J'ai découvert le Klub des Loosers alors que j'étais en 3ème, et en plein malaise adolescent, je me suis alors très rapidement retrouvé dans Vive la Vie, ponctuant mes premières écoutes de l'album de "pu*** mais c'est tellement ça !".
Aujourd'hui, je me suis sorti de cet auto-emprisonnement et j'ai un regard différent sur cette vie. Fuzati grandit de la même façon avec La Fin de l'espèce, et c'est d'ailleurs une des raisons qui font que j'aime beaucoup ce second album: pour la première fois, j'ai la sincère sensation de grandir avec un artiste.
Dans Vive la Vie, Fuzati était l'ado en mal de vivre, qui ne se sent bien ni nulle part ni avec personne, et qui le justifie en attaquant tout: il dit détester l'univers alors qu'il ne déteste vraiment que sa propre personne, englué dans son angoisse de ne jamais trouver sa place.
Dans La Fin de l'espèce, au contraire, Fuzati admet sa vie et sa place dans la société. C'est une vie qu'il n'aime pas, bien sûr, mais il ne cherche plus à se battre, il se contente de la suivre comme elle va en commentant les va-et-vient de l'Humanité, qu'il considère de toutes façons comme perdue: nous sommes tous des "condamnés à vivre".

Je dois dire que cet album m'a époustouflé tant il est dans la suite logique de Vive la Vie: sa colère est finie, ses larmes ont coulé, il ne reste maintenant que ce sentiment las et monotone qui n'est plus de l'angoisse mais de l'ennui, du dépit. Les textes de La Fin de l'espèce sont d'une maturité frappante, portés par un ton non plus pleurnichard mais énonciatif, cynique au fond. Fuzati prend des détours impossibles avec certaines de ses punchlines: "Bientôt plus de 7 milliards donc faire des gosses c'est criminel ; plastique ton intérieur pour tiroir propre sans polichinelle" "Mon fils reste dans le néant: je t'évites un aller-retour"
Les instrus m'ont aussi beaucoup impressionné: plus audacieuses que celles du premier album, qui contrastaient un peu avec les textes, elles sont cette fois un emballage parfait au cadeau empoisonné que Fuzati nous fait. On remarque aussi la suppression des refrains chantés du premier album, qui alourdissaient les morceaux.

Dans Vive la Vie, cette dernière avait écrasé Fuzati, l'avait mis en fuite.
Ce deuxième round se conclut au contraire par une "victoire" de Fuzati: les coups bas de la vie ne le surprennent plus, il reste debout malgré tout.
On attend avec impatience le round 3.
Tekk
9
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le 17 mai 2012

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Tekk

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