Il est très rare que je sois aussi sévère sur un documentaire historique, qui plus est d’Arte, qui en diffuse le plus souvent des solides et intéressants. Comme quoi même Arte peut joliment se louper et nous sortir un documentaire ennuyeux au possible. C’est d’autant plus dommage que j’avais vraiment apprécié le documentaire du même réalisateur, Jérôme Prieur, sur les J.O. de Berlin en 1936 (« Les jeux d’Hitler »). Ici, c’est largement loupé selon moi pour deux raisons. D’abord le fond : il n’est constitué que des témoignages d’éxilé(e)s allemand(e)s ayant fui le nazisme, des juifs, communistes, protestants, catholiques, socialistes vivant désormais dans le monde entier. Ces témoignages ont été récoltés par l’université d’Harvard en 1939, donnant lieu à 20 000 pages de récits personnels. Voilà une source intéressante à exploiter : on y entend certains opposants à Hitler expliquer qu’ils souhaitaient que ce dernier devienne chancelier pour démontrer la fantaisie totale de son programme, échouer au final et être obligé de démissionner…On sait ce qu’il est advenu. Malheureusement, ces témoignages sont utilisés tels quels, sans le recul et l’analyse obligatoire qu’auraient permis des historiens et historiennes. On nous les livre les uns à la suite des autres et au téléspectateur de se débrouiller.
Ensuite, une déception aussi sur la forme. Les images (sonorisées) qui accompagnent ces témoignages sont filmées on ne sait où, on ne sait quand ! Quelles en sont leurs sources ???! C’est pourtant la base du documentaire historique ! On devine de nombreux films de propagande du parti nazi, encore faut-il le préciser ! Quant à la narratrice, il s’agit d’Ute Lemper et elle nous lit ces témoignages d’une voix monotone et monocorde qui provoque l’ennui en quelques minutes. Alors, si le but est d’endormir, oui, c’est gagné. Une vraie déception alors que le sujet était intéressant mais traité ici sans aucun recul ni explication qui permettrait de mieux comprendre. Sur l’Allemagne nazie, il y a bien mieux et bien plus intéressant. J’ai arrêté au bout du 1er épisode.