"Tu peux être tout ce que tu veux, tu entends ???? :o ?!"

Une mini-série de proche-anticipation à voir, concoctée par Russell T Davis qui a été créateur de la nouvelle série Doctor Who en 2005.

Son meilleur atout, grâce à un montage en épisodes retraçant chacun des fragments d'une même année (sur 10 ans en tout) et une bande son percutante, est de réussir à traduire la folle frénésie d'une époque et les bouleversements s'enchainant comme des électrochocs, dans lesquels les habitants sont pris ou desquels ils se rendent complices. L'intrigue, surtout dans l'épisode pilote, est efficace à nous faire relativiser bien des choses en réalité risibles qui nous obsèdent ou bien nous indignent.
Beaucoup de sujets d'actualité sont abordés, certains événements sont prédits (à quelques détails près), d'autres auraient pu se produire.
Sa faiblesse, qui est peut-être double, est un manque de largeur dans sa description des protagonistes (focus sur une seule famille et de classe moyenne voir moyenne sup pour certains personnages). Les personnes hors de ce milieu manquent un peu de profondeur. Et on concentre dans cette famille des archétypes qu'il aurait sûrement mieux valu aborder dans un genre moins réaliste (quitte à multiplier les symboles, autant leur donner un cadre lui aussi symbolique).
Par ailleurs, que souhaitent-ils pour l'avenir les membres de cette famille, quelles perspectives se dessinent selon eux ? Un format de mini-série un peu plus long aurait sûrement permis de mieux aborder cette question.
Là on se souviendra surtout de [spoiler]{la saboteuse déterminée (et un peu flippante il faut bien le dire), qui après un énième coup d'éclat contre l'ordre établi, tente la codification de sa conscience dans des molécules d'eau, dernier recours à une mort annoncée.}[/spoiler]

Russell T Davis a écrit selon moi certains des meilleurs épisodes de la série Doctor Who. Il signe ici un percutant tableau de l'avenir qui vise à nous secouer dans nos certitudes quant à la maîtrise de notre vie, à nous alerter sur le pouvoir que l'on est prêt à céder pour des tas de raisons et que l'on risque de ne plus récupérer. Mais le récit lorgnant par moment vers le feuilleton et le drame bourgeois pourrait déconcerter tout un pan du public en quête d'identification, tandis que les tribulations d'une famille dont la composition n'a presque rien à envier à une page de résumé de la diversité dans un livre d'études sont comptées sur une durée de saison assez restreinte, pressant les évènements du final dans un condensé un peu brouillon et parfois mièvre.

Je mets 3 étoiles pour le concept, 2 pour la bande son, et une et demi pour le traitement du sujet et les acteurs, ce qui nous fait 6.5 pour SC.