“Je vous signale que, dans un premier temps, tous les rocks critiques ont trouvé ce disque nul à chier. J’ai les noms.” Keith Richards


Le meilleur disque de rock? Certains le pensent, des circonstances peu habituelles vont amener à l’éclosion de cette perle rare… Tout commence en Angleterre : pour des raisons fiscales il faut se mettre au vert, partir en exil, Keith Richard possède une villa partiellement aménagée en studio sur la côte d’Azur à Villefranche sur Mer, les autres le rejoindront, la suite se déroulera entre la cave et la cuisine …
L’histoire de l’enregistrement est parsemée de problèmes techniques, il est difficile de capter le son de façon satisfaisante, ce côté « dirty » sera un des charmes de cet opus (malgré six mixages pour essayer de l’améliorer), les circonstances de l’enregistrement sont inséparables du contenu, elles en feront la dimension exceptionnelle.


Keith et ses riffs tranchants à la guitare rythmique, le précieux Mick Taylor avec ses solos si précis, trop ignoré, déjà sur le départ, Charly Watts et Bill Wyman assurent une assise rythmique sans faille et Mick Jagger parfait l’ouvrage… On étoffe un peu avec Ian Stewart ou Nicky Hopkins (piano), Bobby Keys (sax) et Jim Price (trompette) qui donneront un parfum rythm & blues à une partie de l’album (loving cup). Les chœurs seront ajoutés à Los Angeles et donneront une couleur plus soul, plus gospel à certains morceaux (Shine a light, let it loose). Bien sur le blues est bien là, et de façon magistrale (Hip Shake, Ventilator Blues, Stop breaking down), retour au Rock pur et dur aussi avec Happy chanté par Keith et Rip this joint, même la pop (tumbling dice) et bien sûr la country-folk (Sweet black angel, Sweet Virginia), bref ce disque c’est avant tout une vision de l’Amérique…


Ce cocktail « Londres-Villefranche-Los Angeles » donnera certainement l’un des meilleurs albums de l’histoire du rock et sera une apogée et un tournant pour les Stones qui soigneront mieux leur image désormais, peut-être le dernier disque des bad boys... Sex, drugs and rock'n'roll voilà une formule qui semble avoir été inventée pour décrire cette période de le vie des Stones, Keith dépensait alors 2500 dollars par semaine pour alimenter en came le défilé incessant des visiteurs de passage, journalistes, musiciens, techniciens, photographes, dealers, parasites et vrais amis. Keith se fera même piqué neuf guitares et Bill sa basse, tellement il est aisé de pénétrer dans la villa.
Le locataire des lieux conserve tout de même un bon souvenir de son passage en France: « Il y avait un cuistot, Big Jacques, qui a fait sauter la cuisine. Une énorme explosion ! » Les distances entre les habitations des différents membres du groupe augmentent la difficulté pour organiser les séances de travail, Charlie watts finira par s’installer chez Keith. Mick Taylor se demandait ce qu’il faisait là… L’amitié entre Keith et Gram Parsons jettera une ombre sur ses rapports avec Mick et des tensions s’installeront entre les deux hommes. Keith lui, prend son temps, ce rythme lui convient, à la façon des jazzmen qui font le bœuf et qui improvisent, les magnétos tournent…


Il faudra neuf mois, principalement à Mick Jagger pour mettre de l’ordre dans tout ça et parachever le travail. Un magnifique album au son brut, puissant, un album de rock, quoi…

xeres
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le 12 mars 2016

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