Arcane
8.2
Arcane

Dessin animé (cartoons) Netflix (2021)

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L’ère de Warcraft est révolue, sa visibilité n’est plus, et ce, malgré une extension originale et compétitive de Defense of the Ancients (DotA). Le jeu d’arène multijoueur de type MOBA a trouvé son successeur dans la mécanique et dans une approche complémentaire, afin d’approvisionner et de fidéliser son audience, qui ne demande qu’à découvrir les richesses d’un monde, catalysé par la magie et la technologie. L’attraction phare de Riot Games les a poussé à étendre leur influence, jusque dans la sphère sérielle, adaptée pour distiller tout le folklore de « League of Legends » avec parcimonie. Animée par Fortiche Production et dirigée par tout un assortiment de collaborateurs français à la réalisation, l’animation dispose de précieux atouts visuels, qui ont déjà fait leurs preuves sur des clips de Gorillaz et Imagine Dragons, en passant par le Marvel Rocket and Groot.


La véritable force de la série réside pourtant dans son autonomie, la même qui ne peut que réconforter le néophyte et régaler un nouveau public, qui n’a pas besoin de passer par le jeu pour pleinement s’immerger dans cette fantasy. L’intrigue prend alors place à Valoran, un des continents de Runeterra, mais plus précisément dans la magnifique cité de Piltover, où l’on y fête fièrement le progrès et la stabilité. Derrière les miroirs éblouissant d’une société qui ne jure que par sa religion et ses convictions, ce sera en périphérie et en contrebas de cette dernière que l’on va suivre l’ascension de deux sœurs. Les quartiers de Zaun nous apparaissent ainsi dépourvus de tout prestige, mais dans cet univers steampunk, il est permis d’espérer que les conflits des classes n’est qu’une affaire mineure dans l’histoire. Le récit s’accroche aux enjeux Vi et Powder/Jinx, qui cherchent une place dans un monde trop grand pour leurs ambitions et trop petit pour leur rage, voire leur folie. Le deuil devient alors un traumatisme qu’il convient de panser, à la force d’une amitié et d’une résilience, qui est toujours consentie.


La violence est d’ailleurs une conséquence qui interroge grandement les protagonistes, qu’ils soient scientifiques (Jayce, Viktor et Heimerdinger) ou de simples orphelins, abandonnés à la rue dans un suvival permanent, où la loyauté peut encore rallonger leur espérance de vie. Le drame intimiste qui touche la rivalité des sœurs constitue ainsi le noyau de la narration, où gravitent la franc-tireuse Caitlyn s’implique, avec une innocence que d’autres payent de leur vie et surtout le baron local, Silco, qui apporte avec lui toute la tragédie qui le consume peu à peu. Les figures féminines n’ont alors plus cette fâcheuse habitude à s’émanciper d’une quelconque emprise patriarcale et on file droit dans un combat intérieur, visant à les rapprocher les unes des autres, tandis que la galerie de personnages masculins vient plutôt générer un climat de tension ou compléter le tableau d’une parentalité de substitution. Dans les deux cas, la qualité d’écriture n’est de cesse soulignée par ses envolées lyriques et dramatiques, également accompagnée une bande-originale harmonieuse, juste assez pour titiller le sensoriel et juste assez pour ne pas servir ce qui aurait pu devenir un long clip publicitaire, ou à défaut une cinématique sans fond et sans continuité.


Il est donc réconfortant de se plonger dans « Arcane » et son folklore de champions, une stimulante aventure d’équilibriste qui a tout pour plaire, quel que soit son public, pourvu qu’il soit averti de sa noirceur et de son ton nihiliste. Cela est d’ailleurs servi par son esthétique, en perpétuelle mutation, entre l’effet peinture 2D et 3D, chaque choix de couleur convoque un sentiment douloureux ou une blessure récente, celle qui ne cicatrisera peut-être jamais. Et là où la série a l’intelligence de croire en son projet, c’est dans la retenue, d’une maturité convaincante et qui va au bout de son propos, tout en laissant entrevoir une ouverture, a priori explosif, mais même là, on sait quand fermer le rideau pour que le suspense et l’angoisse viennent envahir un écran noir, déjà surchargé en émotion pure. Que demander de plus si ce n’est qu’embrasser cet enthousiasme pour une saison de plus.

Cinememories
8
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le 22 sept. 2022

Critique lue 14 fois

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