Reprendre la suite d'un film de karaté pour pré-ado des années 80 et en faire une suite est clairement une mauvaise idée sur le papier. Même si le film a plutôt bien vieilli, la terre de ce champ ne me semble pas assez riche pour construire une série.
Et pourtant, Netlix s'en sort admirablement grâce à des personnages admirablement bien écrits, un humour discret mais efficace et surtout des choix scénaristiques à contre-courant de ce qu'on nous déverse à longueur de temps. En effet, ici c'est plutôt Johnny Lawrence le protagoniste principale à savoir le blondinet issu d'un milieu sociale aisé qui a subi une descente aux enfers et se retrouve maintenant dans les HML où logeait Daniel Larusso dans sa jeunesse. Ce même Daniel Larusso est maintenant bien loin de son image de jeune des cités aux origines hispaniques, ayant pleinement réussi socialement (marié, les gosses, la voiture, la maison...) jusqu'à parfois en devenir puant. Mais cela reste bien amené.
A cela s'ajoute une palanquée de personnages secondaires bien creusés qui remplissent certes le cahier des charges de la diversité si cher à Hollywood. Mais, cette fois-ci de manière intelligente et naturelle. C'est ça qui fait plaisir. Que ce soit l'Aigle qui passe de victime à bourreau, d'Aisha qui gagne en confiance et surtout ce bon vieux Miguel qui reprend en fait le rôle de Daniel Larusso jeune (en plus, il est aussi typé hispanique donc comme ça, on ne peut pas se tromper) mais aussi Sam qui se montre parfois hautaine malgré sa bienveillance: c'est particulièrement bien écrit de A à Z. Du moins durant les premières saisons. Mais, la palme revient tout de même à William Zabka qui construit un Johnny Lawrence au charisme hors normes et porte totalement la série. Que ce soit par son mal-être, ses punchlines tranchantes ("éclate moi cette fiotte") et surtout cet équilibre qu'il arrive à trouver entre la bienveillance et le fait de s'accomplir à travers le karaté: c'est classe.
Cobra Kai est une bonne série car c'est l'école de la vie. Tous les personnages sont humains et ne bavent pas leur manichéisme au coin de la lèvre. Les faibles, les stigmatisés se prennent en main et s'entraînent dans la douleur pour gagner le respect et construire un groupe soudé qui sait faire face. Le harcèlement scolaire, la construction de son identité mais aussi le conditionnement d'une certaine manière sont des thèmes abordés avec passion dans cette série que je continue de dévorer après deux saisons en espérant que la barre soit toujours maintenue aussi haute.
A la fin, ce n'est pas le plus gentil qui gagne, c'est le plus fort!
Je viens de finir la saison 3 où, bien que l'envie de bien faire subsiste, la série éprouve des difficultés à garder la barre aussi haut. Heureusement, elle reste fidèle à elle même mais semble tomber dans quelques facilités de scénario qu'elle aurait éviter en début de parcours. En témoigne le dernier épisode de la saison 3 censé finir sur un ultime rebondissement sauf que la logique m'échappe. Pourquoi les Cobra Kai s'attaquent aux Miyagi et Aigles Vénimeux chez eux? Pourquoi l'Aigle change-t-il de camp pendant le combat alors qu'il sentait ses remords depuis longtemps? Mention spéciale à l'acteur qui s'est tout de même investi en apprenant parfaitement bien le karaté ou d'avoir une très bonne doublure XD.
La saison 5 me semble être la saison de trop car beaucoup trop manichéenne. Le fait que tous les personnages "gentils" se parlent et soient devenus potes ont fait descendre d'un cran la tension des épisodes qui se transforment doucement en série B assumée. Ajoutez à cela un Johnny Lawrence qui devient mature pour nous sortit moins de punchlines et on se retrouve avec une série malheureusement lambda aseptisée. Dommage