Rarement album aura mis autant de temps à me convaincre. Je me forçais jusqu'à présent à détester les voix tremblantes, l'instrumentation assez agressive, le manque de nuances, le côté "culte, mythique, intouchable" qui me déplaît de plus en plus... Et c'est peut-être justement à cause de cette tendance à sur-glorifier des albums, à les déclarer intouchables - il suffit de voir le manque complet d'analyse et de recul de certaines critiques sur certains albums - que le simple fait de ne pas totalement adhérer à celui-ci m'a conduit à le sur-rejeter. Soyons raisonnables, soyons raisonnés, mes amis...
En fait, Funeral n'est pas un grand album, pas une grande oeuvre de musique, mais un remarquable concentré d'énergie, de sincérité. Je dis pas seulement sincérité parce que certains des membres du groupe ont perdu des proches avant l'enregistrement - sincérité dans la passion, la ferveur dans le chant et les instrus, parfois maladroite, qui transperce tout l'album.
Energie : la plupart des morceaux sont construits sur l'installation progressive d'une base harmonique (par exemple : Tunnels), qui se répète, qui s'intensifie de lignes mélodiques qui s'ajoutent, qui s'élèvent, puis, comme dans Wake Up ou Crowns of Love, une batterie ou une rythmique, soudainement plus rapide, vient affoler le tout et donner du relief à cette musique.
Ainsi, rien n'est bien compliqué dans l'écriture d'Arcade Fire : Laïka, mon préféré, est quasiment construit sur deux accords qui se répondent sans cesse (comme les "disco lights" de la police...), mais les violons qui explosent lors du refrain viennent enrichir, envahir les couplets, suivis par les guitares saturés... Le timbre du morceau devient vite très riche, sans être trop brouillon - et le rythme très entraînant le rend assez fort.
Ainsi, l'album est agréable, vraiment varié, parfois touchant (7 Kettles ou Haiti), et surtout, plutôt intense. Faut dire que l'écoute attentive des paroles m'a beaucoup aider à comprendre les lignes directrices de l'album.
J'aime moins le côté pompeux du dernier morceau, mais globalement, les morceaux sont jolis, ni inoubliables ni insipides.
Bon, d'accord, Rebellion est inoubliable.