Au delà du propos relatif au destin d'une femme moderne renvoyée à son état "d'uterus sur pattes" (comme elle le dit elle-même) qui doit subir les viols répétés des membres d'une caste supérieure, la série est une excellente réflexion sur l'émergence du totalitarisme, revisitant l'alliance séculaire du sabre et du goupillon. Domination de la population par le militarisme et par une "religion" faite de comportements sectaires visant à justifier le viol, le meurtre et le maintien de la classe dirigeante, la force de cette série et de dénoncer tous les types de totalitarisme. L'univers de la série emprunte évidemment au fascisme : il suffit de voir les décors des cérémonies de rédemption avec drapeau, estrade et insigne inspiré du nazisme ainsi que les "yeux" qui rappellent furieusement la gestapo. Par ailleurs, la scène du simulacre de pendaison dans un stade de la saison 2 est à l'évidence un rappel des événements du Chili sous la dictature de Pinochet. Enfin, bien sûr, l'omniprésence de la religion et l'instauration de l'infériorité de la femme rappellent également certaines dictatures d'extrême-droite, en particulier le franquisme.
Mais l'univers totalitariste emprunte également, dans une moindre mesure il est vrai, au communisme : le centre rouge rappelle indéniablement les goulags et la nécessité de "rééduquer" les récalcitrants qui doivent avouer leur faute (le nom est à lui-seul une évocation du communisme). L'uniformisation des tenues et les "tribunaux" rappellent également la période soviétique ainsi que la possibilité pour des membres très haut placés de se retrouver en disgrâce du jour au lendemain (Putnam à la fin de la saison 1).
Enfin, la série rappelle également le totalitarisme islamique : lapidation des femmes, pendaison à la va-vite des hommes et des femmes coupables de "délits" sexuels, interdiction de tout maquillage, artifice, robe, etc. et bien sûr, aucune femme n'a les cheveux lâchée, les servantes sont toujours couvertes, etc.
Ce mélange de tout ce qui se fait de pire dans les totalitarismes donne à la série une force et une atmosphère pesante et nous rappelle que, en matière de démocratie, de droits de l'Homme et des droits de la femme, rien n'est jamais acquis ! Elle nous montre également que les totalitarismes partagent beaucoup de caractéristiques.

FabienCadet
8
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le 15 avr. 2019

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Une belle parabole sur l'émergence du totalitarisme

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