Les meilleurs livres de Guy de Maupassant selon Verv20

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• Romans [2/6]

Un grand roman naturaliste ! Le Paris de Bel-Ami est une tartuferie, un grand lit de fumier où seules les pires crapules peuvent faire main-basse sur l'air vif – et écraser les autres pour les en priver. La critique sociétale de Maupassant s’enivre du monde du journalisme noyauté par les politiciens et leurs réseaux. Le tableau parisien est complet.
Face aux nouvelles, l'écart stylistique est évident : ici, chaque victime de l'arrivisme ou de la prédation sexuelle de Duroy est un monde en soi, apportant sa brique galeuse à l'édifice rongé d'une éclatante pourriture ; on est loin, bien loin des petites vignettes des contes et nouvelles.

Plus étonnantes sont les courtes errances surréalistes, fugaces mais profondes, dont font part "Bel-Ami" : l'ombre de Forestier enserrant les gestes de Duroy quand celui-ci manie ce que celui-là a laissé après sa mort ; la surdité et la cécité de Duroy duelliste, qui sent le monde s’effacer, ou plutôt se condenser en une émotion unique, si forte qu'elle en atrophie le reste. Alors, l'écriture se fond à la subjectivité du personnage, en délaissant la narration franche et simple, en un écart qui fait appel d'air aux malaises plus modernes de l'auteur.

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○ "La Maison Tellier" (1881), après une publication dans "La Vie Moderne" en avril 1881.

Courte nouvelle assez badine de Maupassant, où son humour fin et caustique joue avec le paysage campagnard rural. Certains passages sont des petits bijoux de sous-entendus ; ils accomplissent un parfait mariage des sens.

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○ "La Maison Tellier" (1881), après une publication dans "Le Bulletin Français", en mars 1876 sous le nom "En canot".

Une petite dizaine de pages qui filent une brillante description de la peur naissante, où le lecteur est ballotté entre une lecture psychologique du sentiment de peur, et réelles manifestations surnaturelles.
La dernière phrase de la nouvelle sonne comme une lourde cloche au loin : elle soulève de nouveaux mystères (assassinat ? suicide ?), et donne une vraie gravité à la nuit d'hallucinations du canotier alors que celles-ci viennent à peine d'être dissipées – du moins semblait-il.

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○ "La Maison Tellier" (1881), après une publication dans "La Revue Bleue", en mars 1881.

Un drame sombre et violent, qui se noue autour d'un personnage dont la vulnérabilité est dictée par sa place sociale, et qui prend d'ailleurs son ampleur par cette faiblesse-même. La nouvelle est allongée à grand profit, dès son ouverture, par une belle description de la campagne picarde, riante et printanière, quoiqu'un peu étouffante.

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○ "Les sœurs Rondoli" (1884), après une publication dans "Le Gaulois" en août 1880.

Maupassant contourne la lourdeur d'une physiologie des suicides en cernant une figure capable de condenser le sentiment de détresse dépressive : un cinquantenaire face au miroir, qui ouvre des tiroirs dans lesquels se sont entassés des couches de temps, jamais rangées, et qui, fouillés, font jaillir des souvenirs de joies fanées au visage d'un homme déjà épuisé.
Des questions lancées à l'égard du "Mystère", de l'inconnu de ceux qui se suicident dans la chambre d'à côté, touchent particulièrement juste. mais Maupassant, avec son personnage laissant derrière lui une lettre parfaitement lucide, n'arrive pas à saisir pleinement l'essorage complet dont est victime le dépressif.

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○ "Contes du Jour et de la Nuit" (1885), après une publication dans "Le Gaulois" en janvier 1884.

Agonie d'un vieux paysan, qui donne le prétexte à Maupassant pour une peinture caustique mais tendre de la vie campagnarde dans laquelle il a grandi. Heureux les simples d'esprits, même si leur inertie face aux plus grands événements ainsi que la limite de leur horizon aux contingences matérielles peuvent être tournés en pure bêtise.

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○ "Contes du Jour et de la Nuit" (1885), après une publication dans "Le Gaulois" en avril 1884.

Autre paysage normand, celui de la tempête et des marins bourrus... La nouvelle tourne au noir abyssal, et tout bouillonne puis se brouille en une grande synesthésie : feux de l'eau-de-vie dans le sang de l'ivrogne, chahut de la taverne, tempête et mer démontée au dehors, violence de la brute inconsciente.

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○ "La Maison Tellier" (1881)

Une nouvelle qui m'a semblé plus dispersée que les précédentes. L'agitation des guinguettes en bord de Seine le demande ; une très belle description en est faite, presque cinématographique – le naturalisme de Maupassant s'y déploie remarquablement, noir et caustique. C'est le cadre d'un drame amoureux puissant impliquant des personnages très originaux, et le thème du lesbianisme intrigue, même si faussement nouveau en 1881. Je reste pour autant assez indécis.

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○ "Contes du Jour et de la Nuit" (1885), après une publication dans "Le Gaulois" en mars 1884.

Portrait d'un misérable, le pendant humain de Coco, ce vieux cheval blanc délaissé. L'image que donne Maupassant de l’esprit de cet homme est belle : il souffre le martyre, mais ne sait s'en rendre entièrement compte, n'ayant jamais que connu cet état de misère, et ne connaissant que son petit horizon restreint. Sa vie s'achève en un grand étourdissement ; ce n'est presque que son instinct qui sonne pour lui le glas.

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○ Seconde édition de "Mademoiselle Fifi" (1883), après une publication dans le "Gil Blas" en août 1882.

Tourbillon de jalousie, qui fracasse la raison d'un homme très XIXè-siècle entre soumission, pulsions et frustration. Le vocabulaire de la haine auquel recourt Maupassant est assez commun, mais il est mis au service d'un jeu de perspectives assez fort. Le narrateur, mâle qui tient à la hiérarchie qui dicte qu'il convient que ce soit lui qui possède sa femme, reste figé dans la mare d'ordures de sa passion ; "fou", il l'est parce que son monde a décroché de celui qui s'en allait autour de lui.

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○ "Les Contes de Bécasse" (1883), après une publication dans "Le Gaulois" en octobre 1882.

Presque un manifeste de ce que représente le fantastique pour Maupassant : troubler avec des faits naturels, où reste quelque chose d'inexpliqué, de presque impossible. Le récit d'angoisse de ce vieillard tanné par le courage saisit l'impression dans l'air étouffant, et tâche de le ramener sur les sphères terrestres, vainement puisque la peur est irréductible.

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○ "Clair de Lune" (1888), après une publication dans "Gil Blas" en mars 1883.

Une histoire commune mais assez saisissante. La nouvelle fait bien part de la fascination qu'exerce le thème de la folie sur Maupassant, mais ne le traite que de façon très lointaine. C'est plutôt un conte naturaliste, qui aboutit fatalement à l'asile.

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○ "La Maison Tellier" (1881)

Une évocation du printemps très poétique et légère, fine comme Maupassant sait le faire en ouverture de ces nouvelles. C'est bien dommage que ce gros monsieur vienne tout casser en racontant son histoire assez plate. On n'en tire pas grand-chose.

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○ "Clair de Lune" (1888), après une publication dans "Le Gaulois" en avril 1883.

Une évocation particulièrement directe, rare chez Maupassant, de l'élément fantastique et des sensations quasi électriques que suscite son contact.
Le cadre très Restauration de la nouvelle m'a été assez désagréable, avec un protagoniste bouffi d'orgueil. Littérairement parlant, on comprend mal l'apport des artifices de narration qui installent deux temporalités dans une nouvelle pourtant très brève.

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○ "Clair de Lune" (1883), après une publication dans "Le Gaulois" le 25 décembre 1882.

Anecdote où, par un jeu de gestes, l'eucharistie-exorcisme est tournée en séance d'hypnose. Une fois la chute minable de la nouvelle passée, on se demande ce que Maupassant a fait du cadre impressionnant qu'il a plus tôt mis en place, qui prenait pourtant une place dominante, et qui est la plus grande réussite du texte.

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○ Dans l' "Almanach lorrain de Pont-à-Mousson" en 1875.

La première nouvelle à connotation fantastique qu'ait écrite Maupassant. Les artifices narratifs y sont plus que visibles, et peinent à faire prendre la sauce. La peur oscille entre superstitions religieuse et civique ; elle se tourne presque vers le fait divers.
L'intérêt de "La main d'écorché" est peut-être de nous montrer l'attachement précoce de Maupassant au document (expertise juridique ou médicale) pour ancrer le fantastique, qui, lui, laisse ses manifestations en coulisses.

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○ Dans un "Gil Blas" de janvier 1883.

Anecdote burlesque-noire sur Schopenhauer, que Maupassant imagine mort, veillé par ses disciples. Il aurait gardé son sourire narquois... jusqu'à ce que son dentier s'échappe de ses mâchoires en putréfaction. Le sentiment de peur du narrateur vient comme un prétexte.

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○ "Contes du Jour et de la Nuit" (1885), après une publication dans "Le Gaulois" en janvier 1884.

Courte peinture campagnarde, finalement assez peu intéressante, en dehors des images touchantes du vieux cheval en peine. La mise en contexte paraît presque superflue, alors qu'elle constitue un bon quart du texte.

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○ "Contes du Jour et de la Nuit" (1885), après une publication dans "Le Gaulois" en janvier 1882.

Un joli bout de paysage du pays, qui mêle au folklore un brin de poésie. Mais la pause contemplative est brève, et ce sont des gros gaillards, des chasseurs, qui passent au premier plan de la nouvelle, assez peu intéressante, et qui ne prend qu'un peu de relief par sa chute – inattendue, mais pas originale.

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○ "Contes du Jour et de la Nuit" (1885), après une publication dans "Le Gaulois" en juin 1882.

Les nouvelles de Maupassant construites autour d'une simple histoire d'amour sont généralement peu intéressantes, à plus forte raison quand elles sont rapportées par l'homme. Il me semble ici difficile de saisir le propos du texte : simple récit à valeur proverbiale, ou peinture critique de la société ?

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○ "Le Père Milon" (1899), après une publication dans le "Gil Blas" en avril 1882.

Calme plat pour ces deux anecdotes d'un sceptique donnant sa vision du magnétisme dans un dîner mondain. Une seule phrase à retenir, tournant en dérision Poe et les raisons de sa mort... de sombre présage quand on connaît la fin de Maupassant.