La Momie : Le retour du Chevalier Noir

À nouveau, Marvel Studios rempile avec une énième série à laquelle personne ne devait s'attendre, les précédents programmes télévisés étant tous centrés sur des personnages déjà introduits dans le MCU. Jusqu'à présent, déjà connaître les protagonistes n'était franchement pas un gage de qualité, la moitié de ces séries étant tristement merdique (WandaVision, Falcon and the Winter Soldier et What If remportant aisément la palme) Et s'il y a bien une chose à dire, ce que aussi inconnu qu'était ce Moon Knight à mes yeux, autant m'a-t-il rapidement administré une jolie claque de sa main bandée. La série est excellente, imparfaite mais excellente quand même.

Si j'aurais en premier lieu quelque chose à reprocher à Moon Knight, c'est bien son ambition narrative qui est bordélique à souhait. Certes, plus les épisodes défilent, plus l'ensemble fait sens. Mais après avoir terminé la série, beaucoup de points restent trop peu clairs à mon goût. Ce n'est en tout cas pas la série qui essaye tant bien que mal de m'aider, cette dernière ne se donnant même pas la peine de raconter en profondeur les origines du héros magrébin. C'est pourtant en partie grâce à ce point que Moon Knight brille, sâchant que l'une des personnalités du héros découvre cet univers égyptien et mythique en même temps que le spectateur. L'exposition ne se ressent pas forcée et ne nous prend pas pour des idiots. On en vient alors au point où il est plus que nécessaire de mentionner l'impeccable performance d'Oscar Isaac, parfait dans son rôle de mercenaire torturé et de puceau en marge de la société. Ce duo improbable se pavane dans une intrigue étrange où un gourou en sandalettes (Ethan Hawke dans le rôle de sa vie, si si) fait sortir par un portail des chacals humanoïdes qui se font démolir dans des chiottes de musée par un avatar en bandelettes. Le dit Moon Knight. Oh qu'il est badass ! Étrange mélange entre Batman et la Momie, ce super-héros en a dans le ventre et impressionne lors de chacune de ses apparitions, que ce soit grâce à son look brillamment pensé ou ses combats à base de shurikens en forme de lune. Il est juste très regrettable que les scénaristes aient décidés de faire apparaître le personnage aussi peu souvent. De la momie à cape cassant des gueules, j'en aurais voulu bien plus.

Autre point fort de la série : sa violence. Mais que c'est brutal (pour du Marvel-Disney, entendons-nous) ! Les lames de couteaux dégoulinent de sang, les cadavres gissent dans les rues, les âmes se font aspirer, des momies éviscèrent des humains encore vivants avant d'essayer de planter l'adorable May Calamawy avec un os de bras, tentative se soldant par une fusée de détresse dans le bide. C'est gore, flippant, souvent fun et très rafraichissant. Une audace que je ne connaissais pas à Marvel et à sa clique. Une autre forme d'audacité s'avère être la réalisation des 6 épisodes qui est à chaque fois nickel, Mohamed Diab et le duo Mourhead-Benson faisant preuve d'un grand savoir-faire... enfin jusqu'aux 2 derniers épisodes.

Parce que oui ! À l'image des autres séries Marvel, le final est quelque peu foiré. Déjà l'épisode 5 m'a fait passer un très sale quart d'heure en plongeant les personnages dans les limbes, forçant un retour aux origines ennuyeux et une bouillie numérique infame (c'est visuellement la même chose que l'épisode 5 de Loki), mais alors l'épisode 6, wow ! Sans être mauvais, c'est franchement quelque chose à vivre ! Pour une raison ou une autre, Mohammed Diab s'est dit que faire un final à base de combat de Kaijus devant les pyramides du Caire serait une bonne idée. Je ne m'attendais franchement pas à ça en lançant une série sur un genre de Batman égyptien. Ce dernier a d'ailleurs aussi droit à son combat final improbable où il affronte un Ethan Hawke en pyjama, équipé d'un sceptre Lacoste tandis que la version féminine du Faucon se fait les Djiadistes du MCU. Tout ça n'est pas désagréable à regarder, loin de là... mais c'est quand trèèèèèèès étrange.

Curieux croisement entre un récit psychologique, une aventure au coeur des mythes et une oeuvre super-héroïque classique, Moon Knight surprend et par conséquent plait. Une oeuvre qui ose un peu, tente un peu et diverti beaucoup. À l'image d'une Forêt Noire, j'en prendrais volontiers un 2ème morceau. En attendant, je me délecte de la musique improbable du générique de l'épisode 2, à savoir un rap arabe démentiel créant un décalage agréable qui résume au final bien la série.