Annoncée avec fanfare et trompettes par la critique, la série débarquait sur Arte il y a 7 semaines, avec 5 épisodes hebdomadaires, classés chronologiquement selon l'ordre des rendez-vous des patients du gentil docteur Dayan, à partir des attentats de 2015, élément déclencheur de certains troubles chez les consultants. J'étais donc sur mon canapé dans la foulée, parce que les critiques m'avaient bien vendu l'affaire, mais aussi parce que j'avais envie de revenir sur l'étrange période de 2015. Et aussi parce que j'ai toujours une curiosité pour le fonctionnement de nos têtes complexes de petites bestioles parvenues. Le dispositif m'a tout de suite plu : une demi-heure sans coupure pour restituer le dialogue du psy avec ses patients. Des échanges hésitants ou serrés, avec chacun un ton et beaucoup de ruptures palpitantes et subtiles. Très peu de grandes scènes du VIII, mais des glissements successifs, des reculs et des percées, des silences, quelques révélations... de quoi moudre son grain tout à loisir après, et faire des parallèles avec ce qu'on a pu observer dans la vraie vie. Bref, stimulant. Et incroyablement bien interprété, même par la plus jeune comédienne de la distribution. Et pas attendu du tout : les dénouements ne sont pas autant d'apex salvateurs; au contraire, ils ménagent des entre-deux fertiles, qui donnent envie de voir une saison 2. Bref, une belle réussite, dont il faut souligner aussi la qualité sonore : pour une fois, dans une production française, on entend distinctement tous les mots. Incroyable.
Addendum à la fin de la saison 2 : après l'enthousiasme provoqué par la première, je n'allais pas bouder ces nouveaux développements psychanalytiques, vous pensez bien. Cette fois, c'est le confinement qui déclenche les consultations du toujours très gentil docteur Dayan. Les gens arrivent là déboussolés, stressés, sur le fil, et déballent parfois à contrecœur leurs problèmes, partagés entre l'envie d'en découdre et la réticence à regarder leurs problèmes en face. Le psy est là pour guetter leurs lapsus, décortiquer leurs mots, comme de juste, mais aussi pour franchir à son tour les limites strictes du cadre de la cure, finalement assez contraignantes. C'est là que cette deuxième saison devient palpitante. Pas de baisse de régime avant les deux derniers épisodes (sur 35, c'est quand même fortiche) et une sorte de résolution en forme de prolepse dont l'astuce laisse deviner un certain embarras des scénaristes. Je peux me tromper et, de toute façon, cet épilogue un peu étonnant ne gâche pas le plaisir procuré par tous les autres, superbement écrits et interprétés. Les réalisations sont parfois un peu inégales, mais je ne vais pas balancer de nom, parce que, une fois encore, l'ensemble est tout à fait remarquable. Quelle tuile nationale pourrait bien provoquer une troisième saison ? On en vient presque à l'attendre avec impatience...