Law and order
Il y a des oeuvres où les maigres défauts sont littéralement écrasés sous d'énormes qualités. C'est le cas d'Oz. Car des défauts, il y en a. Commençons par cela. D'abord, une fausse bonne idée :...
Par
le 16 oct. 2012
76 j'aime
40
Je me contenterai ici de livrer un extrait du livre de Gérard Wajcman, "L’œil absolu" (2010), qui dans le passage qu'il consacre à cette série résume parfaitement bien son intérêt central et ce qu'elle dit, principalement du délire de contrôle qui cherche à prendre place dans notre néo-société.
"Une fois qu'on a vu dans Oz l'entreprise de mise à nu des mécanismes de la machine panoptique qui serait celle en vérité de notre société de surveillance, il faut ajouter tout de suite une chose : ce que ça montre, c'est que ça ne marche pas. Et c'est peu dire. Dans cet univers de verre, où tout est supposé être sous le regard, *under control,*on ne compte pas les meurtres les plus atroces, les agressions sanglantes, les règlements de comptes, les trafics. Le degré de violence du moindre épisode de la série - d'une violence jamais complaisante, juste suffocante - est tel que la série a en effet quelque chose d'insoutenable. Si Oz est le modèle de la société, alors il faut se rendre à l'évidence : cette société est catastrophique. C'est-à-dire qu'une des grandeurs de cette série est de construire l'utopie d'un quartier de sécurité comme l'utopie de notre société, et de dénoncer ainsi la société de surveillance en train de naître en ce qu'elle instaure un système carcéral de la société, mais aussi d'y ajouter immédiatement ce fait, que le Panopticon n'a jamais fonctionné. Ça n'a pas fonctionné dans les prisons, ça ne saurait fonctionner dans la société. (...) Mais la série fait surgir une autre vérité et un second renversement plus violent encore. Que le problème de la prison moderne n'est pas strictement le problème des prisons, que la seule question n'est pas de savoir construire des prisons qui soient des lieux de vie sous surveillance. La question de la société moderne est que c'est la vie "libre" qui tend à s'organiser toujours plus sur le modèle de la prison moderne. C'est la société qui est organisée en un lieu de vie surveillé. C'est la vie qui est aujourd'hui sous surveillance."
Créée
le 12 févr. 2022
Critique lue 198 fois
5 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Oz
Il y a des oeuvres où les maigres défauts sont littéralement écrasés sous d'énormes qualités. C'est le cas d'Oz. Car des défauts, il y en a. Commençons par cela. D'abord, une fausse bonne idée :...
Par
le 16 oct. 2012
76 j'aime
40
Oz est avant tout une expérience qui consiste à mélanger les prisonniers les plus dangereux et réputés au sein d'un système de sécurité maximale aux objectifs de réinsertion sociale élevés, sur une...
Par
le 16 mars 2014
38 j'aime
9
Sombre. Violent. Désabusé. Inhumain. Déprimant. Sans espoir... Les compliments ne manquent pas pour cette série qui explore en détail les tréfonds les plus cachés de l'âme humaine. À Oz, prison de...
Par
le 18 janv. 2012
23 j'aime
4
Du même critique
Lire « La société du spectacle » n'est pas chose aisée. Non pas que ce livre soit particulièrement difficile en lui-même, mais parce que cette difficulté tient à la nature même de son objet. En...
Par
le 25 nov. 2011
95 j'aime
17
"Je prétends que ceux qui condamnent les troubles advenus entre les nobles et la plèbe blâment ce qui fut la cause première de la liberté de Rome : ils accordent plus d’importance aux rumeurs et aux...
Par
le 1 déc. 2011
83 j'aime
30
Ce livre fut écrit il y a cinq siècles. Pourtant, chez tous ceux pour qui le mot Liberté a encore du sens et qui accessoirement savent lire, son actualité s'impose cruellement. Car si la domination a...
Par
le 26 nov. 2011
65 j'aime
2