Demi lune

Il est difficile de commenter une série de 6 saisons comme si elle n'en faisait qu'une, qu'elle n'était qu'un tout. Les personnages changent, les intentions changent, tout change et pas toujours pour le mieux malheureusement.

Après 2 premières saisons d'un kitch assumé et décomplexé, jouant à fond la carte de la série adolescente pour adolescents, de la série fantastique qui fait un peu peur mais pas tant que ça, la carte du groupe hétéroclite au noyau central indestructible, la carte du méchant de la saison vaincu par un combat peu épique mais satisfaisant à la fin, après ces 2 premières saisons la série tente de se prendre au sérieux, malheureusement.
Au fur et à mesure, les intrigues deviennent, certes plus sombres car nos ados grandissent (pourquoi pas) mais surtout beaucoup trop tarabiscotées au point qu'on se perd dans des méandres et circonvolutions qui mènent à des dénouements toujours creux mais qu'on attendait plus profonds du coup.
La saison 3 tient encore la route mais la saison 4 est un imbroglio infernal et trop bouffi pour arriver finalement à une saison 5 d'un inintérêt assez crasse qui m'a laissée perplexe et hagarde car il me fallait avancer coûte que coûte pour arriver à la saison finale, soit la numéro 6.
Je l'admets, j'ai avancé en accéléré sur certains épisodes.
Et donc cette saison 6 est tout naturellement la dernière et comme toujours relève furieusement le niveau, comme un chant du cygne.
Un demi chant de cygne.
La saison 6A (je suis contre cette nouvelle manie de scinder une saison en 2; cela donne 2 minis saisons pas toujours du même niveau et parfois trop précipitées) est excellente! L'intrigue, les antagonistes, les évolutions des personnages, leurs interactions tout est un d'un très bon niveau, intelligent même. C'est haletant, prenant, bref, la meilleure saison depuis bien longtemps, peut-être la meilleure trame narrative.
Et malheureusement, la seconde partie n'est pas du même acabit. L'arc principal en lui même n'est pas une mauvaise base de départ mais gérer le potentiel de cette intrigue en seulement 10 épisode + la fin de la série tout court avec flashbacks, rappels, retours et autres, c'est trop peu. Le tout semble trop précipité et encombré. Elle n'en est pas moins assez satisfaisante surtout grâce au retour d'acteurs ayant quitté la série depuis un moment, ce moment où le scooby gang (oui, j'ose) est enfin réuni à nouveau est un moment de joie.

Les acteurs quant à eux sont extrêmement bien castés à la fois dans le stéréotype mais avec ce petit truc en plus qui les fait sortir du moule.
Tyler Posey, si sa première saison est un peu bancale, finit par bien tenir son Scott McCall, le garçon qui était là où il n'aurait pas dû être, normal et touchant. Il est également charmant comme tout héros qui se respecte mais avec un charme atypique.
Il fonctionne à merveille avec Dylan O'Brian que je connaissais déjà du "Labyrinthe" et qui m'a fait ici bien meilleure impression. En effet, il vole quasiment la série à Posey avec son personnage de sidekick ultra intelligent, sarcastique et hyperactif. Il a un talent comique indéniable et un excellent timing. Son alchimie avec tous ses partenaires est impeccable.
Et même assez incroyable avec le 3ème acteur principal, Tyler Hoechlin, dont le physique avantageux n'est pas le seul atout. Il gère très bien le personnage ténébreux et torturé, tout seul dans un coin et torse nu (il passe la moitié de son temps à l'écran sans chemise, c'est bien). Le duo qu'il forme avec O'Brian est à se tordre. Les 2 personnages sont comme l'huile et l'eau et fournissent des moments de rire qui manqueront quand Hoechlin quittera la série en saison 4 (tout ça pour aller faire "50 nuances", sans commentaire). Leur alchimie va bien au delà, et les spectateurs les plus impliqués comprendront quand je dis : Sterek forever !
Du côté des filles, le casting n'est pas en reste en particulier grâce Holland Roden qui traverse la totalité de la série avec un personnage pas facile. La garce populaire mais qui deviendra une alliée importante du groupe. Sans perdre son mordant des premières saisons, ses réparties sont excellentes, elle adoucit le trait

et la rend plus humaine mais toujours aussi caustique.
Les autres personnages principaux féminins sont moins permanents et, si Crystal Reed a réussi à me convaincre et m'intéresser à son Allison Argent, ce n'est pas le cas de Arden Cho ou bien de Shelley Henning. Elles ne déméritent pas mais ont la malchance d'arriver quand la série a pris son mauvais virage.
Vous saupoudrez de personnages totalement attachants comme le Coach de crosse dont j'attendais les scènes avec impatience (ce personnage pourrait avoir sa propre sitcom), le Shériff, père de Stiles, force tranquille non dénuée d'humour (et puis c'est Johnny Cage alors c'était un de mes préférés)

Et même la mère de Scott et vous avez un casting attachant et une galerie de personnages hauts en couleurs.
L'un dans l'autre, aucun personnage n'a jamais été totalement inintéressant et certains ont été sacrifiés bien trop tôt tandis que d'autres sont restés beaucoup trop longtemps mais ce sont les joies du casting et des choix de carrière.

J'ai regretté une fin un peu trop mièvre pour une série, certes pleine de bon sentiments mais qui avait bien navigué jusque là les écueils du gnangnan grâce à l'humour et le second degré assumé.

Il y a un inconfort notable dans les derniers épisodes. On sent que les créateurs ont voulu faire plaisir, donner les images qu'attendaient les fans (sauf les plus importantes, encore une fois: Sterek) mais sur 10 épisodes c'était impossible de rendre justice à tout et tous. C'est malheureusement la dernière impression qui reste.

Cependant, c'est une petite série bien sympathique dont je reverrai certainement les 3 premières saisons un de ces jours sans déplaisir.