Entre The Fall, Le tunnel et The Bridge...

Belle série astucieuse et bien conduite.
Certes, elle respire un air de déjà vu entre The Fall et The Bridge.
Tout commence par la découverte d'un corps gelé à cheval sur la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche, comme dans The Bridge ou le Tunnel. Ce principe permet ainsi de constituer un duo de flics des deux pays, duo mal assorti comme ici. D'un côté, le bourru Nicholas Ofczarek, fumeur invétéré, assez crasseux avec son grand manteau à col de fourrure, mais buté, et un peu véreux. De l'autre, la pétillante fliquette Julia Jentsch, pragmatique, lumineuse, tenace, organisée et amoureuse de son chef.
Ensuite, d'autres corps sont peu à peu découverts et très vite, on sait que le responsable n'est autre que le Krampus, sorte de divinité malsaine qui apparait à la Saint Nicolas pour punir les enfants pas sages. Derrière ce masque, se cache un timbré adepte de la fin du monde qui cherche la reconnaissance tout en aspirant à vivre la catastrophe finale. On se rapproche de The Fall, avec ce jeu de cache-cache qui s'installe entre les flics et le dingue, interprété par un Franz Hartwig machiavélique et déterminé.

Les fausses pistes sont nombreuses tandis que les coups d'éclat du tueur sèment la panique et le désordre au sein même de la police. C'est bien fait, bien construit, avec une bonne dose de suspense, surtout lorsque le coupable se met à tracer la flic. Je n'en dis pas plus pour ne pas soustraire de l'intérêt.
Comme dans bien d'autres séries, on trouve un journaliste peu intègre, interprété par un Lucas Gregorowicz détestable, ayant soif de reconnaissance, quitte à piétiner les procédures, à acheter ses informations, à faire chanter des témoins, pour parvenir à ses fins. C'est encore une fois, douteux et cela ne nous réconciliera pas avec les médias et notamment la presse papier.

Un dernier personnage joue un rôle important : il s'agit de la neige... L'histoire se déroule dans les Alpes allemandes et autrichiennes, en plein mois de décembre, tandis que les montagnes sont magnifiques et vêtues d'un blanc lumineux, les forêts sont ensevelies et croulent sous le poids d'un manteau épais, laissant poindre les morsures du froid qu'on ressent presque en étant sur son canapé.
Voici encore une bonne série récente de 2019, qui nous sort des éternelles créations nordiques, développée par le tandem Philipp Stennert et Cyrill Boss pour le compte de la télévision allemande.
A voir, sans aucun doute, en replay sur Polar+, comme bien souvent.