forte audience internationale. Autant le dire pour les fans de l'actrice, son rôle n'est pas fondamental et elle n'intervient que dans les 5 premiers épisodes. C'est toutefois l'occasion d'échanges étonnants entre Norvégiens et Américains sur le rôle de la police et la conception de la sécurité publique, basés sur la menace du recours à la force outre-Atlantique et sur la confiance et le respect des droits des individus du côté des fjords norvégiens.
Cette question de la confiance et du respect des droits entre la police et la population est au cœur de l'intrigue, d'ailleurs. L'auteur des romans étant lui-même un ancien policier. Pour le coup, on a un personnage principal, un enquêteur en chef, très sourcilleux sur cette question et ça change des policiers "border-line" auxquels la majorité des productions du genre nous habituent. Et ça fait plutôt du bien.
Pour autant, l'histoire n'est pas mièvre et les affaires que doit résoudre le héros, aidé de sa fille journaliste, sont particulièrement dramatiques. Et il ne s'agit pas non plus de dresser un portrait hagiographique de la Norvège, pays réputé le plus riche du monde (en tout cas par habitant), puisque les "ratés" de cette richesse sont aussi exposés.
Mais cette problématique de la proximité entre police et population amène la série à adopter un rythme "tranquille", il n'y a pas de "descentes musclées" ou de fusillades à chaque épisode (je n'ai compté que 2 coups de feu en tout et pour tout dans la saison), sans être lente non plus. Il s'agit d'enquêtes où chaque élément nouveau conduit les enquêteurs (policiers ou journalistes) à investiguer dans une nouvelle direction, auprès de nouvelles personnes qui pour l'essentiel se montrent assez coopératives, charge aux limiers d'assembler les pièces du puzzle.
Alors certes, on peut discuter de certaines facilités scénaristiques, qui conduisent notamment les enquêtes du père et de la fille à se rejoindre systématiquement, des résolutions un peu amenées miraculeusement, mais c'est plutôt bien fait, les principaux personnages sont bien dessinés (surtout dans l'équipe policière) et les acteurs qui les incarnent sont convaincants.