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Un genre western plus proche de la saga familiale que d'une véritable ambiance crépusculaire que nous a offert bon nombre de western sur la fin des cow-boys et l'économie émergente.


Kevin Costner aime le western, mais bon. Après avoir eu son premier rôle dans Silverado on retrouve dans Yellowstone l'environnement verdoyant, grandiose et sauvage d'Open Range qui avait su renouveler le genre pour un hommage à ces hommes de l'Ouest. On peut regretter que Costner n'ait pas tourné quelques épisodes de la série, car le portrait qu'il mettait en avant, Sheridan le relègue à quelques scènes de la vie du ranch et des éleveurs, où la lutte contre l'oppression, les déplacements du bétail, le dressage et le lien à l'animal, ou encore les traditions du rodéo et les performances équines sont expédiées au profit d'une peinture familiale faite de bassesses humaines dignes des meilleurs soap.
Dans le genre peu commode, ou d'ambiance délétère, on préférera aussi le revoir dans la mini série bien plus réussie Hatfields and McCoys aux enjeux politico-économiques plus nourris et où l'époque traitée pourra peut-être mieux justifier d'un patriarcat exacerbé.
On y retrouve le chef de famille, le devoir des fils, les traumatismes familiaux et bien sûr, la soumission des femmes dans la vie pourtant bien moderne et bien réglée de John Dutton, grand propriétaire terrien, dictateur invétéré et menant son monde de main de maître. N'hésitant pas à marquer au fer rouge ses employés, à les exécuter aussi, comme au bon vieux temps, auquel à 35 ans on demandera l'autorisation de se marier ou à faire n'importe quoi par peur des représailles du patriarche. Installé depuis des centaines d'années, il en oublierait presque les véritables habitants du cru et sera prêt à en découdre avec tout le Montana si il le fallait.


La famille Dutton et son environnement bucolique est en perte de vitesse et devra passer aux choses sérieuses face aux diverses attaques toutes plus meurtrières au fil des saisons sans trop se préoccuper des lois ou des dommages collatéraux. Seule la famille compte. On doute. Et ceux qui contrent la violence y adhéreront dès lors que leur petit monde sera mis en danger.


Entre propriété de l'Etat et droit de préemption, lutte contre l'expropriation par des promoteurs immobiliers prêts à sacrifier les petits éleveurs, c'est surtout le portrait d'un microcosme d'un autre âge allié aux problématiques d'aujourd'hui. Politique, corruption et économie, traditions ancestrales indiennes et élevage, impact et sauvegarde environnementaux, survolés, sans grands enjeux, où le racisme ordinaire qui prend place par la condition des femmes indiennes soumises aux prédateurs pour appuyer le déni de l'individu est desservi par le manque de force qui se dégage de ses personnages et dessert la lutte des minorités indiennes qui se concentrent encore aujourd'hui dans les réserves. Mensonges et trahisons saupoudrés de nostalgie, de monologues sur l'amour, la fidélité, la foi, la solitude et le deuil servis sous un soleil couchant, le regard au loin, pour tenter de marquer les émotions dans lesquelles chacun se débat ... Amour gloire et beauté.


Sheridan semble bien loin de ses derniers films et se perd allègrement entre western contemporain, film de gangster, oscillant constamment entre dialogues mièvres, et scènes de violences décomplexées, parfois réussies et loupe le coche en caricaturant ses personnages tous plus passifs agressifs les uns que les autres, s'entourant d'acteurs reconnus en pleine débâcle. Mention spéciale à Wes Bentley.


Le Montana et son Parc National de Yellowstone est une bien belle région et on tente alors d'y parler de biodiversité avec la nécessité de conserver les espaces vierges pour les espèces protégées, contre la construction de complexes touristiques, de casinos ou de pistes de ski desservies par un nouvel aéroport. Tout un programme pour un (faux) hymne aux bisons, wapiti, coyotes cerfs, grizzlys et autres truites. Ce n'est pas la remise en liberté d'un cheval incontrôlable dans les grandes étendues sauvages, ou d'un loup bien tranquille, qu'on évitera d'abattre qui va ravir les cœurs, d'autant que les rumeurs de maltraitance sur le tournage, n'arrangent pas les choses.


Le portrait de cette famille semble excuser leurs comportements franchement sidérants, et réducteurs pour un hommage à la brutalité et au harcèlement moral. C'est bien le pire que l'on peut mettre en avant tout en la valorisant.


Perplexité quand tu nous tiens.

limma
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le 1 févr. 2021

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