Sans surprise, ce n’est pas très bon. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est catastrophique non plus ; mais cette version, produite, écrite et même directement supervisée par Stephen King en personne ne mérite malheureusement pas votre temps.
L’un des problèmes de la version de Mick Garris est qu’elle a tendance à régurgiter directement des morceaux amorphes de ce qui se passe dans le bouquin. Les animaux taillés en buis en sont un parfait exemple : n’étant absolument pas effrayants ni menaçants, en plus de fonctionner n’importe comment. Il y a aussi pas mal de flashbacks dans le premier épisode qui sont empruntés du livre, mais sans aucun contexte. Pour le coup, ça aurait mieux fonctionner si ça avait été seulement mentionné. Idem concernant la raison de la présence de Jack au sous-sol de l’hôtel, seulement à moitié mentionnée. Bref, dans l'ensemble ça ne fonctionne pas et c'est bien évidemment le cas d'autres scènes comme le moment où les parents retrouvent Danny après sa visite de la chambre 217 ou le passage de la lance à incendie qui se transforment en serpent…


Il y a quand même quelques différences avec le livre, plus ou moins mineures, comme Danny qui se fait surnommer Doc et non Prof (par rapport à Doctor Sleep que King imaginait déjà je suppose ?), le rôle du personnage de Grady, la résolution de l'épisode 3 avec le sacrifice de Jack grâce au pouvoir de l'amour (lol) ou encore la manière dont on nous révèle qui est réellement Tony, et qui pour le coup s'avère être une scène réussie. Seuls points que la série semble reprendre du film de Kubrick : quelques plans (notamment dans la voiture, l'âge et apparence de Lorraine Massey (la femme de la chambre 217), et le fait que Jack boive du Jack Daniel's et non un martini… élément Ô combien crucial vous en conviendrez. Plus sérieusement, les passages concernant l'alcoolisme de Jack et son combat contre cette dépendance sont plutôt bien emmenés. On peut d'ailleurs comprendre la frustration de Stephen King quant au fait que ce soit si peu mentionné dans le film de Kubrick : ces passages-là faisant directement écho à la vie passée de l'auteur.


Un point vraiment surprenant, c’est que la mini-série a coûté plus cher que la version cinéma : on passe de 19 à 25 millions de dollars. Pour le coup, je ne vois pas où est parti le fric tant certains décors sonnent faux ou transpirent le faible budget. Rien que la scène d'introduction de l'épisode 1, dans le sous-sol de l'hôtel, en est un parfait exemple. C'est aussi le cas du reste de l’hôtel qui donne l’impression d’être bien plus miteux que celui du film… en plus d'être proche des villages alentours, ce qui ôte l'aspect « solitude » pourtant présent dans le film et le roman. Pour faire simple : l'hôtel de Kubrick a une véritable identité là où celui de King fait bien plus classique… la série a pourtant été tourné dans le Stanley Hotel (cocasse), l'hôtel qui a inspiré le roman. Par contre, même si des efforts ont été faits pour retranscrire la fête de minuit, on a plus l'impression d'avoir affaire à une fête foraine qu'à une soirée mondaine comme c'est le cas dans le roman ou le film.
Il y a aussi des effets numériques. Sans surprise, ils sont moches, mais le réalisateur a eu bon gout de ne pas trop en abuser, même si pour le coup, certains d'entre eux ne demandaient pas beaucoup d'efforts (l'apparition du message « Redrum » par exemple). Le maquillage est cependant plus réussi, notamment sur Jack, qui donne même l'impression de se « zombifier » avec le temps, ou encore avec la scène de la femme morte-vivante dans le bain.


Il y a globalement assez peu d'inventivité dans les plans et c’est souvent trop éclairé pour une œuvre de ce genre. C'est une série et j'ai eu l'impression qu'on ne cessait de me le faire remarquer. Le réalisateur, Mick Garris, a été choisi car il avait déjà réalisé une autre adaptation d'un roman de Stephen King : celle du Fléau. Mise à part ça, il n’a pas fait grand-chose d’autre dans sa vie et ça se ressent. Idem pour le compositeur, Nicholas Pike, qui propose un thème pas désagréable mais qui a la sale manie de tourner en boucle.
Au niveau du jeu des acteurs, il y a à boire et à manger comme on dit. Courtland Mead, l'acteur qui joue Danny, n'est déjà vraiment pas convaincant (encore plus par rapport à Danny Lloyd). Les autres s'en sortent un peu mieux mais ont aussi leurs ratés : les scènes de « foudroiement » de Dick Hallorann (Melvin Van Peebles) sont ridicules et Jack (Steven Weber) n'est absolument pas effrayant quand il le faudrait. De toute façon, le film de Kurbrick adapte bien mieux l'aspect horrifique du bouquin que la mini-série. Finalement, celui, ou du moins celle qui s'en sort le mieux est Wendy (Rebecca De Mornay) qui propose une bonne interprétation du personnage en plus d’avoir été le premier choix de Stephen King lors de la distribution des rôles. Sam Raimi fait un caméo par contre, ce qui est forcément une bonne chose (il y a d'ailleurs tous pleins d'autres caméos pour faire plaisir aux fans de Où est Charlie ?).
Là où je suis plus surpris c'est sur le fait que cette mini-série semble avoir reçu un accueil globalement positif à l’époque de sa première diffusion. Sur metacritic on passe d’ailleurs d’une moyenne de 66 pour le film à 61 pour la série : clairement, le temps n’aura pas joué en la faveur de l’une des deux adaptations.
Comble de l’humiliation pour Stephen King : il a dû demander l’autorisation à Stanley Kubrick pour pouvoir adapter son propre roman… ce dernier ayant accepté à la seule condition qu’il arrête de faire des commentaires publics sur sa version.


Bref, là où Mick Garris et Stephen King adaptent bêtement le livre, Kubrick lui se l’approprie. Quid de l'intérêt de cette mini-série alors ? Franchement, si lire un pavé de plus de 500 pages vous fait peur, alors autant revoir une énième fois le film de Kubrick : un bon film mal adapté prévaudra toujours sur un mauvais film bien adapté. En fait, il se pourrait même bien que l'aura culte autour du roman et du film, ainsi que les nombreuses critiques concernant l'adaptation, vous donnent envie de lire le livre originel : ce fut mon cas.
En attendant, la série ne rend clairement pas hommage au matériau d'origine, et une fois arrivé à l'épisode 3, on a juste envie que ça s'arrête. Ça devait très certainement être sympathique de découvrir une adaptation plus fidèle lors de la sortie de la mini-série en 1997, aujourd'hui, ça pratiquement plus aucun intérêt.

MacCAM
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le 14 janv. 2022

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