Girls
6.6
Girls

Série HBO (2012)

Girls est, paraît-il, le portrait d'une génération. Ça tombe bien, j'ai 21 ans à la sortie de la série. Influencé par plusieurs personnes, je tente.. avant de lâcher au cours de la saison 2 ces personnages atroces. En 2018, alors que la série se termine, je lui redonne une chance car, me dit-on, la saison 6 prouve que tout était soigneusement calculé depuis le début.

Saison 1:


Le narcissisme des personnages et leur capacité à s'inventer des problèmes m'irritent à chaque épisode. A l'époque, j'avais lâché l'affaire au milieu de la Saison 2 tant la série me mettait de mauvaise humeur à chaque fois que je la regardais.

La quantité de filles qui me disent se reconnaitre ou reconnaitre leurs amies dans l'une ou l'autre des héroïnes me pousse à me faire la totale afin de comprendre le mystère autour du succès de la série. On sait jamais, peut-être que je parviendrai à comprendre ma propre génération, puisqu'il parait qu'elle y est dépeinte à merveille, ou peut-être que c'est une fois la série achevée qu'on comprend la démarche de Lena Dunham avec une vue d'ensemble.

Résultat: la Saison 1 est un poil moins pénible que dans mes souvenirs. Juste un groupe de filles qui cherchent à porter l'attention sur elles, au comportement auto-destructeur, qui voient ou créent des problèmes où il n'y en a pas et qui refusent de se prendre en main. Il y a probablement du vrai dans ce portrait mais ça reste agaçant.

Je persiste, on verra bien.


Saison 2:


Pour la faire courte, j'avais à l'époque capitulé en cours de saison 2, les personnages attisant chez moi une haine féroce.

Suite à l'annonce de la fin de la série, j'ai décidé, intrigué par les nombreuses personnes qui ne cessent de louer ses qualités, de prendre mon courage à deux mains et de regarder l'intégrale.

Bilan provisoire: si la saison 1 est un peu moins pénible que dans mes souvenirs, je viens de finir la 2 et je comprends maintenant pourquoi j'avais arrêté les frais. Cette saison, c'est juste l'histoire d'une fille narcissique, immature, geignarde et vilaine comme un pou par-dessus le marché qui, pour une raison qui m'échappe, parvient à coucher avec tous les types à qui elle adresse la parole et qui, lorsqu'elle n'est pas à poil pour le plus grand malheur de nos rétines, passe son temps à se faire plaindre de problèmes qu'elle s'invente ou provoque.

Ses amies n'ont rien à lui envier pour ce qui est du chouinage et chacune reproche à l'autre de ne pas être à leur disposition et à leur service en tant que psychiatre/assistante de vie.

A la limite la Saison 1 avait une histoire, on avait l'impression que les personnages allaient quelque part. La 2 ne fait que tourner en rond avec une des protagonistes les plus détestables que j'aie pu voir. C'est une perte de temps et ça me tape sur les nerfs.

Si c'est, comme ces demoiselles me disent, un portrait de notre génération, je vais finir ermite.

Voilà c'était la version brève. Comme dirait Jean Lasalle, même en la faisant courte il faut 15 minutes dis-donc.

Saison 3:


Une des meilleures (ou moins mauvaises) saisons pour moi. D'ailleurs, la série aurait pu s'arrêter là que cela aurait eu du sens. Shoshanna passe un peu à la trappe, elle qui a toujours semblé à part dans ce groupe "d'amies". Son arc narratif n'apparait vraiment que dans les derniers instants de la saison, comme si Lena Dunham s'était soudainement rendue compte qu'elle l'avait oubliée en cours de tournage. Jessa est probablement le seul personnage ayant de l'intérêt mais son parcours n'est pas dénué de défauts, notamment lorsque Beadie change magiquement d'avis et lui évite des problèmes d'ordre légal. Idem pour Marnie dont les amourettes habituelles pimentent la saison sans pour autant nous convaincre entièrement. Hannah, comme d'habitude, est cette autrice aussi talentueuse qu'exaspérante. Exaspérante, on le voit à chaque seconde à l'écran. Pour le talent, il faudra la croire sur parole. Elle est incapable de rendre son travail dans les temps, jamais personne de qualifié ne se prononce sur ce qu'elle fait, donc excusez-nous de trouver son admission au workshop d'Iowa un peu tirée par les cheveux. A ce sujet, la série esquive ce qu'elle avait pourtant fait de mieux jusque là: mettre Hannah au contact de vrais professionnels du milieu. On avance d'un pas, on recule de deux. C'est bien beau de montrer Hannah à poil ou en train de se nettoyer les oreilles, mais c'est dans l'écriture qu'il faudrait avoir des convictions.

Saison 4:


On prend les mêmes mais on essaie de changer les choses. Encore raté. L'idée d'aller voir dans l'Iowa si on y est n'est pas mauvaise sur le papier et permet un changement de décor qui pourrait bousculer la narration. Il n'en est rien. Pire, en coupant Hannah de son microcosme new-yorkais, c'est toute la série qui fait du sur-place. D'ailleurs, on la rapatrie à New York sans trop tarder. J'ai lu quelque part que le succès de la série aurait empêché Lena Dunham de s'inspirer de son vécu car il n'a jamais été aussi éloigné de celui de son héroïne. Possible. En tout cas j'espère pour elle qu'elle n'est pas comme son personnage. A l'heure où on parle de "toxicité" chez les gens, nous avons ici quelques specimens. Hannah bien sûr, plus que tous, mais aussi Adam, Elijah et Jessa se tirent la bourre pour savoir qui sera le/la plus détestable. Comme le veut l'expression, avec des amis pareils, on n'a pas besoin d'ennemis. Chacun semble souhaiter le pire à l'autre, ça fait plaisir. Et puis ajoutons-y un côté auto-destructeur tant qu'à faire, au cas où les autres sociopathes ne feraient pas le travail. Ceci dit, la galerie de personnages en Iowa n'a rien à leur envier. Tous détestent Hannah par principe (alors qu'ils pourraient faire comme moi, la détester une fois qu'ils la connaissent) et elle le leur rend bien, car elle ne comprend pas qu'on ne puisse pas l'adorer. Soit vous êtes avec elle et dans ce cas vous vous pliez à tous ses désirs, soit vous êtes contre elle.

Saison 5:


Le seul point positif de cette saison est qu'elle est plus drôle que les autres, pour peu qu'on aime l'humour méchant. Le point négatif est que Lena Dunham a moins de choses à nous dire, ou est en panne d'inspiration, du coup elle se met à poil encore plus souvent pour camoufler les défauts d'écriture. On passe moins de temps avec Hannah, ce qui ne peut qu'être bon pour notre santé mentale, mais davantage avec Jessa et Shoshanna, ce qui ne nous sort pas d'affaire. La série semble tout de même plus équilibrée et on ne va pas s'en plaindre. Dans le positif toujours, Lena Dunham s'avère être une réalisatrice tout à fait honnête, le premier épisode étant le meilleur au niveau de la mise en scène. A part ça, la routine: du narcissisme, un penchant sociopathe, des problèmes là où il n'y en avait pas, des remarques blessantes pour rabaisser ses ami(e)s, et toujours ce sentiment que la série avance dans le brouillard avec des personnages qui semblent vouloir atteindre un but très spécifique qu'ils ont pourtant du mal à définir eux-mêmes. Et si la raison pour laquelle ils sont amis était que personne d'autre ne les tolère ? Vous y avez pensé ?

Saison 6:


Voici donc la meilleure saison de Girls à mes yeux. Et non ce n'est pas simplement pour la présence de Riz Ahmed. Hannah s'exhibe plus que jamais mais étrangement cela semble moins gratuit qu'auparavant. L'impression donnée est que les protagonistes ont abandonné l'idée d'être amis, qu'ils ont compris qu'ils n'étaient pas faits pour s'entendre et bizarrement, leurs relations en deviennent meilleures. L'humour fonctionne mieux que dans les saisons précédentes où chaque réplique semblait teintée de méchanceté. Les personnages ont vieilli, peut-être un peu brutalement tant le changement est radical par rapport aux autres saisons, et acceptent ce qu'ils sont/ont. Est-ce une évolution naturelle dont on ne récolte les fruits que maintenant, où Lena Dunham s'est-elle rendue compte qu'il ne lui restait qu'une saison pour conclure ? La question est posée. Une fois qu'on accepte que les filles n'ont que du dédain l'une envers l'autre, la pilule passe mieux. D'ailleurs, elles ne se voient que très peu et si c'est censé représenter la distance qui se crée avec l'âge, notre soulagement est réel. L'épisode 3 avec Matthew Rhys est probablement la vraie réussite de la saison, où on nous montre les choses plutôt que nous les dire comme c'était le cas jusqu'à présent.

Alors que retenir au final ?


Les quatre filles ne sont pas amies. L'ont-elles jamais été ? Il leur aura fallu 6 saisons (plus si on considère l'avant-série) pour comprendre qu'elles sont mieux loin les unes des autres, et c'est peu dire que regarder ce processus aura été douloureux. Six saisons pénibles, avec quelques lueurs d'espoir et des promesses de rédemption ou au contraire une sorte de punition pour cette bande de sociopathes, pour pas grand chose. Certes, la fin est meilleure que le début, mais nous ne sommes clairement pas récompensés de nos efforts.

Est-ce la série d'une génération ? Non, en tout cas je ne m'y reconnais pas. Je me rappelle d'une critique disant que c'était la série représentative des Millennials selon ceux qui n'en font pas partie. Évidemment je manque de recul pour analyser mes pairs, mais moi qui suis à peine plus jeune que les protagonistes et qui ai passé la majorité ma vingtaine à Londres, je n'ai jamais eu l'impression d'appartenir au même monde qu'eux, alors que sur le papier ça aurait dû être le cas.

JakeElwood
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le 11 avr. 2023

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